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Photographies d’atelier

Le monde de Gladys est un rêve éveillé qui oscille avec tendresse entre imaginaire et réalité. En marge de ses portraits sensibles, la photographe nous dévoile…

Le monde de Gladys est un rêve éveillé qui oscille avec tendresse entre imaginaire et réalité. En marge de ses portraits sensibles, la photographe nous dévoile aujourd’hui ses photographies d’atelier délicates et décalées : d’émouvants photomontages qui riment avec collage, coloriage et grattage, puis détourage avant assemblage. Un univers peuplé d’enfants et de créatures magiques, dans des paysages et des situations insolites.Micro Photo Vidéo : Votre photographie évoque la beauté poétique et onirique des êtres et des choses, à travers de délicats portraits et natures mortes. Vos photomontages manuels ou numériques sont moins connus et moins ‘ classiques ‘. Parlez-nous de ces expérimentations plus confidentielles.Gladys : C’est un travail à part, c’est vrai, que je ne présente pas sur mon site. Des expérimentations d’atelier, des assemblages et des recompositions à partir de diverses images stockées et découpées, des retouches directes sur tirages. C’est ma pratique manuelle de la photographie, quand le geste photographique devient pictural. Tout est improvisé, sans aucun systématisme, ni concept élaboré. Je laisse l’inspiration me guider, le hasard, les accidents heureux se produire. Gratter un Polaroid (les chevelures, l’autoportrait), peindre ou colorier un paysage, coller une tête de chat sur une tête de femme, faire grimper une chèvre dans un arbre bleu. Je n’essaie jamais de reproduire systématiquement une idée. El le reste unique ou revient spontanément sous une autre forme. Je m’arrête quand la photo me plaît. Je ne cherche pas à la perfectionner par une technique invisible, une esthétique parfaite. Comme je n’exagère pas non plus les ‘ imperfections ‘ pour la rendre naïve ou faussement bâclée. Ce n’est pas du bricolage, mais une création libre, spontanée, que je souhaite expressive et poétique, comme un geste en peinture.MPV : Vous pratiquez aujourd’hui ces assemblages sur ordinateur, avec la même visibilité de retouche. Sont-ils la suite de vos collages argentiques ?G. : Oui et non. S’ils évoquent le même univers de l’enfance, de la narration ou de la fiction, et ont en commun cet aspect ludique très important dans mon travail, le processus de création et la forme finale sont très différentes.MPV : Le quotidien est votre principale source d’inspiration et votre univers imaginaire est tiré de la réalité. On y rencontre une petite fille à colonne végétale, des fleurs de neige sur la plage, des hommes verts dans le ciel ou des hommes noirs dans le jardin. En quoi le montage numérique stimule votre création photographique aujourd’hui ?G. : Je suis particulièrement fascinée par l’écran : la visualisation et l’appropriation de l’image sur écran. Zoomer, voir la matière, les détails d’une partie d’une image me donne des envies de découpage et d’assemblage. Je vois des images dans l’image, je découvre des personnages, de nouvelles histoires se dessinent. Également, la saturation et la vibration des couleurs stimulent ma vision picturale des choses et correspond à mon idée de la photographie : transcender la réalité. Pourtant, je suis souvent déçue par la transposition sur papier de la visualisation sur écran. L’impression numérique me semble souvent plus plate, plus terne, et moins profonde qu’un tirage argentique. Je devrais peut-être envisager de montrer mes photos sur écran !MPV : Vous pratiquez également depuis deux ans la capture numérique avec un Nikon Coolpix 8400. Découvrez-vous de nouvelles possibilités ? La capture numérique correspond-elle à votre approche ludique de la photographie ?G. : C’est différent. Avec cet appareil, je n’ai pas, bien sûr, la qualité d’image, en terme de piqué et de définition, de mon moyen format argentique, ou d’un reflex numérique, mais j’ai la mobilité, la souplesse, la légèreté d’un compact. C’est précieux. Je peux par exemple utiliser l’écran rotatif pour un point de vue déporté presque télescopique au c?”ur d’une scène, et la mise au point macro pour détailler au plus près les choses. Dans ma photographie en général, j’aime être impliquée, entrer ‘ au c?”ur du sujet ‘, cela aussi bien pour les personnes que pour les objets. Je découvre tellement de mondes différents lorsque je m’approche du détail. Dans ce cas, l’appareil numérique me donne plus de latitude. J’ai pu photographier, par exemple, un poisson rouge dans un aquarium, comme si j’y avais moi-même plongé. J’ai aussi la possibilité, comme avec le Polaroid ?” avec lequel j’ai beaucoup travaillé ?” de visualiser mes images ou de les fabriquer ‘ à la demande ‘ sans passer par le processus de développement au laboratoire. J’aime avoir un regard immédiat et concret sur ce que je fais. En cela, le numérique est un prolongement du Polaroid. C’est particulièrement intéressant pour moi quand je fais du montage. J’assemble en improvisant et, quand me vient l’idée d’ajouter tel ou tel élément que je n’ai pas encore photographié, je peux le réaliser dans le même temps.

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Marilia Destot