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Le resto où l’on tchate avec des baguettes

Chez Lô Sushi, le menu associe poisson cru et haute technologie. Les clients viennent à la fois pour manger, surfer et tchater avec leurs voisins de table.

‘ Coucou 6 et 7. Vous venez souvent ici ? ‘
‘ Bonsoir 45. ” Bon appétit 23 ! ‘.
Sur les écrans disséminés dans la salle, messages et petits dessins de toutes sortes fusent entre les convives. A la table 37, un client surfe sur le Web, tandis que son voisin envoie un courriel. Imperturbablement, des petites soucoupes de spécialités culinaires japonaises défilent à hauteur d’yeux sur un tapis roulant. Vous êtes chez Lô Sushi Pont-Neuf(*), un restaurant de type ‘ sushi bar ‘ où l’on consomme de la communication électronique tout en mangeant du poisson cru.L’unique salle du restaurant est située en sous-sol. Elle ne comprend qu’un vaste bar fermé, au centre duquel officie le cuisinier. Chaque client a devant lui un écran tactile individuel qui se pilote entièrement avec une petite baguette spécialement taillée.

Windows n’est pas au menu

Sur l’écran, nulle trace de Windows. C’est une interface maison baptisée Blind@lô qui permet d’accéder aux différentes fonctions offertes (sans supplément) aux clients du restaurant : surf, courrier électronique, clips vidéos sur la mode et, surtout, conversation en direct avec les autres tables. Tapez sur le bouton Chat, et vous pouvez alors composer votre message.Les plus patients utilisent le clavier virtuel, tandis que les autres (la majorité) dessinent lettres et croquis à main levée avec la baguette. Puis, en tapotant sur le bouton Envoyer, on fait apparaître un plan de la salle. Ce plan varie selon l’endroit où l’on se trouve, de telle sorte que l’on peut rapidement repérer la position visée : d’abord approximativement puis, en levant les yeux et en regardant le numéro posé au-dessus de l’écran du destinataire. Un coup de baguette et le message est immédiatement envoyé.Ces dialogues faciles ­ le plus souvent anodins­ mettent une ambiance conviviale et complice dans la salle, surtout aux heures de pointe. A tout moment, on aperçoit quelqu’un lever la tête ou se tourner pour connaître le numéro d’une position visée. Des sourires s’échangent. On entend des amis venus en groupe rire de leurs bons mots. On se prend à oser tenter sa chance au jeu de la séduction. Puis, quand on quitte l’endroit, on garde un souvenir assez étonnant de cette expérience. Car pour toutes les personnes côtoyées ou avec qui on a discuté par écran interposé, on ne se souvient que de leur numéro.

Et la cuisine dans tout ça ?

Autre aspect plutôt surprenant : on s’aperçoit qu’ici, manger n’est finalement qu’assez accessoire. Pourtant, se restaurer est un jeu d’enfant : il suffit de saisir au vol une des soucoupes de sushis, de makis ou de sashimis qui défilent sur le tapis roulant.Le prix du plat est déterminé par la couleur de la soucoupe, les équivalences étant indiquées sur une carte posée sur chaque table. A la fin du repas, l’addition sera calculée en fonction des soucoupes vides. Pour les plats qui ne sont pas sur le tapis et la boisson (eau, vin, saké ou soft drinks), il suffit de demander à un serveur ou une serveuse. Sympathique, mais au final, le bilan gastronomique est mitigé. La présence de l’écran faisant un peu oublier la fonction première du lieu, on ne fait pas toujours très attention à ce que l’on mange. D’un côté, c’est tant mieux, car la qualité est correcte, mais sans plus. Mais de l’autre, attention à l’addition ! Du fait de l’absence de formules, déjeuner ou dîner ici coûte plus cher que dans un restaurant japonais de quartier, d’autant plus que les boissons sont assez onéreuses. Un peu trop salés, les sushis branchés ?(*) Lô Sushi Pont-Neuf 1, rue du Pont-Neuf et 2, rue de la Monnaie, 75001 Paris. Ouvert 7 jours sur 7, de 11 heures à minuit.

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Jean-Marc Gimenez