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Quand l’USB s’émancipe du PC

Grâce à l’interface USB On-The-Go, ou USB OTG, appareils photo numériques, téléphones portables et autres appareils nomades s’affranchissent du PC. Interview.

Micro Hebdo : Que signifie votre surnom ‘ On-The-Go ‘ ? Si l’on se fie à sa traduction littérale, indique-t-il qu’à peine né, vous êtes déjà ‘ sur le départ ‘ ?Bien sûr que non. La traduction exacte de ‘ On-The-Go ‘ est plutôt ‘ à la volée ‘ ou ‘ en voyage ‘. Ce nom fait référence à ma destination première, les appareils nomades, et à la possibilité que je leur offre de se connecter directement les uns aux autres ‘ à chaud ‘. Avec moi, plus besoin de micro ! Prenons un exemple : vous êtes loin de chez vous et la mémoire de votre appareil photo numérique est pleine. Au lieu d’acheter d’onéreuses cartes mémoire ou d’attendre de rentrer pour la décharger sur votre PC, vous pouvez les transférer directement sur votre lecteur MP3 à disque dur ou sur votre PDA… et continuer à prendre de nouvelles photos.Qu’apportez-vous de plus par rapport aux deux versions de l’interface USB que nous connaissons déjà, la 1.1 et la 2 ?Peut-être faut-il rappeler ce qu’est l’Universal Serial Bus (USB). Cette interface a vu le jour en 1995 à l’initiative de plusieurs grands fabricants. Leur but était de rendre possible le raccordement ‘ à chaud ‘ (sans éteindre les appareils) des périphériques aux ordinateurs et le transfert de données à haut débit, ce que les interfaces d’alors ne permettaient pas.Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce fut un succès.Un triomphe, oui ! Pourtant, le débit maximal de l’USB 1.1 était seulement de 12 Mbit/s (1,5 Mo/s), ce qui semble bien peu de nos jours. C’est pour cette raison qu’une deuxième version USB2 a été développée en 2000. Par la suite, elle a été officiellement rebaptisée Hi-Speed USB (‘ USB à grande vitesse ‘). Son débit a été multiplié par 40 : il atteint 480 Mbit/s (60 Mo/s) !En théorie…Certes, cette vitesse de transmission n’est jamais réellement atteinte. Mais, pour peu qu’elle plafonne seulement au tiers de cette valeur, soit 160 Mbit/s, on atteint 20 Mo/s ! Autrement dit, vous pouvez copier tout le contenu d’un CD-Audio ­ non compressé ­ en moins de 30 secondes. Et, comme je suis moi-même un dérivé de l’USB 2, j’ai un débit identique et je suis, bien sûr, compatible avec les prises USB existantes.Justement, qu’est-ce qui vous distingue donc de vos prestigieux ancêtres ?Trois choses : le format du connecteur, la consommation électrique (économie maximum des batteries des appareils nomades) et l’appropriation par le périphérique d’une partie des fonctions d’hôte de l’USB.Encore un connecteur ? Personnellement, j’ai déjà dénombré 5 connecteurs USB différents.C’est vrai qu’ils ont tendance à se multiplier. Mais les deux plus répandus sont le connecteur A, plat, adapté aux réceptacles que l’on trouve sur les PC, et le B, carré, qui équipe la plupart des câbles d’imprimante. Les miens, le Mini A et le Mini B, en sont des versions miniaturisées : ils ne mesurent que 6,8 mm de large et 3 mm d’épaisseur. Un format adapté aux plus minuscules baladeurs et téléphones mobiles. Et n’allez pas croire qu’ils sont moins solides pour autant, c’est tout le contraire : alors que les spécifications de l’USB précisent que les connecteurs doivent résister à 1 500 insertions, les miens sont prévus pour plus de 5 000 insertions !Fort bien. Mais vos qualités propres ne se limitent pas à des connecteurs plus petits. Par exemple, qu’est-ce que c’est que cette histoire d’‘ hôte ‘?Le protocole USB est de type maître-esclave. Le maître, c’est-à-dire le PC, commande, tandis que l’esclave, le périphérique, obéit. C’est logique, puisque c’est dans le PC que se trouve ‘ l’intelligence ‘ : le microprocesseur, le système d’exploitation, les pilotes de périphériques, les logiciels. Mais plutôt que d’utiliser cette terminologie peu démocratique, on dit que le PC est l’hôte et le périphérique l’invité.Je vois le problème. Puisque la connexion On-The-Go s’effectue sans PC, il n’y a plus d’hôte.Exactement. C’est pourquoi il a fallu modifier le protocole spécialement pour moi, de sorte que l’une au moins des unités raccordées puisse tenir le rôle de l’hôte. En pratique, cela se traduit par l’intégration de contrôleurs dans les appareils qui m’ont adopté, c’est-à-dire de circuits électroniques ‘ intelligents ‘, chargés de contrôler les entrées-sorties.En quelque sorte, vous émancipez les esclaves. Vous êtes le Spartacus de l’informatique !Oui, mais je n’ai pas tellement de mérite, c’est l’évolution de la société, la demande sans cesse croissante d’appareils portatifs qui pousse à s’émanciper des machines de bureau.J’aimerais éclaircir un point. Si vous raccordez un baladeur MP3 à un disque dur, il y a bien un hôte et un invité. Mais si vous branchez un téléphone portable et un PDA, que se passe-t-il ? Les deux machines peuvent-elles être des hôtes ?Oui, mais pas les deux en même temps. Je m’explique : alors que l’USB du PC est prévue pour accueillir plusieurs périphériques, je suis principalement destinée aux connexions de point à point entre deux unités. Or, un appareil On-The-Go peut être de type Dual-Role Device (DRD), c’est-à-dire capable d’être soit hôte, soit invité. Il est alors pourvu d’un nouveau réceptacle, nommé Mini AB, auquel on peut raccorder indifféremment un connecteur Mini A ou Mini B.De nouveau ces histoires de connecteurs ?Oui, car les câbles USB sont directionnels. Vous ne pouvez les brancher que dans un sens, A sur l’hôte, B sur l’invité. Grâce au réceptacle Mini AB, l’unité DRD sait quel rôle elle doit jouer : hôte, si elle est raccordée en A, invité si c’est en B. Par exemple, si c’est un appareil photo numérique auquel on raccorde une imprimante, laquelle n’a qu’une prise B, il se comporte en hôte. En revanche, si on le branche sur la prise A d’un PC, il devient invité.Et que se passe-t-il si l’on a affaire à deux unités ‘ intelligentes ‘ ?C’est prévu. Lorsque vous raccordez deux unités DRD, un sous-protocole nommé Host Negociation Protocol (HNP) se charge d’établir un dialogue à l’issue duquel l’une devient hôte et l’autre invitée. Mieux encore, les rôles peuvent changer en cours de route sans qu’il soit nécessaire de débrancher le câble et d’inverser les connecteurs: le HNP se charge de tout. Ainsi, au cours d’une même connexion, un téléphone portable photo peut d’abord transférer des clichés sur un PDA en tant qu’invité, avant de recevoir de ce dernier un texte à envoyer par SMS, en tant qu’hôte cette fois.Une dernière chose: vous avez des concurrents, FireWire ou Bluetooth, par exemple. Ne craignez-vous pas qu’ils freinent votre développement ?C’est vrai, je ne suis pas seule. Mais l’USB est déjà tellement répandue que je ne me fais pas trop de soucis. Je suis déjà présente dans certains baladeurs vendus en France et, croyez-moi, mes concurrents n’ont qu’à bien se tenir !

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Christophe Blanc