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L’amour à la sauce Internet

ConnectiC, une pièce de théâtre qui met en scène une parodie grinçante des sites de rencontres.

‘ On la refait, ça fonctionne pas… ‘. Le Café de la danse est plongé dans la pénombre. Sur scène, les comédiens de la compagnie Bord-Cadre participent au filage technique de la pièce ConnectiC.Depuis les gradins, Cécile Rist, metteur en scène, supervise cette dernière répétition.Le spectacle évoque l’amour à la sauce Meetic, le célèbre site de rencontres sur Internet. ‘ Félicie, tu devrais plutôt sortir de ce côté. ‘ Une rallonge trop courte, une ampoule grillée, des trajectoires qui se heurtent, les cafouillages s’enchaînent. Une lumière rose éclaire un Minitel vert et un canard sextoy jaune. Une colonne de spots diffuse du jaune, du rouge, du bleu et du vert, pour une ambiance un peu pop art.

Pour la vie… ou juste le ménage

ConnectiC est une pièce qui brouille les pistes, mélange réel et virtuel, balade le spectateur. Ça commence avec le vrai faux site de rencontres, Connecticlesite.com. Un site à la déco acidulée et furieusement années quatre-vingt, sur lequel les visiteurs sont invités à s’inscrire tout comme sur un vrai, à y consigner leurs aspirations pour devenir un ‘ corêveur ‘, et à enregistrer une petite annonce vidéo.Là, se côtoient vrais gens et comédiens de la pièce. On y croise donc des âmes seules en quête d’amour, d’autres, plus prosaïquement à la recherche d’une femme de ménage ou de leur sommeil perdu, mais aussi Georges et Patrick, les personnages de la pièce. Et Bernard Ménez. Certaines de ces annonces font également partie intégrante de la pièce, la ponctuent.Sur scène, la confusion est à son comble. Ce Mathieu qui prend place sur l’‘ araignée ‘, fauteuil rouge aux allures de siège de coiffeur pour dames, équipé d’une webcam et d’un vidéo projecteur, joue-t-il vraiment un rôle ? Et Georges, le producteur libidineux et inquiétant, n’est-ce pas lui que l’on a croisé sur le site, planqué derrière ses lunettes de soleil ?ConnectiC, la pièce, met en scène cinq personnages, qui se rencontrent sur ConnectiC, le site, se séduisent, s’aguichent et se repoussent, et tombent amoureux. Comme les accessoires, tables, chaises ou portants, ils mènent une danse organisée, légère et drôle au début, grinçante à la fin.

Des caricatures si ressemblantes

‘ Chaque pot a son couvercle, j’ai pas encore trouvé le mien ‘, déplore une dame dans une séquence petite annonce. C’est bien la préoccupation de Laeticia, Mélanie, Patrick, Georges et Zoé. Ils cherchent tous quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Comme ce sont tous de vivants clichés, c’est à la fois facile et difficile de s’identifier à eux. Facile, parce que leurs émotions, leurs interrogations sont universelles. Difficile, parce qu’ils sont assez antipathiques.Les dialogues sont nés de séances d’improvisation avec les comédiens. Et l’histoire a germé dans l’esprit de Cécile Rist, la metteur en scène, qui a assidûment fréquenté les Meetic et autres Match.com pour observer et y puiser de la matière, de la chair à théâtre.Internet, les nouvelles technologies, les nouveaux moyens de communiquer, tout cela résout-il les problèmes de fond ? ‘ S’inscrire sur un site, c’est facile, mais obtenir une rencontre ce n’est pas si évident ‘, témoigne une ‘ corêveuse ‘ sur le site ConnectiC.Communiquer, la compagnie BordCadre, qui a créé un minibuzz sur le Net, sait faire. Facebook, YouTube, MySpace, Flickr, la troupe a investi les principaux réseaux sociaux du Web 2.0. Jeune, et branchée nouvelles technologies, la troupe a cependant dû renoncer à l’informatique sur scène. Par peur du bug et des délais de lancement trop longs. Si webcams, téléphones portables et caméscopes font partie intégrante de la scénographie, d’autres idées un peu plus originales ont dû être écartées. Exit palette graphique et Wii sur scène. ‘ Cela ne fonctionnait pas théâtralement ‘, souligne GuillaumeTobo, cofondateur de la compagnie et codirecteur artistique.Dans les tuyaux de la compagnie BordCadre, du multimédia toujours, avec un projet de mini-vidéos en ligne, dont les héros seraient les personnages de la pièce. Et également la diffusion en direct sur le Net d’une représentation.Quant à ConnectiC, la pièce, les représentations reprennent fin août-début septembre, toujours au Café de la danse, à Paris. La preuve que ça fonctionne

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Magali Rangin