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Spam fatal

Un peu de détente en période estivale ne nuit pas ! Cet été, Micro Hebdo vous invite donc à suivre les aventures cyberdélirantes de la journaliste…

Un peu de détente en période estivale ne nuit pas ! Cet été, Micro Hebdo vous invite donc à suivre les aventures cyberdélirantes de la journaliste Amandine Cramoise, dans lesquelles les nouvelles
technologies, les meilleures comme les pires, occupent une place très importante. Cette nouvelle en trois parties nous donne l’occasion de vous livrer les clés du jargon high-tech. Une façon de découvrir plein de termes et d’expressions, parfois à
la limite de l’argot, utilisés par les accros et… les geek. C’est aussi l’occasion de vous remuer les méninges avec nos traditionnels concours d’été, et de gagner plein de lots…, à condition de répondre juste. N’ayez pas peur de la
difficulté apparente des énigmes. Il suffit de savoir lire, écrire et compter. Rien de plus. Rejoignez-nous sur le forum
http://forum.microhebdo.com pour partager des indices. Bonne lecture et bonne chance !La question du concours : Quel est le code secret dissimulé dans cette série de chiffres ?5302633073273


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Les Tontons spammeurs

Résumé de l’épisode précédent (paru dans Micro Hebdo 482-483)Amandine Cramoise, jeune journaliste parisienne, a découvert les preuves d’un étrange trafic. L’Agence, une mystérieuse organisation, est chargée de les faire disparaître par le réseau mis en cause. Pour cela, l’Agence
envoie chez elle deux barbouzes qui devront aussi installer un mouchard sur son ordinateur. Elle les démasque grâce à son ami informaticien, Serge Lambert.
Un mois plus tôt dans l’appartement parisien d’Amandine…- 1 –‘ Je t’offre un dernier verre Serge ? ‘ La blonde liane se fait féline et se presse tout contre le sémillant informaticien. Ils se tiennent dans l’embrasure de la porte. Il
n’en faut pas plus au beau Serge pour se jeter sur cette proie offerte. Il l’enlace. Elle ferme les yeux et se sent aux lèvres un baiser, qui palpite là comme une petite bête. Du talon de son escarpin, elle claque la lourde porte. Alors qu’ils
s’apprêtent à poursuivre leurs ébats sur le canapé où elle l’a attiré, Amandine entend frapper à la porte. Elle se précipite. Personne. Mais un tout petit paquet emballé de papier Kraft et portant son nom est posé sur le paillasson. Elle le déchire
vivement et en sort un petit étui de cuir contenant une clé USB. Interloquée, elle tend l’objet à Serge. Avec une mâle assurance, il s’en empare et le connecte à l’ordinateur d’Amandine. Windows reconnaît alors le pilote, c’est un
dongle HSDPA. Un message indique une tentative d’initialisation d’une connexion VPN. Après quelques secondes la connexion est établie, un dossier s’affiche qui contient un document Word. Vite, Serge l’ouvre :‘ Mon nom est John Patterson. Il y a encore peu de temps, je travaillais pour une société mafieuse dont le nom ne vous dirait rien. J’ai des révélations à vous faire concernant les activités de cette
société. Prenez le premier train pour Londres et là, vous attendrez que je vous contacte. ‘
Googlons donc ce Patterson pour ne pas se jeter à l’aveugle dans la gueule du loup. Amandine scrolle les pages Web et clique sur un lien. Elle fronce ses jolis sourcils. Zut, ça time out. Rien !
