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Test : Fujifilm X-Pro 2, l’hybride de référence pour les amoureux de la photo

Plus réactif, plus robuste et plus abouti que la première version, le X-Pro 2 prouve la maturité de la monture X de Fujifilm.

L'avis de 01net.com

Fujifilm X-Pro 2

Qualité photo

5 / 5

Qualité vidéo

3.5 / 5

Réactivité

4 / 5

Ergonomie et finition

4 / 5

Appréciation générale

4 / 5

Autres critères et mesures

4 / 5

Note de la rédaction

Note publiée le 09/03/2016

Voir le verdict

Fiche technique

Fujifilm X-Pro 2

Monture (baïonnette) Fujifilm X
Format de capteur APS-C
Définition du capteur 24 Mpx
Type de capteur X-Trans CMOS II
Sensibilité ISO min 200
Voir la fiche complète

Fujifilm X-Pro 2 : la promesse

Fujifilm a joué les originaux en lançant son X-Pro 1 début 2012 : à cette époque-là, aucune marque n’avait de boîtier estampillé “pro” et aucune ne s’était risquée à en faire son premier appareil ! Novateur de par les performances hors normes de son capteur X-Trans dans les basses lumières, le X-Pro 1 jouait en même temps son côté rétro en reprenant les codes de la visée télémétrique « à la Leica ».
Quatre années plus tard, le marché des hybrides a bien changé avec l’arrivée des boîtiers plein formats de Sony – A7R Mark II et consorts – ou des modèles tels l’OM-D E-M1 d’Olympus qui ont su séduire des photographes de Magnum comme Jérôme Sessini ou Moises Saman.
Le X-Pro 2 est, dans ce contexte changé, d’autant plus attendu par les utilisateurs d’appareils Fuji ,que le X-Pro 1, seul boîtier pro de la gamme, était paradoxalement le plus vieillissant et le moins performant techniquement ! Le X-Pro 2 arrive donc pour mettre les pendules à l’heure. Et il frappe fort le bougre !

Fujifilm X-Pro 2 : la réalité

La première erreur corrigée par ce X-Pro 2 est sa construction puisqu’il est résistant aux intempéries, à l’humidité et aux poussières – on dit tropicalisé dans le jargon. Si nous ne sommes pas allés démonter les joints intérieurs avec un tournevis, la plus grande résistance est perceptible au toucher, l’appareil faisant plus “pro” sans toutefois aller jusqu’à un reflex de type EOS 5D Mark III.

Et dans un sens ce n’est pas une mauvaise chose puisqu’il est aussi plus léger qu’un reflex pro, avec seulement 495 g nu sur la balance (avec batterie et carte mémoire).

Seconde amélioration notable, le viseur électronique hérité du X-T1. Plus précis, plus rapide, plus réactif, il offre enfin le niveau de technicité permettant de rivaliser avec une visée optique. Visée optique qui, et c’est là l’une des exclusivités de ce boîtier, est toujours présente grâce au lever de bascule en façade. Idéale pour les amateurs de télémétriques, elle permet de cadrer “comme au bon vieux temps” tout en offrant, et là encore c’est nouveau, une meilleure prise en charge des zooms. Mais soyons clairs : les optiques trop imposantes – qui mange donc une partie du cadre – ou un gros zoom, rendent obligatoire l’utilisation de la visée électronique.

Finalement, nous célébrons l’arrivée d’un double emplacement pour cartes mémoires, idéal pour gérer les RAW d’un côté et les JPEG de l’autre.

Paradis du mode manuel

Le X-Pro 2 fonctionne comme un charme en mode automatique. Mais l’ergonomie générale du X-Pro2 tient compte du fait que les photographes ont souvent besoin de vérifier les réglages actuels de l’appareil en un coup d’œil, même quand celui-ci est éteint. Pour cela, sa molette centrale affiche le temps d’obturation sur les bords extérieurs et les réglages ISO dans la fenêtre intérieure. On ajoute à cela que de nombreuses optiques de Fujifilm disposent d’une bague de variation de l’ouverture (mention “R” sur les optiques) et on obtient un boîtier qui fait la part belle aux réglages manuels.

Pour faire varier la vitesse d’exposition, il faut presser la partie centrale de l’axe de la molette principale. Quant à la sensibilité, elle se contrôle en levant la même molette. Les plus pressés pourront pester contre la complexité de la manipulation pour changer la sensibilité mais, si le boîtier est en ISO Auto, on peut paramétrer le bouton Fn placé sur le dessus de l’appareil pour gérer la plage automatique.

