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Judas : qui se cache derrière ?

Dans cet étonnant court-métrage, bientôt disponible en DVD, Jean-Pierre Cassel incarne un homme obsédé par son passé. Nicolas Bar y, jeune réalisateur très prometteur, nous dévoile les coulisses de son film.

Un vieil homme, seul, reclus dans un étrange appartement, s’adonne à une singulière occupation : grâce à divers judas et autres lorgnons judicieusement placés sur les murs, il épie ses voisins. Ceux-ci tentent d’oublier l’austérité de ces temps de guerre en se livrant aux plaisirs de la fête, de l’alcool et du jeu. Une décadence vivement réprouvée par les affiches de propagande étalées sur les murs, appelant à la ‘ Délation d’utilité publique ‘ par des slogans faisant froid dans le dos : ‘ Un fêtard est un traître ‘, ‘ Non aux affameurs ‘… Le vieil homme saisit la conversation d’une jeune femme et de son amant, où il est question de fuir la ville. Mais, soudain, la fête se fige. Les danseurs s’arrêtent, la musique se tait… et l’on découvre, derrière les apparences, une jolie métaphore du cinéma.Dans son quatrième court-métrage, le jeune réalisateur Nicolas Bary déploie un univers rétrofuturiste très personnel, même si on peut y déceler certaines influences avouées : l’ambiance oppressante du Brazil de Terry Gilliam, l’atmosphère malsaine de La Cité des enfants perdus de Caro et Jeunet, ou même le terrible Metropolis de Fritz Lang. Un véritable tour de force quand on sait que Nicolas n’a que… 25 ans. Il faut dire que le jeune homme n’a pas chômé : dès le lycée, il a trouvé sa vocation et tourne ses premiers courts-métrages à l’aide du caméscope de ses parents ou d’une caméra Hi8 empruntée. ‘ Une excellente école pour apprendre à gérer un projet de A à Z, nous confie-t-il. Travailler des mois pour finaliser un film de 20 minutes, cela nécessite une motivation et une détermination sans failles. Ce fut aussi l’occasion de réunir une bande de copains avec qui je travaille encore aujourd’hui. ‘ Car Nicolas a l’esprit d’équipe, et c’est peut-être là la clé de son étonnant parcours. ‘ J’ai ensuite fait une école de cinéma [l’Esra à Paris, Ndlr], mais sans finir le cursus. Alors que la plupart des étudiants se demandaient encore quelle voie choisir, j’ai monté une association pour pouvoir entamer de nouveaux projets de courts-métrages. J’ai ensuite eu la chance de travailler en tant qu’assistant technique sur des tournages qui m’ont beaucoup appris et m’ont fait rencontrer la plupart de mes collaborateurs actuels. ‘ Nicolas se fait ainsi la main sur des films à gros budget comme Le Petit Poucet d’Olivier Dahan, Pas sur la bouche d’Alain Resnais, Blueberry de Jan Kounen et, plus récemment, Da Vinci Code de Ron Howard. Il réalise également quelques spots publicitaires (Kinder, Total) pour financer ses films.Après plusieurs courts-métrages autoproduits et remarqués dans les festivals (Fragile avec Jean-Claude Dreyfus, Before avec Armelle), Nicolas se lance dans le projet de Judas, qui marque un pas vers une démarche plus professionnel le : ‘ Le film a été coproduit par les boîtes de production La Petite Reine et Chapter 2, cette dernière ayant été montée pour l’occasion par Dimitri Rassam. De plus, Judas a été préacheté par Canal +, qui l’a déjà diffusé à plusieurs reprises. ‘ Si le budget est plus important, l’ambiance sur le plateau est toujours la même, l’énergie débordante du jeune réalisateur étant pour le moins communicative. Et il en faut pour gérer une équipe de plus de cent bénévoles ?” dont trente-deux comédiens ?” sur un tournage qui n’aura pas duré plus d’une semaine ! Sur le plan technique, Nicolas a choisi d’opter dans ce film pour la pellicule 35 mm, pour des raisons esthétiques : ‘ Le numérique étant bien plus économique en termes de coûts de postproduction, nous avions fait le pari de tourner le précédent court-métrage, Before, en format HD, tout nouveau à l’époque. Pour Judas, nous sommes revenus au traditionnel 35 mm car je cherchais à obtenir des profondeurs de champ très courtes et une texture d’image particulière, ce que ne permettait pas encore la HD, surtout dans les mouvements. ‘ Mais Nicolas pense avoir trouvé la caméra idéale : ‘ L’arrivée de la Genesis de Panavision, une caméra HD optimisée comme une 35 mm, vient régler le problème. C’est avec elle que j’aimerais tourner mon long-métrage ! ‘ Car Judas n’est qu’un ultime tour de chauffe pour l’ambitieux Nicolas Bary, qui a d’ores et déjà écrit un long-métrage : Les Enfants de Timpelbach, adaptation du roman d’Henry Winterfeld, est en cours de préparation et sera tourné l’année prochaine, toujours avec la même équipe. On attend le résultat avec impatience !

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Julien Bolle