Il est bien planqué, l’animal ! fulmine-t-elle.- On va voir qui est le plus malin. A nous deux, John Patterson, fanfaronne Serge. Regarde bien, il y a d’autres sources d’infos sur le Web, ma jolie. Je vais faire un tour sur un canal IRC pour interroger des
hackers.Il ne faut que quelques minutes à Serge pour trouver ce qu’il cherche. Près de lui, Amandine retient sa respiration et coule vers le bel informaticien des regards admiratifs.- OK, j’ai trouvé un type qui a des infos croustillantes. Elles sont stockées sur un PC zombie. Il doit juste ouvrir et mapper le port SSH pour qu’on puisse y accéder. Aaah, voilà, je te
tiens John Patterson ! triomphe Serge. Eh bien dis donc, il n’a pas l’air très recommandable ton bonhomme !- 2 -Plantureuse créature aux yeux émeraude, Amandine est dotée d’un physique qui lui a certes valu quelques infos confidentielles au cours de ses enquêtes, mais qui dessert sa carrière. Pour son rédacteur en chef,
‘ blonde décérébrée ‘ est un pléonasme. Cette enquête, c’est l’occasion ou jamais de lui clouer le bec et de lui montrer de quoi elle est capable. Aussi, jette-t-elle en vrac quelques affaires de
rechange dans un sac, prend Serge par le bras et court attraper le premier train, direction London Waterloo.Il pleut sur Londres lorsque Amandine et Serge débarquent de l’Eurostar. Amandine checke ses mails sur son Blackberry. Patterson lui a laissé un MMS. Il les attend au
Black Friars, en plein c?”ur de la City. Il lui a envoyé sa photo, pour qu’elle le reconnaisse. Un coup d’?”il sur Google Maps pour localiser le pub. Ils hèlent un Black Cab qui passe et s’engouffrent
dedans.- A la City, indique Amandine au chauffeur, dans le plus pur anglais oxfordien, réminiscence d’études londoniennes.Londres a bien changé depuis la dernière fois qu’Amandine y est venue. Une magnifique tour de verre en forme de cornichon s’élève désormais au milieu de la City. La ville est plus bourdonnante que jamais. Amandine se sent gagnée
par l’excitation. Sans doute l’ambiance effervescente et la rencontre avec Patterson qui, à en croire Serge, est loin d’être un enfant de ch?”ur. Sanglée dans un imper Burberry, et flanquée du fidèle Serge, elle descend du taxi devant le
pub.Il est 18 heures, l’endroit est très sombre et envahi par de jeunes yuppies en goguette qui s’envoient sans retenue les dernières pintes de Guinness derrière la cravate, avant que la cloche qui sonne la fin des libations ne
retentisse.John Patterson est au fond du pub, calé dans un fauteuil de cuir. Son costume trois pièces et une canne appuyée contre le mur lui donnent un petit air de John Steed dans Chapeau melon et bottes de cuir. Il
jauge Amandine et son compagnon du regard comme pour évaluer s’ils sont de taille à encaisser les infos qu’il va leur livrer. D’un geste élégant, il les invite à prendre place.La journaliste et l’informaticien s’installent.- Je vous ai fait venir pour vous révéler une affaire qui va faire scandale. J’espère que vous allez publier tout cela dans votre journal, mademoiselle Cramoise. Peut-on se fier à ce monsieur ?Il pose un regard inquisiteur sur Serge.- Il a mon entière confiance, assure Amandine.Patterson semble hésiter un instant, puis il se lance.- Même en France, vous avez sûrement entendu parler du spam, cette technique qui consiste à flooder les boîtes mail de braves gens avec des messages publicitaires souvent douteux.Amandine et Serge opinent en c?”ur du bonnet.- Eh bien la société pour laquelle je travaille a affiné le concept. Nous ne nous contentons plus d’envoyer du spam texte, souvent arrêté par le système de filtrage heuristique des antispams. Nous
glissons maintenant dans les courriers un fichier image. C’est comme ça que nous feintons les logiciels antispams. Mais ce n’est pas tout, on pratique aussi du pump and dump. Nos pourriels contiennent un message qui
conseille d’acheter des actions d’une entreprise prometteuse. Bien entendu, mes acolytes se sont procuré en masse et à bas prix des actions de cette entreprise. Ils attendent ensuite que des gogos achètent et fassent gonfler les cours pour les
revendre. Ingénieux, n’est-ce pas ? Amandine reste bouche bée devant tant de machiavélisme.- Mais comment avez-vous obtenu des preuves matérielles ? demande-t-elle ingénument.- Social engineering, ma chère. Subversion psychologique, comme vous dites en français. Cela demande un certain aplomb et du sang-froid, mais il suffit de tomber sur la bonne personne. J’ai appelé le type de la
DSI en me faisant passer pour le directeur de la société. J’ai prétendu avoir oublié mes codes d’accès. Il me les a confiés sans tergiverser, et j’ai ainsi pu accéder aux infos top secrètes que je vais vous fournir. Et vous savez le
