La high-tech devient jetable

Réparation impossible, pièces détachées introuvables... lorsqu'un produit high-tech tombe en panne, il vaut souvent mieux racheter un modèle neuf !
Dans l'univers de la high-tech, les appareils ' Kleenex ', que l'on jette à la moindre panne, se multiplient. Constructeurs et distributeurs nous incitent en effet à changer de matériel après seulement
quelques années d'utilisation, quand ce n'est pas quelques mois...Cette tendance s'explique en partie par le renouvellement rapide des gammes proposées par les fabricants, accompagné d'une baisse significative des prix. Ecrans, imprimantes, ordinateurs, appareils photo numériques... on ne
dénombre plus les produits dont la qualité augmente de façon constante et rapide, alors que leurs prix dégringolent. ' Avec de nouvelles gammes toujours moins chères tous les trois mois, il devient difficile de ne pas être
tenté de se rééquiper régulièrement ', constate un professionnel de la distribution qui ne cache pas sa satisfaction.Mais si l'apparition de nouveaux modèles peut susciter des poussées de fièvre acheteuse, d'autres facteurs nous incitent à changer de matériel, non pas dans la joie et la bonne humeur, mais plutôt contraints et forcés. Le prix des
consommables, notamment. Source importante de profit pour nombre de fabricants, ces consommables (cartouches d'encre, batteries, etc.) sont vendus à des tarifs très élevés. A tel point que le coût de leur remplacement équivaut souvent
?" et parfois dépasse ?" l'achat d'un produit neuf. Or le ' consommateur rationnel ' opte toujours pour la solution la plus économique...Il fera le même choix, celui du neuf, si son matériel tombe en panne. Une réparation lui coûterait trop cher, à cause du prix des pièces détachées ! ' Alors que le prix des produits baisse, les
constructeurs maintiennent naturellement des marges élevées sur les pièces de remplacement, notamment parce qu'ils doivent financer leur stockage ', explique-t-on chez le grossiste informatique Actebis.Et si l'on additionne le prix des pièces et les frais de main-d'?"uvre, le devis d'une réparation peut aisément dépasser le prix d'un produit neuf ! Pour le vérifier, nous avons demandé à plusieurs SAV (à Paris et en province)
des devis pour la réparation d'une imprimante Epson à jet d'encre : le moins cher proposé atteignait 100 euros, alors qu'Epson commercialise des imprimantes à jet d'encre similaires à partir de 50 euros !Dans certains cas, la réparation est tout simplement impossible, notamment parce que les pièces détachées ne sont pas disponibles. En France, la loi n'oblige pas les constructeurs informatiques à maintenir un stock de pièces pendant
une durée déterminée. Selon les SAV que nous avons interrogés, les fabricants ne conservent des pièces, en moyenne, que pendant quatre ans.Une durée encore plus courte chez les assembleurs. ' Motivées avant tout par le prix de revient de leur matériel, ces marques dites "no name" disposent rarement de stocks de remplacement
suffisants. En cas de problème, nous devons donc tenter de réparer nous-mêmes le composant défectueux... C'est parfois possible, mais il y a des cas où l'on ne peut absolument rien faire ', reconnaît Henri Triebel,
président du centre de réparation Aevum.
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