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La vérité sur les prix des ordinateurs et des baladeurs MP3

Composants, taxes, licences… nous avons cherché à savoir ce qui coûte le plus cher dans un PC et un baladeur achetés en grande surface. Révélations.

Que paie-t-on exactement lorsque l’on achète un PC ou un baladeur MP3 ? Chaque consommateur averti sait que le prix de son matériel informatique comprend une partie de taxes, de main-d’?”uvre, et aussi
d’immatériel (la marque). Mais les constructeurs et les distributeurs sont peu enclins à rendre publics les coûts des divers composants, âprement négociés avec les fournisseurs, ni la marge réalisée sur chaque vente. Pas question en effet que
ces informations ?” stratégiques ?” tombent aux mains des concurrents.Aussi, rares sont ceux qui sont prêts à en parler, certains étant même contraints de n’en rien dire : les contrats signés prévoyant une totale confidentialité des prix d’achat. ‘ Les
négociations avec les fournisseurs sont très serrées, et le secret est de mise, c’est un sujet que nous préférons ne pas évoquer ‘
, résume le directeur commercial d’un assembleur de PC travaillant pour la grande
distribution. Pour en avoir le c?”ur net, nous avons croisé plusieurs sources afin de détailler le coût de deux PC et deux baladeurs MP3 (lire les encadrés suivants) : nous avons retenu un modèle représentatif du milieu
de gamme et un du haut de gamme pour les PC, un du bas de gamme et un du haut de gamme pour les baladeurs.Nos ‘ tickets de caisse ‘ comprennent le prix de chaque élément composant le matériel, la marge du distributeur ainsi que la TVA. La marge du constructeur est, elle, intégrée dans le prix de chaque élément à
hauteur de 3 % environ pour les PC (le constructeur d’un PC à 750 euros réalise ainsi 25 euros de bénéfice) et de 8 % environ pour les baladeurs MP3. Des marges minuscules qui expliquent que, pour abaisser les coûts de
leurs produits, les constructeurs cherchent à économiser sur tous les points.

Des composants à l’emballage, il n’y a pas de petites économies

Pour cela, leur première technique consiste à supprimer purement et simplement un élément. ‘ Sur un PC, le client regarde en premier le processeur, puis le disque dur, la carte vidéo, la mémoire ; les autres
éléments comptent généralement moins, et c’est donc sur eux que nous concentrons nos efforts ‘,
affirme un assembleur de micros. Les enceintes passent ainsi souvent à la trappe sur les PC les moins chers. Et sur les
baladeurs MP3 d’entrée de gamme, la batterie est remplacée par une pile alcaline.Deuxième option, faire baisser le coût d’un composant particulier en prenant un modèle identique moins cher. ‘ A chaque fois que l’on choisit un élément quelques centimes ou quelques euros plus cher,
il faut se dire que ce chiffre sera multiplié par des dizaines ou des centaines de milliers de pièces. Ça fait vite beaucoup d’argent ‘
, explique Louis Perrin, directeur produit de la division Mobility chez Packard
Bell, premier vendeur de baladeurs MP3 à mémoire flash en France.Le choix des composants nécessite toujours un compromis entre le bon tarif, des performances suffisantes et, surtout, une grande fiabilité. Car chaque panne entraîne un coup de téléphone au SAV de la marque ou du distributeur, et un
retour en atelier pour réparation. L’emballage est aussi un point sur lequel certains font de grosses économies en jouant la carte de l’entrée de gamme, alors que d’autres veulent, au contraire, mettre en valeur leur produit par
une boîte très soignée. Au final le coût de l’emballage peut varier du simple au triple, comme c’est le cas entre nos deux baladeurs MP3. Pour grappiller encore quelques euros, les assembleurs de micros ?” qui paient toutes
leurs pièces en dollars ?” doivent être en état d’alerte permanent. ‘ Nous passons des commandes toutes les semaines pour ajuster au mieux nos coûts, car lorsque le dollar monte, ce sont nos marges qui
descendent ‘
, déclare le directeur des achats d’un assembleur.Mais à l’heure des économies de bouts de chandelles, le choix n’est pas toujours facile. Certains constructeurs prennent ainsi le parti de bâcler la documentation de leurs produits, par exemple en la faisant traduire par
des stagiaires. D’autres, au contraire, s’y refusent :
‘ Packard Bell est connu pour la clarté de ses notices, et nous voulons maintenir cette réputation. Il faut aussi se dire qu’un bon mode
d’emploi, c’est autant d’appels en moins à la hot line ‘
, explique Fabrice Raoult, directeur général de Packard Bell France.

Marge de man?”uvre restreinte sur les taxes

Autre exemple, ce responsable d’un site de vente par correspondance qui assemble ses micros nous confie : ‘ Nous sommes obligés d’apporter un soin tout particulier aux boîtiers des PC que nous
expédions, en vérifiant leur rigidité ainsi que leur solidité, afin d’éviter que certains ne nous soient retournés car ils ont été endommagés lors de la livraison. Les boîtiers plus solides sont plus lourds, et par conséquent plus chers à
expédier, mais en contrepartie ils génèrent moins de retours. ‘
Restent certains coûts sur lesquels les constructeurs n’ont aucune marge de man?”uvre. La TVA (19,6 %) en premier lieu : on la retrouve dans
chaque ticket de caisse. Elle s’applique au coût de l’ensemble des éléments composant le matériel (sauf ?” heureusement ! ?” sur les autres taxes), et représente plus de 16 % du prix final de chaque
produit. En pourcentage, il s’agit souvent du poste de dépenses le plus important, devant les composants.Tous les fabricants de baladeurs MP3 doivent également s’acquitter de la rémunération pour la copie privée (la ‘ taxe Sacem ‘), et éventuellement de la taxe douanière sur les tuners FM. Et il ne faut pas
oublier de prendre en compte, pour tous les produits, l’obtention de la norme CE et la marge des distributeurs. Enfin, nos ‘ tickets de caisse ‘ ne comprennent pas le coût du service après-vente, qui peut devenir
exorbitant lorsque des séries entières d’un produit s’avèrent défectueuses…

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Benjamin Cherrière