plus drôle ? Le nom que j’ai donné, c’est Kevin Mitnick !- 3 — Je vais fumer une cigarette dehors. Puis-je vous en offrir une ? propose Serge, un sourire vaguement gêné aux lèvres.Patterson et Amandine refusent poliment. L’informaticien prend son verre de bière et son paquet de cigarettes et sort du pub. Patterson le suit des yeux.- A votre place, Miss Cramoise, je ne ferais pas confiance à cet individu.Patterson lui darde un regard lourd de sous-entendus qui fait rougir Amandine jusqu’à la racine des cheveux. Le délicieux accent et le charme so British de John commencent à troubler la jeune femme.- Synchronisons nos smartphones, si vous voulez bien, monsieur Patterson, pour que j’aie suffisamment d’informations et de preuves pour écrire mon enquête. Ne vous inquiétez pas, je sais protéger mes
sources. Mon rédacteur en chef va être soufflé.Serge revient, et Patterson en profite pour prendre congé.- Mes hommages, Miss. J’espère avoir le plaisir de vous revoir. Au revoir, Sir.Il s’incline légèrement devant elle et quitte le pub. Le félon s’achemine vers les quais de la Tamise, emprunte le Black Friars Bridge et gagne l’autre rive. Il a dans la poche intérieure de son costume un aller simple pour les
îles Caïman. Mais pour l’heure, il se dirige vers un entrepôt de briques, à quelques encablures de la Modern Tate. Pour entrer, il doit montrer patte blanche. Une caméra CCD placée au-dessus de la porte d’entrée le fixe de son ?”il
impassible. Il la fixe à son tour, pour qu’elle balaie son iris et puisse ainsi le comparer avec les données inscrites dans un fichier informatique et l’identifier. Patterson pénètre alors dans une bruissante fourmilière où le clic clic des claviers
rivalise avec le bourdonnement des conversations téléphoniques. Une armée de jeunes nerds s’affaire devant des ordinateurs, un ?”il sur les cours de la bourse, une oreillette bluetooth collée à l’oreille. Une équipe est
chargée d’établir une base de données d’adresses. Les uns scannent les chat rooms, d’autres épluchent Whois, écument les forums et spoofent des adresses IP. Certains, enfin, utilisent des
Trojans pour s’introduire sur les PC de particuliers et voler leurs données. Un deuxième groupe affine la base de données et vérifie que les adresses sont bonnes. Pour cela, ils analysent les logs du serveur de messagerie.
Le troisième pôle envoie les mails, profitant de proxys ouverts ou de PC zombies infectés par un Trojan. Patterson traverse la salle d’un pas qui se veut assuré. Pourtant, il n’est pas tranquille. Et s’il avait été aperçu, en train de
parler avec la journaliste ? Et si les courriers électroniques émis depuis son smartphone avaient été interceptés ? Il sent la sueur lui ruisseler entre les omoplates, tandis qu’il se dirige vers le bureau du big boss.- 4 -Pendant ce temps, à Moscou. Au Kremlin, Vladimir Poutine est en grande conversation avec l’ambassadeur des Etats-Unis. Ils communiquent par vidéoconférence. La liaison Internet est sécurisée. Sur l’écran plat géant du président
russe, l’ambassadeur apparaît confus et embarrassé.- Monsieur le Président, nous avons un problème. Nos services secrets et le MI6 ont découvert une opération de spam de grande envergure entre nos trois pays. Il semblerait que les mails transitent via des plates-formes en
Angleterre, mais qu’ils proviennent de Moscou. Ces spams constituent une menace pour de grandes sociétés américaines. La bourse risque d’en être ébranlée. Le président Bush souhaite que vous y mettiez bon ordre. Rapidement.Poutine lui lance un sourire glacial et lui assure que le réseau sera démantelé dans les plus brefs délais. Il a un joker dans sa manche. D’un geste sec, il met fin à la vidéoconférence.- 5 -Amandine et Serge quittent le pub bras dessus bras dessous, sans se douter une seconde qu’un individu les observe depuis une camionnette beige. Dissimulé derrière des vitres teintées du véhicule, l’homme les mitraille avec un
APN équipé d’une puce Wi-Fi. Les photos qu’il prend sont ainsi transmises au fur à mesure à Jacques Baudard, directeur de l’Agence à Paris. Baudard se frotte les mains en les regardant.- Ils se sont fait avoir comme des débutants, ricane-t-il. Je vais la coincer, cette petite fouineuse.- Ce Patterson joue les deconer, ça va sûrement lui valoir de gros ennuis, mieux vaut ne pas traîner dans le coin trop longtemps, glisse Serge à sa compagne. Il jette un regard circulaire, glisse sur la camionnette
