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Le paradis de la high-tech

Au c?”ur de Tokyo, ce quartier offre la plus grande concentration de boutiques d’informatique et d’électronique au monde.

Le quartier Akihabara (champ des feuilles d’automne en japonais) se spécialise à la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsque des étudiants s’y installent pour vendre au marché noir des postes de radio et des pièces détachées. Mais c’est à la fin des années 70, avec l’avènement de l’informatique grand public, que le quartier se développe pour devenir la plus grande concentration de boutiques d’informatique et d’électronique au monde. Certaines, regroupées dans le marché couvert ou dans les étages d’anciens immeubles d’habitation, sont extrêmement spécialisées. Ces dernières années ont été marquées par l’ouverture des plus grands magasins d’électronique grand public au monde. Yodobashi d’abord et, depuis cette année, Sofmap. Enfin, les célèbres Taito Station et Club Sega attirent des centaines de joueurs qui viennent passer plusieurs heures par jour sur des bornes d’arcade toujours plus spectaculaires. Depuis quelques années, librairies spécialisées en mangas et hentai (BD et dessins animés pornographiques), et magasins de déguisements, très prisés par les jeunes Tokyoïtes, remplacent petit à petit les anciennes boutiques. Ces dernières restent néanmoins majoritaires dans les étroites ruelles qui bordent Chuo Dori, l’avenue principale d’Akihabara. Moins attrayantes en apparence, elles proposent pourtant les mêmes articles qu’ailleurs et à des prix souvent inférieurs. C’est le rendez-vous des geeks et des otaku, ces passionnés capables de dépenser des centaines d’euros en gadgets futiles, jeux vidéo très anciens ou pièces détachées pour réparer ou améliorer une vieille borne d’arcade. C’est dans ces ruelles sombres aux immeubles défraîchis que bat le c?”ur d’Akihabara.

Une ambiance de foire

Les magasins d’informatique et d’électronique se suivent et se ressemblent. Alors, pour attirer le chaland, ils rivalisent d’imagination. Partout, des ‘ hurleurs ‘, armés de mégaphones et de pancartes, énoncent sans discontinuer les promotions du jour. De jolies filles distribuent des brochures publicitaires, accompagnant le geste du traditionnel Arigatô Gozaimas, merci beaucoup. D’autres, court-vêtues, invitent les clients à visiter le maid cafe local où des serveuses jouent aux héroïnes de manga ou aux soubrettes dans une ambiance bon enfant.

Le temple de l’arcade

Le Club Sega aligne une quantité innombrable de consoles de jeu sur sept niveaux. Dans une ambiance bruyante et enfumée, des centaines de Japonais de tous âges jouent seuls ou en réseau, parfois plusieurs heures d’affilée. Les jeux classiques (Tekken, Virtua Fighter…) côtoient des jeux plus étonnants, comme les simulateurs de courses hippiques ou de mahjong. Plus surprenants, les jeux de football ou de stratégie en réseau fonctionnant à l’aide de cartes magnétiques placées sur le terrain pour simuler la position des joueurs ou des troupes. Enfin, un étage entier est dédié aux Ufo Catchers, ces machines où on dirige un grappin pour mener un objet vers la sortie.

L’avenue de tous les plaisirs

Chuo Dori, l’artère principale d’Akihabara, regroupe les plus grandes enseignes du quartier, tel le Taito Station, qui fête cette année les trente ans de Space Invaders. Dans les étages de cet immeuble, les purikura, ces grands photomatons où les groupes de jeunes ?” souvent déguisés ?” viennent se faire tirer le portrait, ne désemplissent pas. Symbole d’un quartier en mutation, l’avenue accueille aussi Sofmap, qui est l’un des plus grands magasins d’électronique grand public au monde, avec une surface de près de 5 000 m2. Les rez-de-chaussée des tours font la part belle aux boutiques de mangas, mais aussi de hentaï, ces BD et dessins animés pornographiques, très populaires au Japon.

Bornes en kit

Dans un appartement au troisième étage d’un petit immeuble, G-Front est l’une des plus célèbres boutiques spécialisées en pièces détachées pour bornes d’arcade. On y trouve de tout, des boutons et manettes pour customiser sa machine aux cartouches de jeux Neo Geo MVS ou Capcom CPS2, en passant par les bornes vintage. Les vendeurs parlant peu anglais, mieux vaut savoir ce que l’on recherche.

Mangas et high-tech à tous les étages

De très nombreuses boutiques d’électronique, d’informatique, de figurines de collection, mais aussi des librairies de mangas et hentai ont élu domicile dans les immeubles d’habitation. Sur le trottoir, une pancarte indique le nom et l’étage de chaque magasin. Pour l’étranger ne sachant lire le japonais, la visite de ces immeubles aux escaliers bardés de posters parfois très coquins prend des allures d’exploration et réserve toujours d’étonnantes surprises.

Pas de petit profit

Il est 15 h, et le ciel se couvre rapidement. Dès les premières gouttes, toutes les boutiques, de la petite échoppe aux superstores, sortent sur le trottoir des présentoirs à parapluies jetables. Vendus 2,5 euros, achetés sans hésitation, ils seront jetés dans la première poubelle venue à la fin de la journée.

Boutiques spécialisées

Radio Center, le marché couvert, situé dans le c?”ur historique de Akihabara a des airs de souk marocain high-tech. Câbles électriques et informatiques, transistors, téléphones, microcaméras, PDA, matériel d’occasion… On trouve absolument tous les appareils et composants électroniques dans ces échoppes. Certaines sont si petites que les vendeurs s’y glissent en déplaçant le portail qui fait office de présentoir.

La confiance règne

Comme partout au Japon, la criminalité est quasi nulle à Akihabara. Pièces détachées, téléphones et accessoires sont disposés sans surveillance à l’extérieur du magasin. Les clients déposent leurs articles dans un panier et rentrent ensuite dans le magasin pour les payer.

Super Potato, le sanctuaire un peu rétro

Pas question de quitter Akihabara sans visiter Super Potato. Véritable institution au Japon et célèbre dans le monde entier, ce magasin, avec ses Mario et Pac Man en façade, diffuse à tue-tête les plus célèbres thèmes musicaux des anciens jeux vidéo. Un vrai chant des sirènes pour les fans de ‘ retrogaming ‘. Les deux étages du magasin présentent toutes les anciennes consoles et l’intégralité des jeux compatibles, depuis la Super Famicom jusqu’à la PC-Engine, en passant par les Super Nintendo, Megadrive et, bien sûr, les petits jeux Game&Watch qui firent fureur dans les années 80. Les manettes, câbles et autres accessoires sont également disponibles. Des consoles en libre accès permettent aux clients nostalgiques de redécouvrir les plus anciens jeux. Certains articles sont vendus dans leur emballage d’origine, et même parfois neufs. Évidemment, les prix dépendent de la rareté et de leur état de conservation. Certains jeux peuvent ainsi atteindre plusieurs centaines d’euros.

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Philippe Fontaine