Parmi les modifications ergonomiques, outre le placement de l’ensemble des boutons sur le côté droit de l’arrière de l’appareil qui facilite la manipulation à une main, nous célébrons l’arrivée d’un joystick permettant de déplacer rapidement le collimateur de mise au point. De manière générale, l’ergonomie du X-Pro 2 correspond à celle du modèle précédent, avec des ajustements bienvenus et une plus grande sensation de robustesse.

Enormes progrès en autofocus

Dans le monde des hybrides, l’exemple de bond en avant le plus marquant en matière de rapidité d’autofocus reste sans nul doute le passage du Pen E-P2 au Pen E-P3 d’Olympus. On est ainsi passé d’un boîtier sympa mais un peu lent à un boîtier vraiment réactif.

C’est exactement ce qui s’est passé entre le X-Pro 1 et cette seconde version qui réagit enfin comme on le souhaite. Fujifilm n’est pas encore au niveau d’Olympus et de Panasonic, qui profitent du petit capteur Micro 4/3, mais la différence est épatante.

Vitesse d’autofocus : l’importance de l’optique

La vitesse et la réactivité de l’AF du X-Pro 2 sont enfin d’un bon niveau, mais elles dépendent beaucoup de la nature de l’optique utilisée. Ainsi, l’excellent Fujifilm 35 mm f/1.4 s’avère bien plus lent qu’un zoom pro comme le 16-55 mm f/2.8, pourtant physiquement plus gros. La raison est technique : afin de garantir la qualité d’image maximale aux premières optiques de la ligne X, Fujifilm avait privilégié des conceptions où tout le bloc optique bougeait de concert, opération plus lente que de ne faire bouger qu’une ou deux lentilles.

Le temps et les progrès aidant, Fujifilm a, notamment sur les optiques les plus récentes, eu recourt à des formules optiques optimisées et des moteurs de déplacement des lentilles appelés « moteurs linéaires » (« Linear Motor » en anglais, signifié par une mention « LM » sur les optiques Fuji).
Si cette variation de performances est très prégnante dans la gamme Fuji, il faut cependant rappeler qu’elle touche tous les constructeurs, aussi bien chez les reflex que chez les hybrides. Comme le Canon EF 50 mm f/1.4 qui aime tant pédaler dans la semoule. Ou encore le fameux Panasonic 20 mm f/1.7 lancé avec le GF1 en 2009, qui s’avère bien plus lente qu’un modèle plus récent comme le Leica DG Summilux 15 mm récemment testé.

Format : pas pour les gros zooms

Fujifilm avait annoncé que son X-T1 était là pour concurrencer les reflex et non pour remplacer le X-Pro 1. Une approche pertinente car la prise en main très “télémétrique” de la gamme X-Pro rend malaisée l’usage des zooms les plus gros, notamment les modèles haut de gamme. Testé avec les deux modèles professionnels à f/2.8 que sont le XF 16-55 mm f/2.8 R LM WR (l’équivalent d’un 24-82 mm) et le XF 50-140 mm f/2.8 R LM OIS WR (équivalent à un 75-210 mm), le X-Pro s’avère difficile à tenir sans un grip, la visée sur le côté n’aidant pas vraiment à trouver le bon point d’équilibre.

Comme un télémétrique “classique”, le X-Pro 2 appelle au maximum les petits zooms, au mieux les focales fixes comme le 35 mm f/1.4. Heureusement, le parc Fujifilm X est désormais bien plus riche qu’à l’époque : lors de la sortie du X-Pro 1, ses utilisateurs avaient le choix de 3 optiques contre 19 Fujifilm, 11 Samyang et 3 Zeiss disponibles en ce début 2016.

Ecran désespérément fixe

Le principal reproche que nous avons à faire à l’ergonomie de ce boîtier c’est l’absence d’écran orientable. Certes, la construction monolithique a des avantages indéniables en termes de robustesse, mais de nombreux constructeurs ont sorti des appareils annoncés comme « robustes » dont… Fujifilm avec son X-T1 ! Ne pas intégrer un écran orientable dans cet X-Pro 2 peut aussi être un choix esthétique pour conserver le look « à la Leica » mais nous percevons aussi la volonté de laisser des équipements exclusifs au X-T1.

Une segmentation marketing des plus artificielles puisque le format et la prise en main des deux appareils est bien différente. Et puis soyons francs : même les pros accros du 50 mm en mode Cartier-Bresson peuvent avoir besoin de viser au ras du sol ou à bout de bras pour un cadrage un peu exotique. Le snobisme ne doit pas limiter les innovations techniques dès lors que celles-ci profitent aux fondamentaux de l’image fixe – le cadrage en l’occurrence.

