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Pour ne pas y perdre son latin

Les logiciels de traduction automatique sont de plus en plus efficaces sans pour autant parvenir au sans-faute.

Les débuts de la traduction automatique (Machine Translation en anglais) sont dignes d’un James Bond. Sur fond de guerre froide, d’espionnage et de conquête spatiale, des chercheurs américains, financés en partie
par la CIA, ont commencé à plancher sur le sujet pour traduire plus rapidement les milliers de documents soviétiques dont ils disposaient.Aujourd’hui, la traduction automatique sert à tout le monde, et ne se limite plus à une seule langue. Plusieurs dizaines de combinaisons sont ainsi parfois possibles.

Gratuits sur Internet

Un logiciel de traduction automatique est constitué d’un moteur de recherche, associé à un ou plusieurs dictionnaires et à des règles syntaxiques. De tels programmes sont commercialisés en France par Systran, Softissimo (le logiciel
Reverso) et Avanquest (Power Translator) pour les principaux. Mais on trouve aussi leur version gratuite sur Internet. Google possède son propre système de traduction. Et n’importe quel webmaster peut installer gratuitement un outil de traduction
automatique tel que Babel Fish, de Systran, sur son site.Voici nos explications pour comprendre comment ça marche

Etape 1 : l’analyse du texte source

Le logiciel examine le texte à traduire, dit texte source, comme le ferait un traducteur humain. Il décortique la structure de chaque phrase et étudie les fonctions des groupes de mots, disséquant sujet, verbe et compléments. Tous ces
éléments sont envoyés les uns à la suite des autres dans le ‘ moteur de traduction ‘.

Etape 2 : l’application des règles

Le logiciel applique alors à tous les éléments analysés, les ‘ règles ‘ syntaxiques, sémantiques et morphologiques, propres à la langue source, qu’il possède dans sa base de données. Une
succession d’algorithmes résout les problèmes les uns après les autres. Pour cela, le logiciel utilise tous les indices présents dans la phrase, y compris la ponctuation et les majuscules. Ainsi, s’il rencontre le mot
Paris avec une majuscule au milieu d’une phrase, il sait qu’il s’agit de la ville et non du nom commun. Si le mot est en début de phrase, il analyse alors les mots qui suivent. Dans
‘ Paris est une belle ville ‘, comme Paris est suivi d’un verbe au singulier et n’est pas précédé d’un article, il en déduit (peut-être un peu vite) qu’il se trouve devant un nom propre.
Autre exemple : dans ‘ il la porte ‘, le logiciel doit analyser que porte, bien que précédé d’un article, n’est pas un substantif, mais un verbe. De
même, il interprète différemment le verbe porter, dans ‘ porter une voile ‘ et ‘ porter un voile ‘. Résultat, il traduit en
anglais la première expression par ‘ to carry a sail ‘ et la seconde par ‘ to wear a veil ‘. Quand aucune indication n’est donnée
sur le genre, comme dans la phrase ‘ les voiles déferlent en vitesse ‘, mieux vaut que les règles linguistiques soient complétées par des données statistiques (lire page
suivante)
.

Etape 3 : l’intervention du dictionnaire

Pendant qu’il mouline pour appliquer les règles au texte, le logiciel pioche dans son dictionnaire afin de passer en revue tous les cas possibles pour un mot.La richesse et la structure du dictionnaire se révèlent très importantes. L’utilisation de dictionnaires thématiques ou spécialisés enrichit une traduction de façon très nette en jouant le rôle de filtre supplémentaire. De quoi éviter
certains contre-sens. Ainsi, le mot anglais board désigne à la fois une planche, un tableau, le fait d’être à bord d’un véhicule ou un conseil d’administration. Si le logiciel comporte un dictionnaire spécialisé en
finance et que l’utilisateur choisit de s’en servir, le logiciel interprète le mot, sans hésitation, dans le sens conseil d’administration.Si le logiciel ne comporte pas de dictionnaire spécialisé, il a des chances de se tromper. D’ailleurs, c’est cette présence de dictionnaires spécialisés pour affiner la traduction qui fait toute la différence entre un logiciel et un
service de traduction en ligne. Parfois, le logiciel propose à l’utilisateur de choisir lui-même entre différents homophones. De plus, certains logiciels évolués sont capables d’apprendre. On dit qu’ils possèdent une ‘ mémoire
de traduction ‘
, qui leur permet d’enregistrer des textes qu’ils ont déjà traduits et de les identifier lors d’une autre traduction. Il est aussi parfois proposé à l’utilisateur d’enrichir lui-même le dictionnaire.

Etape 4 : le transfert vers le texte cible

Une fois que le logiciel a décortiqué et analysé chaque portion de phrase ou chaque mot, qu’il les a traduits dans ce qu’il estime être le bon sens, il lui reste à effectuer ce qu’on appelle le
‘ transfert ‘ pour reconstituer le texte cible, traduction complète du texte source.De nouvelles difficultés apparaissent dans la construction de cette synthèse. Car le logiciel doit maîtriser aussi bien les subtilités de la langue source que celles de la langue cible. Afin de traduire, par exemple, l’expression
française ‘ il pleut des cordes ‘ par son équivalent anglais ‘ it’s raining cats and dogs ‘ (les Anglais font, eux, pleuvoir des
chats et des chiens) et non pas ‘ it’s raining ropes ‘. C’est généralement là que pèchent le plus les logiciels de traduction automatique. La qualité de la traduction dépend donc de la
simplicité syntaxique du texte source et de l’absence de fautes d’orthographe. Le logiciel ne comprend pas le sens du texte, il applique les règles phrase par phrase, sans vision globale. En revanche, il ne traduit pas mot à mot, mais fait l’analyse
de la phrase en entier

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Magali Rangin