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Icom’ tout le monde

A Lyon, Handicap international initie les handicapés aux nouvelles technologies. l’Icom’, son centre de ressources informatiques, propose des ateliers de formation et des micros en libre-service.

Les premiers adhérents sont déjà là, impatients d’utiliser les ordinateurs. Martine, qui se déplace en fauteuil roulant, espère résoudre le problème qu’elle rencontre chez elle avec son logiciel de messagerie. Avant de se mettre à la recherche d’informations sur le Net, elle se fait conseiller par Bernard qui, cet après-midi, s’occupe de l’animation de l’espace public. Patrick vient vérifier que son annonce de recherche d’emploi a bien été publiée sur le Web et s’exercer à utiliser Internet, dans la perspective d’un futur travail.Quant à Jacques, appuyé sur ses cannes, il fait figure de vieux routier ! Cela fait trois ans qu’il vient à l’Icom’. Au début, il ignorait tout de l’informatique. Aujourd’hui, il montre fièrement ses réalisations : des poèmes illustrés, un programme de gymnastique douce qu’il a lui-même concocté, les pages imprimées de ses recherches sur les Inuits, ses parties d’échec en ligne, etc. ‘ On fait tant de choses qu’on ne sait même plus tout ce qu’on a fait, confie-t-il. Et plus on en fait, plus on a envie de continuer. On apprend tout le temps quelque chose ‘Jacques vient à l’Icom’ deux fois par semaine. Internet lui est devenu essentiel : ‘ J’ai un handicap qui s’aggrave. Aujourd’hui, je me déplace encore assez facilement. Mais demain, je risque de me retrouver coincé chez moi. Pas question de rester à ne rien faire ! Avec Internet, je suis sûr de toujours m’occuper et de ne jamais être totalement seul ! ‘

Un espace de vraie convivialité

Françoise ne peut plus travailler en raison de ses problèmes cardiaques. Elle vient apprendre à se servir sans crainte de l’ordinateur : ‘ Il y en a bien un à la maison, mais c’est celui de ma fille. J’aurais trop peur d’effacer par mégarde un document important. Ici, je suis en confiance ! ‘Le temps s’écoule, les nouveaux venus saluent ceux qui sont déjà installés. On prend le temps d’échanger quelques mots avant de prendre place devant l’ordinateur. A deux postes voisins, Annabelle et Laurent, qui souffrent d’un handicap plus lourd, sont envoyés par un centre spécialisé. Laurent n’est là que pour jouer. L’adolescent s’en donne à c?”ur joie avec sa voiture virtuelle qui entre dans les murs et multiplie les collisions.Annabelle, pour sa part, commence par travailler sur des logiciels ludo-éducatifs en vue d’améliorer sa connaissance des sons et des lettres. Ensuite, à l’aide d’un trackball fixé devant elle par un bras de photographe et d’un clavier virtuel, elle écrit un petit journal. Le sujet qui l’intéresse, ce sont les grèves dans les maternités, car ses frères vont avoir des enfants. Ses gestes ne sont pas coordonnés, elle a du mal à s’exprimer, mais son travail progresse. Par le truchement de Céline, la responsable de l’accueil, elle nous fait comprendre que ‘ c’est important, parce que cela parle de sa vie ‘.

Présents aussi à l’hôpital

Dans l’une des salles voisines, Abdelmalek et Ismaël, deux animateurs, sont en pleine visio-conférence. Chacun est en relation avec un malade hospitalisé dans l’un des hôpitaux de la région lyonnaise pour lui apprendre à utiliser Internet. Pour les responsables de l’Icom’, l’utilisation de l’informatique participe à l’insertion des handicapés. Grâce à l’ordinateur, celui qui a du mal à écrire avec un stylo peut taper son texte, celui qui ne peut pas parler parvient à s’exprimer et, surtout, tous y trouvent un moyen d’oublier un peu leurs difficultés. En offrant des prothèses technologiques au lieu de prothèses de bambous, Handicap International reste fidèle à ses principes et à ses missions… tant que le centre survivra. Car si nul ne conteste son utilité et sa légitimité, il lui est de plus en plus difficile d’obtenir des subventions pour assurer son fonctionnement !

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Nathalie Bloch Sitbon