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Le haut débit tisse sa toile

Lentement mais sûrement, le haut débit progresse partout en France, sous une forme ou une autre. Ainsi en Moselle, le conseil général fait installer un réseau de près de 1 000 kilomètres de fibre optique.

Mètre après mètre, les dents aiguisées de la trancheuse se creusent un chemin vers Thionville. L’énorme machine trace un sillon de 80 cm de profondeur dans le bas-côté de la route, et déroule délicatement cinq gaines de câble au fond de la tranchée. Nous sommes en Moselle, sur l’un de ces 20 chantiers où l’on est en train de déployer les câbles en fibre optique d’un réseau Internet à haut débit. Les travaux ont débuté en octobre dernier et devraient se poursuivre jusqu’en septembre 2006. Le réseau terminé atteindra 1 000 km et s’étendra sur tout le département. De quoi relier 93 % de la population.Mais pourquoi le département s’est-il lancé dans ces grands travaux ? ‘ Entre ceux qui ont un accès à Internet en haut débit et ceux qui ne l’ont pas, il existe aujourd’hui une vraie fracture numérique en Moselle, constate Hervé Siat, chef de projet du Réseau haut débit Moselle. Or, comme les opérateurs privés ne sont intéressés que par les liaisons rentables, ils n’auraient jamais installé un réseau aussi vaste. Devant ce constat de carence, nous nous sommes donc substitués au secteur privé pour construire un réseau à l’échelle de tout le département. ‘Le maillage est si serré que, les travaux achevés, aucune commune ne sera à plus de 15 kilomètres du réseau.

Réseau d’intérêt économique

Ce choix a bien évidemment un coût : 71 millions d’euros, entièrement financés par le département. Mais les élus, tous bords confondus, jugent l’investissement indispensable. Au même titre que les routes ou les voies de chemins de fer, les autoroutes de l’information sont perçues comme une arme à part entière dans le cadre de la politique d’aménagement du territoire. Après avoir souffert de la crise de la sidérurgie et de nombreuses délocalisations, la Moselle a subi ces dernières années une forte baisse de sa population, aujourd’hui stabilisée à un million d’habitants. Mais le conseil général a bien l’intention de rester millionnaire (en habitants). Mieux, d’ici à 2015, il s’est fixé l’objectif d’atteindre 1,1 million d’habitants. Il veut donc mettre tous les atouts de son côté.Le réseau à haut débit doit d’abord permettre à la Moselle de conserver son niveau d’activité économique, en évitant le départ d’entreprises vers des régions plus attractives sur le plan technologique. ‘ Nous avons le cas d’une entreprise dont une partie de l’activité est à Paris et qui était sur le point de partir ‘, explique Hervé Siat qui a maintenant la certitude qu’avec le haut débit, elle va pouvoir continuer à travailler sur deux sites différents. ‘ Et de nombreuses autres entreprises attendent le haut débit avec impatience ‘, renchérit Patrick Weiten, maire de Yutz et vice-président du conseil général de la Moselle, responsable de l’aménagement numérique du territoire.En fait, quand on connaît le poids des taxes locales collectées auprès des entreprises dans le budget de certaines communes, l’intérêt de les conserver chez soi apparaît comme encore plus criant.Le haut débit doit aussi permettre de lutter contre la désertification des campagnes. ‘ Nous ne pouvons pas, d’un côté, vouloir rapprocher les habitants de leur lieu de travail, réduire les embouteillages, maintenir les populations dans leurs communes et, de l’autre côté, concentrer le réseau haut débit et toute l’activité économique en un seul endroit, expose Hervé Siat. Ce serait tirer un trait sur des années d’aménagement du territoire ! ‘ Mais la Moselle n’attend évidemment pas tout du réseau. ‘ Nous n’avons pas la naïveté de croire que le réseau haut débit va résoudre toutes nos difficultés et que les gens vont rester en Moselle uniquement parce que nous avons le numérique, reconnaît Patrick Weiten. Mais cela fait partie d’un faisceau de conditions favorables à leur maintien. ‘D’ailleurs, une fois le réseau terminé, un autre chantier va s’ouvrir dans le département : celui des services à proposer. La Moselle ne manque pas d’idées : télésurveillance des personnes âgées, soutien scolaire, télé-médecine, télévision interactive, visioconférence, téléphonie… De nombreuses pistes sont à l’étude et restent à débroussailler. Certes, tout est à inventer dans ce domaine, mais… les tuyaux sont quasi prêts !

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Didier Forray