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VOD : un vidéoclub à domicile

Avec la VOD ­ Video on Demand ­, ce n’est plus la télévision mais la vidéo qui passe par l’ADSL. A la clé, une immense vidéothèque de films et de documentaires dont on peut profiter instantanément, sur le téléviseur
du salon.

Disposer d’un vidéoclub à domicile, c’est le rêve de nombreux cinéphiles. Et pour cela, il n’y a aujourd’hui qu’une seule solution : se ruiner en achats de DVD. Dans quelques mois pourtant, tout devrait changer. De nombreux
fournisseurs d’accès à Internet (FAI) par ADSL préparent en effet dans le plus grand secret des systèmes de vidéo à la demande, ou Video on Demand en anglais, la VOD. Un seul d’entre eux a déjà ouvert son service offrant un
nombre restreint de films : France Télécom avec MaLigne TV.Le principe de la VOD ? Pour l’abonné à l’ADSL, c’est très simple. Il commence par brancher un décodeur, fourni par son FAI, entre son modem ADSL et son téléviseur. Ensuite, il peut naviguer, à l’écran, dans un catalogue de
films, de documentaires et d’archives télévisuelles. Si un titre l’intéresse, il lui suffit de le sélectionner pour en obtenir la fiche descriptive (résumé, durée, etc.) et, éventuellement, en lancer la lecture… moyennant finances.Pour le fournisseur d’accès, en revanche, mettre en place une offre de VOD s’avère plus complexe. Première contrainte, technique : les débits autorisés par l’ADSL ne suffisent pas, aujourd’hui, pour diffuser les vidéos sans
compression de données. Chaque film est donc compressé en MPeg2, le format utilisé pour les DVD-vidéo. Il est ensuite brouillé et encrypté, avant diffusion, pour répondre à une deuxième exigence : éviter le piratage. Il est ainsi impossible de
voir un film sans obtenir d’abord une clé de décodage, payante, le paiement s’effectuant soit par carte bancaire, soit en débitant un compte prépayé. Reste à transmettre le film sur le réseau ADSL… et ce n’est pas le plus évident. En effet,
certaines lignes téléphoniques supportent uniquement un débit de 1 ou 2 Mbit/s, ce qui ne leur permet pas d’acheminer des images en flux continu (on parle de streaming), comme pour la télévision par ADSL. Deux techniques sont donc employées, en
fonction de la ligne de l’abonné.

Une technique de diffusion qui dépend du débit de la ligne ADSL

Premier cas : l’abonné bénéficie d’une connexion suffisamment rapide pour être équipé d’un décodeur simple, sans disque dur, qui recevra le film en streaming. Il peut immédiatement accéder à la totalité du catalogue, une
possibilité qui n’est pas sans contraintes pour le fournisseur d’accès. Celui-ci doit faire en sorte que son réseau puisse acheminer le film jusqu’à l’utilisateur sans risque de saturation (en particulier le soir, puisque la plupart des commandes de
films sont effectuées entre 20 et 23 heures). Et il doit aussi réserver une large bande passante sur la ligne de l’abonné pour garantir la diffusion, en quasi temps réel, du flux vidéo (ce qui diminue d’autant la bande passante allouée à l’Internet
ou au téléphone sur ADSL). Il faut enfin qu’il soit capable de prendre en compte les commandes de pause, d’arrêt, d’avance ou de retour rapide que l’utilisateur lui transmet, et cela dans des temps très courts, de façon à offrir un confort similaire
à celui d’un lecteur de DVD.Deuxième cas : l’abonné, dont la connexion est trop lente pour autoriser du streaming, doit être équipé d’un décodeur à disque dur. Le FAI envoie automatiquement une sélection de vidéos (définie en fonction du profil de l’abonné)
à des moments creux, la nuit le plus souvent, afin que l’utilisateur puisse voir les films sans délai, depuis le disque dur. Dans ce cas néanmoins, l’utilisateur dispose d’une offre VOD limitée par la capacité du disque dur, et le coût du décodeur
est plus important.Au vu de ces contraintes techniques, on comprend que les FAI aient tardé à lancer leurs offres de VOD, en préférant commencer par la diffusion de programmes télévisés. D’autant que la VOD pose aussi de nombreux problèmes
réglementaires. Car avant de diffuser des films, les FAI doivent d’abord signer des accords avec leurs distributeurs, or la plupart d’entre eux craignent que la VOD n’augmente le piratage de leurs films, déjà en forte progression depuis un
an.

Demain, on regardera peut-être la fin du film sur son mobile…

Mais ces incertitudes n’empêchent pas les ingénieurs de travailler. Prochaine étape : le passage du MPeg2 au MPeg4 (lire encadré ci-contre), qui permettra d’atteindre une définition bien plus importante (jusqu’à
1 920 x 1 080 points) en ouvrant la voie à la diffusion de contenus adaptés à la télévision haute définition, la fameuse TVHD. Les premiers décodeurs capables de lire des flux au format MPeg4 ont ainsi fait leur apparition en
début d’année. Parallèlement, l’ADSL2+, en autorisant un débit maximal de 25 Mbit/s bien adapté au MPeg4, continue de se développer. Autre innovation : la conception de plates-formes de VOD accessibles à la fois depuis la ligne ADSL mais
aussi depuis un téléphone 3G (UMTS). Avec à la clé la possibilité de commencer la réception sur un terminal, de la stopper, et de la reprendre ailleurs ou sur un autre écran. Enfin, si la VOD est aujourd’hui synonyme de
‘ cinéma à la demande ‘, son concept peut très bien s’appliquer à d’autres contenus comme le e-learning (apprentissage à distance, avec possibilité d’acheter des cours d’anglais, par exemple), mais
également à d’autres usages comme la vidéoconférence.

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Pierre Martin