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Quand l’écran devient papier

Technique d’affichage unique en son genre, l’encre électronique est une véritable révolution pour le monde de l’édition et de la presse. Ses atouts : un excellent confort de lecture et une autonomie de chameau.

Apprêtez-vous à modifier vos habitudes de lecture ! Le moment est proche en effet où vous n’achèterez plus vos journaux, magazines ou livres chez le commerçant du coin, mais où vous les téléchargerez pour les lire ensuite chez vous ou en déplacement, dans le train, le bus ou le métro, à l’aide d’un système d’affichage beaucoup plus souple que les dalles LCD actuelles.Cette perspective prend tout son sens lorsqu’on évoque les avancées de sociétés comme le hollandais iRex Technologies, fournisseur de l’e-paper iLiad des Échos, ou du français Nemoptic. Derrière leurs réalisations se profile l’encre électronique, dénommée également ‘ papier électronique ‘ ou ‘ e-paper ‘. Cette technologie d’affichage présente des caractéristiques bien éloignées de celles des écrans plats numériques actuels puisqu’elle ne nécessite pas de système de rétroéclairage. Elle se veut au contraire totalement réflective, l’écran réagissant à la lumière ambiante ?” ce qui, revers de la médaille, interdit donc la lecture dans l’obscurité…L’intérêt d’une telle encre est d’être très peu gourmande en énergie. L’autonomie atteint aisément une journée de lecture en continu. Autre atout, la facilité de lecture est identique à celle du papier, quel que soit l’angle de vision. Enfin, un ebook comme l’iLiad pèse un peu plus de 400 g et permet d’emporter avec soi l’équivalent d’une bibliothèque.

De la capsule au pixel

Mais que se cache-t-il derrière ce mystérieux papier du futur ? Techniquement, il combine des éléments chimiques, physiques et électroniques. L’élément principal du système est constitué de microcapsules positionnées entre deux couches d’électrodes et dont le diamètre n’excède pas celui d’un cheveu (entre 30 et 40 microns). Les couches d’électrodes, qui forment en fait une configuration de pixels (ou points), sont gérées par un contrôleur d’affichage. Quant aux microcapsules, elles contiennent, en suspension dans une solution polymère liquide, des particules blanches chargées positivement et des particules noires chargées négativement. Pour obtenir l’équivalent d’un pixel blanc, il suffit d’appliquer un champ électrique négatif.Les particules blanches se déplacent alors vers le haut de la microcapsule où elles deviennent visibles pour le lecteur. Parallèlement, un champ électrique positif pousse les particules noires au fond des microcapsules où elles sont alors cachées. En inversant ce processus, les particules noires apparaissent en haut de la capsule, ce qui rend la surface opaque. Le processus, appliqué à l’ensemble des microcapsules, permet d’afficher du texte et des illustrations en mode monochrome. La sobriété du système vient du fait qu’une fois une page affichée les microcapsules restent en place sans consommer d’énergie. Il suffit de donner une impulsion électrique à chaque changement de page.

À quand la couleur ?

Certaines sociétés comme Nemoptic ont adopté une autre technologie. Leur procédé d’encre électronique consiste à s’appuyer sur des cristaux liquides possédant deux états stables : uniforme (U) et twisté (T). Pour passer d’un état à l’autre, autrement dit du noir au blanc, on applique là encore un signal électrique. L’impulsion permet d’éloigner les molécules de la surface en rompant ce que l’on appelle ‘ l’ancrage faible ‘. Une fois l’état obtenu, il demeure ainsi, sans consommer d’énergie.Reste le papier électronique en couleur. Pour l’heure, les fabricants en sont encore au stade des prototypes. Le principe consiste à superposer un filtre optique coloré sur le e-paper monochrome. Le quadrillage de pixels devient un quadrillage de groupes de pixels RVB (rouge, vert, bleu), tout comme pour les moniteurs à tube cathodique. D’autres voies sont aussi à l’étude. Des chercheurs comme ceux de l’université de Californie Riverside (UCR) expérimentent des procédés en ayant recours à des champs magnétiques. Ils seraient ainsi parvenus à contrôler la couleur d’infimes particules d’oxyde de fer en suspension dans une solution liquide en appliquant un champ magnétique externe. C’est la variation de la force du champ qui influe sur la disposition des particules d’oxyde de fer dans la solution. L’agencement des particules modifie la manière dont la lumière va traverser la solution. De là à commercialiser un journal électronique en couleur, il va falloir patienter encore un peu…

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Rémi Langlet