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Le Passager : filmons sous la pluie

Récompensé par le prix des internautes de mouviz.com, Le Passager de Marc Desti est un court-métrage à huis clos. Réalisé avec une petite équipe et des moyens réduits, le film narre l’angoisse d’une jeune fille traquée par la mort dans une voiture, par une nuit d’orage.

Le Passager est un film à huis clos : une jeune fille se réveille dans le coffre d’une voiture et se fait agresser par un individu armé d’un couteau. Durant seize minutes, le spectateur vit l’angoisse du personnage qui se débat entre les sièges du véhicule pour échapper à son agresseur vêtu d’une soutane. Étrange réminiscence de Scream. Le sang gicle sur l’autoradio, les portes claquent, le moteur refuse de démarrer et la scène s’achève sur une chute énigmatique.Le tournage du film débute il y a un an. Plus qu’un tournage, un défi. L’équipe doit opérer sous la pluie durant une semaine. Pour mener à bien son projet, le réalisateur Marc Desti s’entoure d’un chef opérateur, d’un scénariste, d’un producteur exécutif et de trois comédiens, tous bénévoles. Une grange est réquisitionnée ainsi qu’une Citroën Xsara qui sera l’unique ‘ décor ‘ du film. Les conditions de tournage sont rudes : ‘ Le sol s’est transformé en boue à cause de l’eau que nous faisions couler en permanence ‘, se souvient Marc Desti. Pour la jeune comédienne Alice Bié, le tournage fut même traumatisant : ‘ C’était son premier court-métrage, nous tournions de nuit et elle était fatiguée, confie le réalisateur. Alice devait jouer sous une pluie battante, peu vêtue et exposée au froid. Au fil des jours elle a bien failli craquer, au point que dans certaines séquences, elle ne fait pas semblant de pleurer. ‘ Sur le plan technique, l’équipe a filmé avec un caméscope de poing Canon XM2. ‘ Nous avons loué un complément grand-angle pour le fixer à l’objectif mais nous l’avons malheureusement rayé. Cet incident nous a coûté la caution versée de 1 000 euros ‘, peste Florent Alzieu, le producteur exécutif. Le Passager a aussi bénéficié de compétences professionnelles. Pour reproduire la lumière de lune, froide et angoissante, le chef opérateur Hugo Barbier a utilisé différents spots sur le plateau : mandarine, blonde et mizard. L’étalonnage a été effectué sur le logiciel After Effects d’Adobe pour uniformiser la colorimétrie des plans. Le montage, lui, a été travaillé avec un logiciel amateur : Studio 8 de Pinnacle. Ce beau travail technique et ce scénario haletant ont séduit le public et ont permis au film de recevoir le prix des internautes de mouviz.com (100 000 votants) au Festival international du court-métrage, en 2005. Aujourd’hui, la fine équipe poursuit la tournée des festivals tout en regrettant que certains jurys limitent leur sélection au format 35 mm. Le producteur exécutif du film, Florent Alzieu, a bien envisagé de convertir le film sur pellicule 35 mm, mais la facture est exorbitante : ‘ Nous avons reçu un devis de cinq euros par image ‘, assure-t-il (un film se compose de 24 images par seconde). Les festivals français devront un jour s’adapter au développement de la vidéo numérique dans les productions de courts-métrages au budget modeste. De plus, le film numérique est présent depuis longtemps dans l’audiovisuel professionnel et pénètre progressivement le marché du cinéma. C’est un fait, les salles projetteront un jour à partir d’un disque dur !

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Édouard Maire