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L’électronique met le feu aux poudres

Quand les poudres ancestrales cohabitent avec une électronique de pointe… Ou comment le ciel s’enflamme à Chantilly.

Ce jeudi 17 juin 2004, dans les jardins et bassins du château de Chantilly (Oise), poussent d’étranges installations. A la veille de la première soirée des Nuits de feu, les artificiers de ce Concours pyrotechnique biennal international s’affairent dans des couloirs délimités par des cordelettes. Ils mettent en place les bombes, chandelles, comètes et décors qui, vendredi et samedi, illumineront le ciel nocturne de mille couleurs. Spectacle exceptionnel où les explosions synchronisées en rythme avec la musique dessineront de magnifiques tableaux de lumière. Devant une telle magie, qui verrait là la patte de l’informatique ?

Mise à feu en hautes fréquences

L’art millénaire de la pyrotechnie a en effet doucement puisé dans les nouvelles technologies de quoi améliorer la précision de ses ?”uvres éphémères. Sur la bande de terrain réservée à Eric Radzynski et à son équipe de la société Prestatech, gagnant de la précédente édition du concours et, à ce titre, responsable du bouquet final de cette année, une valise métallique au pied d’un groupe de fusées attire l’?”il. La société utilise le système de mise à feu Firemaster II qui fonctionne par ondes radio à haute fréquence. Donc sans fil, ce qui permet de limiter le nombre de câbles, toujours susceptibles d’être endommagés par les retombées incandescentes des feux précédents. Elle autorise aussi des déploiements sur de grandes distances. Et la batterie 42 volts de la valise apporte l’énergie nécessaire à la mise à feu au plus près des éléments. ‘ A l’extrême, s’amuse Eric Radzynski, nous pourrions déclencher le feu confortablement installés dans les tribunes avec le public. ‘ Huit valises similaires ainsi réparties sur le champ de tir constituent la première moitié du dispositif. Chacune contient une série de borniers numérotés sur lesquels viennent se pincer les fils électriques des inflammateurs qui s’échappent des tubes enfermant la précieuse poudre.Le reste se cache sous la tente de la régie. Pendant qu’il installe le matériel sur son coin de table, le responsable du bouquet final explique la conception de ces cinq minutes et quinze secondes de spectacle. ‘ Au départ, tout est dans la tête ‘, aime-t-il à répéter. Inspirés par les morceaux de musique sélectionnés, les tableaux naissent dans l’imagination des artificiers. Ensuite, le programme de musique assistée par ordinateur Cubase sert à caler précisément les départs de fusées. Musique et tops de déclenchement sont alors gravés ensemble sur un CD. En parallèle, tous les éléments du feu d’artifice sont consignés dans un fichier Excel avec leur numéro de ligne de tir et leur emplacement, afin de faciliter leur mise en place.

198 tirs durant la compétition

Pressé, Eric Radzynski termine les branchements. Sur la table, une console de tir affublée de son antenne radio et un petit boîtier relié à la régie son. Lorsque celle-ci envoie la lecture du CD préparé, ce synchronisateur récupère et transmet à la console de tir les tops de départ enregistrés avec la musique. En une fraction de seconde, la console ordonne la mise à feu des lignes intéressées en transmettant un signal codé aux valises. A lautre bout du champ, la valise provoque un court-circuit sur les inflammateurs concernés qui explosent, créent une étincelle et mettent le feu aux poudres. En tout, 198 ordres de tir seront ainsi transmis. Sous la chaleur de la tente, Eric est ravi : le toit transparent leur offre une vision intégrale de leur ?”uvre

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Olivier Lapirot