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Ici Portsmouth circulez !

A Portsmouth, cité balnéaire du sud de l’Angleterre, les rues sont truffées d’antennes. Elles reçoivent et diffusent des données qui transitent entre la mairie, les Abribus et les caméras chargées de filmer la circulation.

Portsmouth, à 120 km au sud-est de Londres et cité balnéaire de l’île de Portsea, est réputée pour sa longue plage, son trafic de ferries très dense et sa circulation cauchemardesque. L’île compte 190 000 résidents, mais accueille 6 millions de touristes par an.Du coup, les trois routes qui relient Portsmouth à l’Angleterre sont constamment engorgées. Ici, le temps moyen d’embouteillage par jour n’est pas de 3 h 30, comme dans les autres grandes cités anglaises, mais de 6 h 30 ! Pour faire sauter les bouchons, la ville a fait appel à un spécialiste des systèmes de régulation de trafic, John Domblides. Ce Britannique passionné de technologie affirme que Portsmouth possède aujourd’hui ‘ le système de régulation de trafic routier le plus moderne du monde ‘. Les objectifs de sa stratégie : améliorer les conditions de circulation et inciter les habitants de l’île à prendre le bus. Pour atteindre ces buts, John Domblides a étendu le réseau en fibre optique qui court à travers la ville.

Trafic en temps réel

Des caméras et des Abribus sont ainsi connectés par liaison ADSL ou par ondes radio au réseau interne de la mairie. Une antenne installée sur le toit du ‘ Civic offices ‘, le building dans lequel officie John Domblides, reçoit les données des caméras et des bus situés à proximité, et les transfère vers un ordinateur chargé de la régulation du trafic. La circulation est contrôlée par 140 caméras qui traquent accidents et embouteillages. ‘ 90 % des accidents sont détectés. Les images sont retransmises en permanence dans notre salle de contrôle et traitées pour être automatiquement et immédiatement envoyées, sous forme de mail ou de fax, à la police et aux services de secours ‘, explique John Domblides. Un traitement spécifique est également réservé aux bouchons. Sur les écrans de la salle de contrôle, leur formation est signalée par des diagrammes rouges qui, en cas d’engorgement, remplacent des lignes vertes. Au-delà d’un certain seuil, le système informatique modifie automatiquement la durée des feux de signalisation. Et pour éviter que les conducteurs ne s’arrachent les cheveux à force de chercher à se garer dans un parking bondé, d’immenses panneaux d’affichage électroniques, placés aux entrées et dans le centre de la ville, annoncent en temps réel le nombre de places disponibles.Plus étonnant, le système de communication des bus permet d’afficher, sur des écrans LCD couleur situés dans les abris, le temps d’attente et le numéro de ligne des bus qui vont se succéder.

Des Abribus high-tech

Comme dans d’autres villes, à Paris notamment, le repérage des 320 bus de Portsmouth s’effectue par GPS (Global Positioning System). Ces données parviennent, par liaison radio cellulaire GPRS, à l’ordinateur de la mairie chargé de la gestion du trafic routier et repartent vers les arrêts soit par liaison filaire ADSL, soit à nouveau par GPRS. Dans moins d’un an, le GPS devrait disparaître. Tous les bus seront alors équipés d’un mini-PC avec Windows XP et d’une petite carte réseau, semblable à une carte Wi-Fi. Chaque bus indiquera automatiquement, toutes les 15 secondes, sa position aux autres bus et aux terminaux situés dans les abris. Ces informations ne transiteront plus par la mairie, mais emprunteront la voie des ondes, via la même bande de fréquence que celle du Wi-Fi. Elles utiliseront toutefois une norme différente, développée pour l’armée américaine. Le basculement vers le 802.11 b et g, la norme du Wi-Fi, fait partie des projets de John Domblides. ‘ Il n’y a pas d’obstacle technique, les problèmes sont uniquement d’ordre financier, explique-t-il. Notre système est conçu pour que les horaires de passage des bus soient accessibles sur un ordinateur via une liaison Wi-Fi, mais aussi sur un mobile, via le Wap ou par SMS. ‘Aujourd’hui, Portsmouth possède 36 Abribus high-tech flambant neufs, tous équipés d’une borne tactile. Outre les horaires des bus, les usagers peuvent consulter la BBC, la météo, les offres d’emploi (fournies par l’équivalent de notre ANPE), envoyer un courriel ou une carte électronique et jouer. Ces arrêts de bus high-tech n’ont pour l’instant fait l’objet d’aucune publicité. Et comme les bornes sont discrètes, la plupart des voyageurs les ignorent. Les rares usagers qui, intrigués, les utilisent, commencent d’abord par consulter les horaires des bus, avant de s’apercevoir qu’ils peuvent jouer ! Casse-briques et réussites sont les services qui rencontrent le plus de succès. Certains voyageurs semblent d’ailleurs tellement captivés par ces distractions quils finissent par rater leur bus !

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Anne Lindivat