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Interdit de tout regarder !

Aide précieuse pour protéger les enfants des dangers d’Internet, les logiciels de contrôle parental ne sont cependant pas infaillibles.

Le Net est-il dangereux pour les enfants ? Oui, même si le risque est faible. Comme leurs aînés, jeunes et adolescents trouvent dans le Web un gigantesque vivier d’informations et de divertissements, et encourent les mêmes désagréments. Une recherche anodine peut aboutir sur une page à mille lieues du sujet original, et au contenu plus ou moins choquant. Quant au courrier électronique ou à la messagerie instantanée, ils peuvent servir à tout individu malintentionné pour entrer en contact avec n’importe qui et lui soumettre le contenu qu’il souhaite.Dans ce contexte, un logiciel de contrôle parental est un outil précieux. Véritable rempart entre le jeune et le Web, il surveille les échanges et tente de les expurger de tout contenu inapproprié : pornographie, incitation à la violence, à la drogue, au racisme, etc.Mais mieux vaut en être conscient : un logiciel de contrôle parental, aussi bon soit-il, n’est pas infaillible. Les éditeurs, qui en sont conscients, insistent d’ailleurs sur l’accompagnement parental. Dans la pratique, les logiciels de contrôle parental recourent à trois méthodes de filtrage. Chacune possède ses avantages, ses inconvénients, et ses limites.

Des adresses vérifiées et cataloguées

La première technique consiste à anticiper le surf de l’enfant et à interdire ou autoriser l’accès aux sites Internet selon leur appartenance à une liste pré-établie. Les éditeurs de logiciels de contrôle parental chargent des équipes de visiter le plus de sites possibles. Leur contenu est décortiqué, puis évalué. Chaque visite est référencée dans un catalogue régulièrement tenu à jour. A partir de ce catalogue et suivant le profil du jeune internaute, c’est-à-dire son âge, deux listes sont dressées et intégrées dans le logiciel.La liste noire contient une série de sites jugés inadaptés à l’enfant et, donc, formellement interdits. Ils sont en général identifiés à partir du vocabulaire qu’ils emploient, par des robots qui scrutent Internet en permanence.Au contraire, la liste blanche répertorie les sites accessibles sans danger. Pour effectuer ce diagnostic, c’est un être humain qui vérifie la teneur des pages. Les liens vers d’autres sites font l’objet d’une attention particulière : il ne s’agit pas qu’une page innocente renvoie vers un site dont le contenu l’est beaucoup moins.Dans le cas des plus jeunes internautes, les logiciels de contrôle parental privilégient le système de liste blanche. Celle-ci prend alors souvent l’apparence d’un portail, à partir duquel l’enfant accède exclusivement aux sites contrôlés. Il ne pourra atteindre aucun autre site, ce qui lui masque l’étendue des possibilités offertes par Internet.C’est pourquoi, lorsque l’enfant grandit, cette technique est abandonnée au profit de la liste noire. Dans ce cas, la proportion s’inverse : l’adolescent accède à l’ensemble du Web, excepté aux sites estampillés interdits.L’inconvénient de la méthode de filtrage par listes de sites est évident : Internet ne cesse de gonfler chaque jour, de nouveaux sites se créent, de nouvelles pages sont accessibles. Par conséquent, la maintenance d’un catalogue fiable est particulièrement délicate. Bien sûr, ces listes peuvent être mises à jour. Manuellement, par ajout de nouvelles adresses ou automatiquement, par téléchargement du nouveau catalogue depuis le site de l’éditeur. Mais il est impossible de recenser dans ces mises à jour tous les sites du monde. De plus, les listes ne concernent que le surf sur Internet, sans se soucier des courriers électroniques et des messages instantanés.

Des mots-clés pour ouvrir ou fermer les sites

Autre solution adoptée par les éditeurs : le recours à une liste de mots-clés. Ces derniers correspondent aux expressions répréhensibles que le jeune est susceptible de rencontrer sur le Web : injures, propos à connotation sexuelle, etc. L’avantage de ce principe est qu’il ne se limite pas au navigateur Internet : il s’applique aussi au courrier électronique et aux séances de tchate.Le logiciel filtre alors directement le texte échangé. S’il détecte une expression interdite, il bloque l’accès à la page, masque ou supprime, le message.Toutefois, la liste de mots-clés doit être correctement établie, ni trop sélective, ni trop laxiste. Par exemple, interdire l’expression ‘ X ‘ empêchera de consulter les pages consacrées aux ‘ rayons X ‘. Pour affiner le filtrage, certains programmes modulent les interdictions en fonction du contexte. Le mot ‘ sein ‘ prohibé en temps normal ne le sera pas sur un site médical consacré au cancer du sein. La technique de filtrage par mot-clé se heurte toutefois au problème de la langue. Les langues européennes sont convenablement reconnues, mais pas les langues asiatiques comme le japonais ou le coréen. Entre autres, parce que nos navigateurs ne reconnaissent pas d’emblée le jeu de caractères employé par ces sites, ce qui les empêche d’en décoder le texte. Or, sous une adresse anodine peut se cacher un site asiatique réservé aux adultes. Si le texte n’est pas compréhensible, les images restent explicites. Certains sites, d’ailleurs, n’hésitent pas à créer de fausses adresses à partir de celles de sites existants.

La déclaration des sites

Une autre méthode de filtrage se met en place au niveau international. Mise au point par l’Internet Content Rating Association (ICRA), un organisme créé par des acteurs économiques et commerciaux américains, elle repose sur un étiquetage des sites en fonction de leur contenu. Quatre critères sont évalués séparément : le langage, la nudité, le sexe et la violence.En pratique, les parents définissent le niveau de filtrage de chaque critère. Quand l’enfant atteint un site, le logiciel lit l’étiquette. Puis il rapproche son contenu des restrictions parentales pour déterminer si l’enfant peut accéder à la page. Cette technique présente deux inconvénients. D’une part, les sites déclarent eux-mêmes auprès de l’ICRA la teneur de leurs pages : aucune vérification n’est donc effectuée. D’autre part, les sites ayant adopté cet étiquetage sont encore peu nombreux, ce qui limite l’efficacité du système.

L’union fait la force

Ces trois grands principes utilisés par les logiciels de contrôle parental procurent des résultats plus ou moins satisfaisants. Il n’est pas rare que ces techniques soient associées pour obtenir une meilleure protection. Ainsi, les logiciels les plus récents utilisent souvent l’étiquetage promu par l’ICRA comme base de fonctionnement, et le complètent avec un filtrage par mot-clé ou par liste.Mais malgré leur nom, les logiciels de contrôle parental ne se substituent pas au rôle des parents. Il est nécessaire que ceux-ci prennent le temps de surfer avec leurs enfants pour ajuster les filtres proposés. C’est là le premier conseil pour protéger leurs enfants le plus efficacement possible

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Olivier Lapirot