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La voix de King Kong

Elément indispensable pour plonger le joueur dans l’action, le doublage d’un jeu vidéo se réalise à la fin de la production. Voici comment l’équipe ayant travaillé sur King Kong s’est mise dans l’ambiance.

L’une des dernières étapes avant la commercialisation d’un jeu vidéo est l’intégration des voix des personnages. Comme pour un film ou une série télévisée, les éditeurs font appel à des comédiens professionnels. Mais la ressemblance s’arrête là : contrairement à ce qui se pratique pour un film, les doubleurs de jeux n’enregistrent pas tous ensemble, face aux images, mais tour à tour. Le travail de comédien n’en est que plus difficile, même si SergeThieret, directeur artistique chez Dune Sound, une société spécialisée dans le doublage des jeux vidéo, estime que la difficulté est avant tout dans le casting :‘ C’est plus un travail d’imagination. Il faut comprendre l’esprit du jeu, sans support visuel. Nous n’avons pas le temps de disséquer les répliques, il faut des comédiens qui comprennent vite et qui sont capables de produire plusieurs voix. ‘Car même sur un jeu à gros budget comme King Kong, il n’y a pas un doubleur par personnage. ‘ Nous avions onze rôles à distribuer, et huit doubleurs. Sur ce titre, nous avons été gâtés. Nous avions une description détaillée des personnages, nous avons pu rencontrer le scénariste du jeu et nous avons reçu beaucoup de vidéos extraites du gameplay (NDLR : les séquences de jeu) pour nous donner l’ambiance. ‘ A partir de toutes ces informations, le directeur artistique fait une proposition aux commanditaires en leur envoyant des échantillons de voix des acteurs. Après moult discussions entre Paris (où le studio d’enregistrement se trouve), Montpellier (où Michel Ancel et son équipe réalisent le jeu) et Hollywood (où les producteurs du film se trouvent), les acteurs sont choisis. Rendez-vous est pris pour la mi-août pour commencer les enregistrements.

Placer le joueur au c?”ur de l’action

Catastrophe ! La veille, Olivier Rabat, l’ingénieur du son et cofondateur du studio, reçoit un coup de fil de Montpellier. ‘ Michel Ancel souhaitait qu’on enregistre les voix avec deux micros, l’un à la distance normale, l’autre plus près de la poitrine des acteurs. Le but est de mieux restituer les distances et de donner au joueur l’impression de parler directement lorsqu’il incarnera le personnage principal, Jack Driscoll. ‘ Du coup, il a fallu réarranger la pièce où travaillent les comédiens et recalibrer les instruments d’enregistrement. Soit deux fois plus de travail, mais les conditions d’enregistrement étaient assez confortables. Avec une semaine entière consacrée à l’enregistrement, le studio a pu travailler en continuité dialoguée : au fur et à mesure que de nouvelles répliques étaient ajoutées, un logiciel les plaçait automatiquement au bon endroit dans le scénario. Pour se guider dans son interprétation, le doubleur pouvait entendre la réplique originale en anglais, mais aussi la précédente et la suivante. ‘ Même si chaque acteur a sa session d’enregistrement seul, cela nous permet d’obtenir au final de vrais dialogues, et non une série de monologues entrecoupés ‘, explique Olivier Rabat. Ce qui ne dispense pas d’un certain travail de nettoyage : ‘ Il faut uniformiser le niveau sonore des fichiers, pour que les chuchotements restent audibles et que les cris ne déchirent pas les tympans du joueur. Nous nettoyons un à un tous les fichiers ‘.Les développeurs n’auront plus ensuite qu’à remplacer les fichiers en anglais par ceux fournis par Dune Sound pour franciser le jeu

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Stéphanie Chaptal