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Le BTX s’imposera-t-il ?

Promu par Intel, le format de carte mère BTX a de nombreux atouts, et des inconvénients qui risquent de nuire à sa généralisation.

Simplifié à l’extrême, un ordinateur n’est rien d’autre qu’un assemblage de pièces détachées… une sorte de gros jeu de Lego ! Au c?”ur de cet assemblage : la carte mère ! Elle se fixe dans le boîtier pour recevoir le processeur, la mémoire, la carte graphique et d’autres cartes d’extension. Ces composants provenant d’une multitude de fabricants, un standard définissant des normes précises s’est imposé pour assurer un assemblage parfait et un fonctionnement optimal du micro.En 1997, Intel a publié les spécifications du format ATX (Advanced Technology eXtended), le standard des cartes mères encore utilisé aujourd’hui. Y sont entre autres précisés : la dimension des cartes, la position des connecteurs et celle des trous de fixation ainsi que leur nombre. Sept ans après, en publiant les caractéristiques de son nouveau format BTX (Balanced Technology eXtended), le fondeur de Santa Clara ambitionne de renouveler la structure des cartes mères de nos micros. L’engouement du grand public pour des ordinateurs de plus en plus silencieux et de plus en plus petits motive ce changement. Trois tailles de cartes : BTX, Micro BTX et Pico BTX sont prévues. Si le BTX de base (32,5 x 26,7 cm) s’adresse aux utilisateurs de PC bien équipés et très évolutifs, le Micro BTX (26,4 x 26,7 cm) et le Pico BTX (20,3 x 26,7 cm) se destinent à ceux qui recherchent un ordinateur discret.

Une organisation chamboulée

Chacun des modèles est équipé de trous de fixation placés de façon à minimiser la pression infligée à la carte mère lors de l’insertion d’une carte d’extension ou d’une barrette de mémoire. De plus, les gros systèmes de refroidissement du processeur, atteignant parfois 500 grammes, ne risqueront plus de faire plier la carte sous leur poids.Le refroidissement est d’ailleurs un cheval de bataille d’Intel. Pour parvenir à ses fins, l’initiateur du standard n’hésite pas à chambouler l’organisation de la carte mère.Au premier coup d’?”il, les différences ne sont pas flagrantes. Mais en fait, connecteurs d’extension, barrettes mémoire et processeur sont déplacés. L’objectif est d’améliorer la circulation d’air entre les puces qui chauffent le plus. Le processeur se situe désormais à l’avant de la carte mère, là où il peut recevoir directement l’air frais de l’extérieur. Le flux qui refroidit les bouillants processeurs de dernière génération bénéficie d’une baisse de température de l’ordre de 5 à 10?’C par rapport à un système ATX. Dans l’axe du processeur, le chipset et la carte graphique profitent du même courant d’air. En théorie, un micro BTX peut se contenter d’un seul ventilateur et, ainsi, minimiser les nuisances sonores. Seules les cartes graphiques les plus performantes nécessiteront un ventilateur, alors que les autres se satisferont d’un simple radiateur.

Les réticences d’AMD

Disponible en différentes tailles et adapté à un refroidissement efficace et silencieux, ce nouveau format aurait tout pour plaire. Il trouve pourtant bon nombre de détracteurs. A commencer par AMD dont le processeur Athlon 64 se révèle, de par sa conception, pour le moins ardu à adapter au format BTX. Il intègre en effet la puce de contrôle de la mémoire qui se trouve éloignée du processeur, ce qui n’arrange pas les affaires d’AMD (voir encadré ci-contre). Il est alors difficile d’imprimer sur la carte mère des circuits électriques de longueur identique entre le processeur et la mémoire, condition nécessaire au bon fonctionnement du micro.Avec les autres processeurs, ce contrôleur est situé à l’extérieur, près des barrettes et dans l’axe des connecteurs. Si le problème de l’Athlon 64 n’est pas insurmontable, il nécessite un gros travail de recherche et des coûts supplémentaires dans la fabrication des cartes mères. Investissements que les constructeurs ne sont pas disposés à réaliser pour l’instant. De grands noms comme Abit, Asus, Gigabyte, Intel ou MSI ont d’ores et déjà présenté des échantillons de cartes BTX, mais elles ne sont compatibles qu’avec le seul Pentium 4 d’Intel. Un Pentium 4 compatible avec le BTX, un Athlon 64 qui s’adapte difficilement… mais quid de l’Athlon standard ? Pour l’instant, aucune information n’a filtré sur le sujet. Techniquement proche du Pentium 4 d’Intel, il devrait suivre le même chemin. A moins qu’AMD ne se refuse purement et simplement à passer au BTX !Un autre facteur risque de freiner le passage au format BTX : son incompatibilité avec les boîtiers actuels.La réorganisation complète des éléments de la carte mère a fait passer les connecteurs d’extension (PCI et PCI Express) à l’autre bout de la carte mère. Cette dernière doit donc désormais se monter sur le panneau latéral gauche du PC, contrairement aux cartes ATX qui se situent à droite. Cette inversion nécessite de renouveler les boîtiers que PALMER/CORBIS nous connaissons.

Surveiller son alimentation

Certains fabricants, prudents, ont eu la bonne idée de s’orienter vers des boîtiers réversibles compatibles à la fois avec l’ATX et le BTX. Si cette solution est certainement la plus sage, elle risque aussi d’être la plus chère.De son côté, l’alimentation électrique ATX reste compatible avec les cartes BTX de base. Au mieux, l’ancienne alimentation se connecte sur la carte mère BTX ; au pire, elle nécessite d’intercaler un petit adaptateur sur son câble. Des solutions qui rassureront ceux qui viennent d’investir dans une coûteuse alimentation aussi puissante que silencieuse !Enfin, les cartes BTX devraient voir disparaître le connecteur AGP au profit du PCI Express dont l’avènement devrait correspondre à la diffusion des micros BTX.Finalement, changer de carte mère pour un modèle BTX imposera donc non seulement de changer de boîtier pour un modèle certifié BTX, mais aussi de remplacer l’ancienne carte graphique AGP par un modèle PCI Express, et enfin de choisir un processeur de marque Intel.Avec ces contraintes, l’ATX a encore de beaux jours devant lui…

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Vincent Lheur