sans s’y arrêter.- Il a certainement de bonnes raisons, lance Amandine, encore sous le charme.- Sans doute… Mais tout de même ! Tout balancer à une journaliste, étrangère de surcroît, ce n’est pas un peu risqué ? Imagine un peu le buzz que ça va faire ! Là, c’est pas du
salami, c’est de la cybercriminalité de grande envergure !- S’il a décidé de se ranger des voitures et de décrocher pour de bon, je comprends qu’il veuille se venger avant. Il a sans doute envie de lancer les cyberpoliciers aux trousses de ses anciens associés avant de partir pour un
exil doré.Ils se fraient un chemin sur les trottoirs bondés d’Oxford Street, arrivent à Marble Arch et coupent par Hyde Park.Arrivés à l’hôtel, Amandine pose son smartphone sur son craddle. Elle en efface le contenu, vide le cache, non sans avoir noté dans un petit cahier noir des éléments-clés pour écrire son papier et faire tomber le
réseau. Puis, soulagée, lance ses chaussures à travers la pièce et se jette sur le lit, suivie de Serge.- 6 -Patterson s’est grillé bêtement. Lorsqu’il a réalisé que son mail à la journaliste pourrait être inclus dans la sauvegarde hebdomadaire des données stockées sur son Blackberry, il a paniqué et l’a interrompue. Un geste a priori
anodin qui a attiré l’attention des ingénieurs chargés de la sécurité informatique de la société. A l’approche de la prochaine grosse campagne de spam, la direction leur avait ordonné de surveiller discrètement et de relever en interne tout acte qui
sortait de l’habitude. Dès lors, il était facile de remonter dans l’historique des données transmises et de se rendre compte d’où venait la fuite et quels étaient les risques. C’est là que l’Agence entre en jeu. L’organisation a fait appel à ces
barbouzes pour se charger de filer Amandine. Pour ce qui est de Patterson, ils ont décidé de se charger eux-mêmes de son sort. On ne laisse pas les meilleurs morceaux aux chiens.- 7 -John Patterson entre dans le bureau du directeur. Il scrute le visage de son patron pour y trouver un quelconque signe de colère. Mais le boss l’accueille en souriant, un cigare entre les lèvres. Il lui propose un whisky.
Patterson se détend un peu.- Asseyez-vous John. Je vous ai fait venir pour vous faire part d’un petit… souci, que je compte bien régler très rapidement.Patterson sent son c?”ur prêt à sortir de sa poitrine. Il saisit le verre de whisky pour se donner une contenance.- Il y a une taupe dans notre organisation. Quelqu’un a obtenu mes codes d’accès pour s’introduire sur ma machine et accéder à mes données. A votre avis, qui est capable d’avoir fait ça ? Il s’agit d’un virtuose de
l’informatique, particulièrement futé et doté d’un sang-froid à toute épreuve. L’un des jeunes qui travaillent pour nous vous semble-t-il correspondre à ce signalement ?Patterson se tasse dans son siège. Il gobe littéralement le contenu de son verre et le pose. Il sent le whisky lui brûler l’estomac.- Je ne sais pas, s’entend-il bafouiller. Mais je vais enquêter, patron, poursuit-il d’une voix blanche.- 8 -Un SMS s’affiche sur le téléphone d’Amandine :- ApL asap ou t’es virée. Bob.Bob, c’est le nick du rédacteur en chef d’Amandine. Il a l’air furibard. Elle ne se démonte pas et tapote sur son téléphone :- Pas la peine de vous nrv, serai au bureau 2m1. Suis dans un OtL à Londres. Trop OQP pour vous raconter, dsl. Amandine.Amandine sourit. Quand son chef saura quel gros poisson elle a pêché ici, il ne tardera pas à se détendre !Amandine et Serge sont à la gare de Waterloo, sur le point de prendre le train, lorsque Serge remarque dans la foule des voyageurs un individu qui les colle depuis l’hôtel.- Amandine, je crois que nous sommes suivis. Ne te retourne pas. Le type, là-bas, accoudé au comptoir, je suis sûr de l’avoir déjà vu.La jeune femme blêmit, s’accroche au bras de Serge et murmure :- Je crois que là, j’ai commis une imprudence.- 9 -Londres, 24 avril 2007En quittant le bureau de son patron, John Patterson fouille la poche de sa veste. Le billet d’avion s’y trouve toujours. La discussion qu’il vient d’avoir ne lui laisse aucun doute. Il sait qu’il a été repéré. Un goût amer
emplit sa bouche, il humecte ses lèvres. Soudain, son pouls accélère, sa respiration devient sifflante. Il est pris d’un malaise. Le whisky… Il a été empoisonné ! En atteignant la dernière marche, l’Anglais devenu écarlate chancelle,
puis s’effondre. Il aperçoit le doux visage de sa mère qu’il a tant aimée. ‘ John… darling… ‘.La Mort lève sa faux puis jette un voile noir, définitif. Quelques instants plus tard, les ‘ nettoyeurs ‘ ont fait le ménage. Patterson n’a jamais existé. Il ne subsiste aucune
trace de lui dans ce nid de cybermafieux où il a travaillé durant cinq mois.

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Magali Rangin