Capteur X-Trans en version III

Depuis son premier hybride (le X-Pro, pour ceux qui suivent), Fujifilm s’était contenté d’une définition de 16 Mpix.

Loin d’être obsolète sur le plan technique – qui fait des tirages de 6 x 4 m ? – cette définition restait assez dure à justifier sur le plan marketing – ah, le marketing. Conscient de la chose, Fujifilm a offert un capteur 50% plus riche à son X-Pro 2, premier hybride de la marque à profiter du X-Trans CMOS III de 24 Mpix.

Vingt-quatre millions de pixels de ravissement pour tous les psychopathes qui scrutent les clichés à 100% sur leur écran d’ordinateur, mais qui sont aussi appréciables pour le recadrage – même si recadrer, c’est mal. Ce nouveau capteur X-Trans conserve la même philosophie que les précédents, à savoir un placement pseudo-aléatoire des photosites colorés qui rend le filtre passe-bas inutile (lire notre article sur le X-Pro 1).

24 Mpix de plaisir en hautes ISO

Le tour de force de ce nouveau capteur, 50% plus riche en pixels, est de répondre aussi bien que son aïeul dans les hautes sensibilités. Aussi bien ? Que dis-je : il répond même mieux puisqu’il monte à 12.800 ISO en RAW quand son aïeul se limitait à 6400 ISO en RAW.

En jpeg, le X-Pro 2 pousse jusqu’à 25.600 ISO et, fait rare dans le monde des boîtiers, cette limite (H1 sur la molette des ISO) est non seulement tout à fait utilisable – comme chez certains reflex pro – mais elle conserve de plus la nature des couleurs ! La couleur, c’est clairement LE point fort de Fuji, comme nous allons le voir.

Fujifilm, roi de la couleur et des Jpeg

Fort de son expérience dans le domaine des pellicules, Fujifilm domine outrageusement la compétition dans deux domaines : la justesse des couleurs et la qualité des fichiers Jpeg. Avec son capteur exotique, Fujifilm a rendu complexe la prise en charge des fichiers RAW par les logiciels de développement.

Mais la marque nippone a, dès le début, trouvé la réponse à cette limite : produire des fichiers Jpeg parfaits. Non seulement la promesse a toujours été tenue, mais en plus ce nouveau X-Pro enfonce encore un peu plus loin le clou avec son capteur 24 Mpix. Les images sont détaillées comme jamais avec des transitions ombres/lumières douces et des tons toujours justes et ce, quel que soit le mode de rendu sélectionné.

Car, comme du temps de l’argentique, un boîtier Fuji propose des rendus nommés selon les pellicules célèbres de la marque – Astia, Provia, Velvia et, pour la première fois, une émulsion noir & blanc appelée Acros (nous reviendrons dessus plus tard). Et cela fait toute la différence puisqu’on se surprend souvent à choisir un rendu selon le type de sentiment que l’on veut faire passer.

En en bonus, souplesse du numérique aidant, un simple passage par les menus permet de changer de film, de sous/surexposer un peu, de relever les niveaux de détails, etc. On comprend rapidement l’intérêt pour un photoreporter : avec des fichiers bons en Jpeg on peut s’épargner le passage par le logiciel de développement, un simple editing suffit.

Nouveau mode noir & blanc : Acros

Dans le monde des pellicules, l’émulsion Neopan à 100 ISO dispose du suffixe Acros, suffixe retenu comme nom par Fujifilm pour son nouveau mode noir & blanc. A mille lieux du rendu très contrasté et granuleux de l’Olympus Pen F, l’Acros est un rendu doux et riche en nuances.

Tout comme pour le Classic Chrome, lancé avec le X100T, les ingénieurs de Fujifilm ont travaillé non seulement à la reproduction d’un type de pellicule, mais aussi à sa cohérence tout du long de la montée en ISO quand, à l’époque, les films les plus sensibles proposaient un grain supérieur.

Ici, l’Acros permet presque d’obtenir à 6400 ISO, la finesse d’un film pourtant estampillé 100 ISO. Nul doute que ce type de rendu fera le plaisir des portraitistes et autres photographes de mariage/mode à la recherche d’un peu de subtilité. Raffinement de gastronome, Fujifilm a ajouté, au mode par défaut, une simulation de filtres – jaune, rouge ou vert.

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