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Il faut prendre des mesures !

Vêtements, fauteuils, canapés sont inadaptés aux morphologies actuelles. Pour les mettre à jour, 12 000 volontaires vont être mesurés en 3D. Le Nord ouvre le bal.

Le technicien ferme le rideau noir de la cabine. En sous-vêtements dans l’obscurité, Nicolas voit un faisceau lumineux rouge parcourir tout son corps. Il est employé aux 3 Suisses, à Croix, près de Lille, et a accepté d’être mesuré pour la Campagne nationale de mensurations organisée par l’Union française des industries de l’habillement (UFIH) et orchestrée par l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH). Ses collègues et lui ont été les premiers Français à se prêter à cet exercice rapide et plutôt amusant. En souvenir, il recevra une morphocarte, un tirage papier de l’image de son corps en 3D avec ses principales mensurations. ‘ Grâce à l’imagerie en 3D, on obtient directement la stature en volume ‘, explique le mesureur Eric Villain.‘ Je n’ai pas de gros problèmes pour m’habiller, sauf que les manches sont toujours trop longues ‘, raconte Nicolas, 31 ans. Avec l’évolution des morphologies, beaucoup de personnes rencontrent comme lui des difficultés à acheter des vêtements ajustés, et elles ne s’y retrouvent plus dans les tailles, variables d’un fabricant à l’autre. Pour partir sur de bonnes bases, on a fait appel au laboratoire d’anthropologie appliquée de Paris V, qui a formé les mesureurs à recueillir des données anthropométriquement correctes. Le mesureur pose sur le corps de Nicolas des pastilles autocollantes marquant son poignet, son cou (7e cervicale et fourchette du sternum), son genou, ses hanches, sa taille et ses épaules.

Scanné sous toutes les coutures

A l’image, ces pastilles serviront de repères. Dans la cabine, Nicolas est mesuré deux fois : d’abord assis, puis debout, les bras un peu écartés du corps. Les quatre colonnes à chaque coin de la cabine sont équipées d’une caméra laser. Pendant leur trajet de haut en bas qui dure dix secondes, les caméras capturent des images en coupe de son corps.Ensuite, les données sont transmises à un ordinateur sur lequel s’affiche une représentation en 3D de Nicolas et ses mensurations. Un logiciel, ScanWorX, permet à la fois de contrôler les caméras, d’afficher l’image en 3D et d’en extraire des mensurations classiques (tour de poitrine, de bassin, de cou, longueur des bras et des jambes) en passant des données en volume à des périmètres, longueurs et hauteurs. Mais comme les caméras laser sont, par exemple, incapables de détecter une coiffure qui ajouterait quelques centimètres, Nicolas se soumet aussi à des mesures manuelles (stature, poids, pieds, mains et tête). Les mesureurs transmettent ensuite les résultats aux analystes de l’IFTH, des données anonymes réunies dans un fichier ­image du volontaire en 3D et tableau Excel avec toutes ses mensurations et ses réponses à un questionnaire (âge, département de résidence, nombre d’enfants pour les femmes, tailles habituelles des vêtements, etc.).

Faire le lien entre toutes les mesures

Dans un premier temps, seulement les mensurations classiques seront exploitées. Des logiciels de statistiques et d’analyse de données ont commencé leur travail sur celles des 400 personnes mesurées aux 3 Suisses. Leur méthode consiste à établir des corrélations entre les différentes mesures principales et à calculer des moyennes et des écarts types pour chacune. Lors de la précédente campagne ­ en 1966 pour les hommes, en 1972 pour les femmes­ des étudiants spécialisés en statistiques avaient effectué ‘ à la main ‘ tous ces calculs fastidieux. De ces calculs sortiront les nouveaux barèmes à partir desquels l’industrie de l’habillement définira de nouvelles tailles.

Ventru ou athlétique ?

L’IFTH va aussi en profiter pour mettre à jour ses six morphotypes (ventru, longiligne, athlétique, etc.) pour classer les Français dans ces grands groupes : ainsi, 30 % des hommes de 40 à 50 ans sont plutôt ‘ ventrus ‘…Ce n’est que dans un deuxième temps que les données en 3D entreront en jeu, car l’IFTH recherche encore des logiciels spécialisés, en mesure d’exploiter ces données et d’interpréter la courbure du dos ou la corpulence du buste.Jusqu’à l’automne 2004, les deux cabines de prise de mesures numériques s’arrêteront partout en France dans les magasins des enseignes partenaires. Et, dès l’été 2005, les premières collections conçues aux nouvelles mensurations devraient arriver dans les boutiqueswww.ifth.org/mensuration

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Isabelle Boucq