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HDCP : le gardien du temple HD

Pour lutter contre le piratage des disques Blu-ray, cette norme de protection des contenus HD contrôle les flux audio et vidéo sur les interfaces DVI et HDMI.

Créée à l’initiative des majors et des fournisseurs de contenus numériques qui souhaitent sécuriser leurs médias haute définition, à savoir les disques Blu-Ray, la norme HDCP a été mise au point par un consortium dans lequel Intel joue un rôle actif. Ce système, qui s’apparente à une gestion des droits numériques (DRM), consiste à limiter le signal haute définition (Full HD ou HD Ready), voire à empêcher sa transmission si les appareils impliqués dans la chaîne de traitement de l’image ne sont pas conformes à cette norme.

Risque élevé d’écran noir

Pour tirer profit d’un lecteur Blu-ray, il faut que l’écran HD, voire l’ordinateur avec sa carte graphique soient compatibles avec ce protocole. HDCP contraint les fabricants de téléviseurs et de platines de salon, mais aussi ceux de matériel informatique (ordinateurs, vidéo-projecteurs, cartes graphiques, lecteurs Blu-ray) à se mettre en conformité et acquérir une licence d’utilisation auprès d’une filiale d’Intel, Digital Content Protection. Le HDCP impose en effet la présence d’une puce pour le chiffrement et le décodage des flux vidéo sur les appareils HD. La connexion entre divers appareils HD (lecteur et téléviseur particulièrement) doit s’effectuer à l’aide de câbles HDMI ou DVI.Les téléviseurs HD Ready et Full HD tout comme les platines de salon et les lecteurs Blu-ray sont aujourd’hui compatibles HDCP. Les constructeurs informatiques s’y mettent également progressivement, notamment pour les cartes graphiques. Tout n’est pas pour autant réglé. Les choses se compliquent lorsqu’une partie du matériel HD n’est pas certifié HDCP. C’est le cas pour tout ce qui date d’avant 2005, date de l’approbation de la norme HDCP en Europe. Dans ce cas, deux possibilités se présentent. Dans les rares cas où le lecteur Blu-ray n’est pas HDCP, et sous réserve que le disque Blu-ray ne soit pas protégé en lecture, l’affichage bénéficie de la haute définition. Peu importe que le téléviseur soit HDCP ou non puisqu’il n’y a pas de chiffrement des flux au niveau du lecteur. Mais cette configuration est très rare car les modèles vendus avant la prise en compte du HDCP sont peu nombreux.En revanche, si le lecteur est à la norme HDCP (c’est le cas désormais de la totalité d’entre eux) mais que l’écran ou la carte graphique ne le sont pas, le signal sera limité à 576 lignes, ce qui correspond à la qualité d’affichage d’un DVD-vidéo (contre 1080 lignes pour un Blu-ray). La qualité du son sera également diminuée. Il se peut même que l’écran reste noir. Ajoutons que si la connexion entre la source et l’écran n’est pas établie à l’aide d’un câble HDMI ou DVI, là encore l’affichage ne s’effectue pas. Une possibilité consiste alors à passer par le port VGA de l’ordinateur (voir l’OI n?’ 204, Passer au Blu-Ray) mais la qualité sera dégradée, la chaîne numérique étant alors rompue. Pour empêcher le piratage des disques, le protocole HDCP s’appuie tout d’abord sur un processus d’authentification pour vérifier que le matériel est certifié conforme. Le système d’authentification est constitué de clés privées d’une longueur de 56 bits et d’une clé publique KSV (Key Selection Vector). Les clés privées sont attribuées aux constructeurs. La récupération de ces clés par autrui constitue une violation de licence et une tentative de piratage.

Du chiffrement à la volée

Lors du processus d’authentification, les clés publiques (KSV) de la source et du récepteur sont échangées ainsi qu’un nombre aléatoire sur 64 bits. Les clés publiques sont calculées de sorte qu’à la fin du processus d’authentification, les deux appareils obtiennent un nombre identique, sur 56 bits. Au-delà de ce processus, HDCP assure le chiffrement des données mais aussi la révocation des clés afin de bloquer les lecteurs qui seraient piratés.Enfin, pour qu’un matériel obtienne la certification HDCP, il faut que son Eeprom (mémoire morte) soit adaptée et flashable. Le processeur graphique doit être capable de chiffrer les données à la volée. Le fabricant doit également s’être procuré les tables de compatibilité HDCP.Reste les systèmes d’exploitation des ordinateurs. Pour Vista, Microsoft s’appuie sur un canal sécurisé pour la transmission des données protégées, PVP-OPM (Protected Video Path ?” Output Protection Management) qui succède à COPP (Certified Output Protection Protocol) pour Windows XP. PVP-OPM contrôle le flux vidéo sortant de la carte graphique et le redirige à l’aide du protocole HDCP vers un écran compatible DVI ou HDMI.Côté Mac OS X en revanche, il faut prendre son mal en patience, le temps qu’Apple fasse évoluer son système et son offre logicielle. Certes, les MacBook Pro sont certifiés HDCP Ready, mais il faut recourir à Windows pour tenter de lire des disques Blu-ray. Un comble ! Quant à Linux, à moins de sortir du cadre légal en cassant les protections, inutile pour l’heure d’y songer…

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Rémi Langlet