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Guide photo : Réussissez vos photos de sujets en mouvement

Les sujets en mouvement sont parfois un vrai casse-tête à photographier. Outre le matériel un peu spécifique, la photo d’action nécessite aussi quelques connaissances techniques. Quel plaisir une fois acquises !

Ça court, ça roule, ça bouge et… c’est flou. Comme de nombreux exercices photographiques, la photo d’action est une catégorie à part et qui requiert un peu de temps avant d’être maîtrisée. Contrairement au portrait (lire notre guide), où la relation au sujet est un paramètre essentiel, la photo d’action nécessite beaucoup plus de savoir-faire technique. Sans vous plonger dans les arcanes de cet exercice , nous allons aborder les principes fondamentaux du genre. Et ça commence par l’équipement.

Quelles optiques privilégier ?

Que vous fassiez des photos de poney galopant sous le soleil couchant de la plage du Porge ou que vous tentiez de capturer le passage d’un coureur cycliste lors du criterium de Gironde, un facteur reste constant : vous êtes éloigné de votre sujet. Vous avez donc besoin d’un téléobjectif, un style d’optique qui vous rapproche de ce sujet, tout l’inverse d’un grand-angle en fait. Pas de chance pour votre compte en banque, les téléobjectifs sont des optiques assez coûteuses et il vous faudra jongler entre qualité, luminosité, puissance de zoom et… budget. Les téléobjectifs à focale fixe sont assez rares et chers, donc vous choisirez sans nul doute un zoom, plus polyvalent.

Réussir les photos d’action avec les smartphones et autres petits compacts est une chose assez ardue car la réactivité, la prise en main, mais aussi les focales ne sont pas adaptées à cela. Un compact ou un bridge en mode rafale peut sortir quelques bonnes images, mais les smartphones, équipés de grand-angles, ne peuvent pas faire le job – à part pour les situations où il est possible d’être près de la cible, comme les photos de skate par exemple. Nous avons donc fait le choix de vous parler de boîtiers reflex ou hybrides, et d’optiques.

– Sony RX10 et Panasonic FZ1000 : équipés d’optiques lumineuses et d’un grand capteur pour des bridges, ces deux appareils sont des exceptions, un genre à eux deux et ils sont les seuls à pouvoir remplacer partiellement un reflex/hybride pour la photo d’action. Deux raisons à cela : ils sont équipés d’un capteur 1 pouce, plus grand que les capteurs de compacts. Mais ils sont surtout équipés d’optiques de grande qualité, un 24-200 mm f/2.8 pour le Sony et un 25-400 mm f/2.8-4 pour le Panasonic, ces deux modèles haut de gamme. