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Les charmes de l’imparfait

À l’époque du noir et blanc et des débuts de la couleur, les défauts de la photographie n’étaient pas forcément synonymes de manque de qualité. On…

À l’époque du noir et blanc et des débuts de la couleur, les défauts de la photographie n’étaient pas forcément synonymes de manque de qualité. On s’émerveille toujours devant certains clichés de Robert Capa, Henri
Cartier-Bresson et autres grands photographes – mais c’est vrai aussi pour de nombreuses photos d’amateurs – de la première moitié du XXe siècle, malgré un grain omniprésent, des lumières parfois hasardeuses, voire un
certain manque de netteté. Et même parfois à cause de cela ! Comme si on sentait que la perfection technique aurait nuit à la spontanéité, à l’émotion, au pouvoir évocateur de ces images – tel ce Nu provençal pris par Willy Ronis à la
sauvette, en passant dans le couloir… Il en va tout autrement de la photo numérique. Alors que le grain du tirage argentique pouvait nous paraître esthétique, le ‘ bruit numérique ‘ est considéré comme une tare. Sommes-nous plus exigeants ?
Sans doute ; et, paradoxalement, c’est parce que la photo est devenue un loisir de masse. N’ayant pas tous l’ambition d’être des Cartier-Bresson, nous attendons d’abord de notre appareil qu’il soit capable
de délivrer des images ‘ propres ‘, tendant autant que faire se peut vers la perfection technique. Les constructeurs l’ont bien compris. Faute de pouvoir réellement améliorer la qualité des optiques et la taille des capteurs tout en gardant
des boîtiers miniatures et des prix compétitifs, ils bardent leurs appareils de logiciels de plus en plus efficaces pour réduire le bruit, redresser les perspectives, améliorer les couleurs. On ne saurait évidemment leur en faire grief ; au
contraire, on ne peut que les encourager à continuer ! Mais tant que les appareils sont ce qu’ils sont, pourquoi ne pas essayer, nous aussi, en s’aidant de l’ordinateur comme naguère de l’agrandisseur, d’en tirer
le meilleur parti pour créer des images fortes plutôt que techniquement parfaites. À l’instar d’Arnaud Baumann (voir la rubrique Découverte de ce numéro), qui joue sur les imperfections du numérique, voire les amplifie. Et c’est
aussi de la belle photo.(*) directeur de la rédaction

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Bernard Montelh*