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Professionnaliser le droit d’informer ?

Notre Assemblée Nationale a adopté en février dernier un projet de loi relatif à la prévention de la délinquance, des mineurs notamment, mais pas seulement. L’article…

Notre Assemblée Nationale a adopté en février dernier un projet de loi relatif à la prévention de la délinquance, des mineurs notamment, mais pas seulement. L’article 26 bis A de ce texte s’attaque au ‘ happy
slapping ‘, cette nouvelle forme de délinquance abjecte, où une personne est physiquement agressée, dans le but d’obtenir un film de cette agression. Il réprime de fait l’enregistrement et la diffusion d’images et
de vidéos relatives à la commission de violences contre des personnes.Sa rédaction malheureusement est sujette à dérapage : elle ne prévoit d’exception que ‘ lorsque l’enregistrementou la diffusion résulte de l’exercice normal d’une profession ayant pour objet
d’informer le public ou est réalisé afin de servir de preuve en justice. ‘ En clair, seuls les journalistes professionnels sont habilités à diffuser de telles images. Autrement dit, aucun contributeur bénévole à un blog, aux
sites collaboratifs comme Wikinews et Wikipedia (ni d’ailleurs quelque autre média que ce soit !) ne peut se réclamer de cette exception.La limite est d’autant plus inquiétante que les cas d’atteintes volontaires à l’intégrité des personnes auxquels se réfère cet article débordent largement du ‘ happy slapping ‘. Il pourrait
s’agir, par exemple, des dérapages d’une manifestation. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le Gouvernement a encore le pouvoir de proposer, ou d’autoriser, un amendement avant le vote final du texte, pour que les
professionnels de l’information ne soient pas les seules personnes habilitées à rapporter publiquement de tels faits, images à l’appui. On aimerait voir tous les professionnels des médias l’y inviter.(*) Eric Larcher est rédacteur en chef de Univers Mac

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Eric Larcher*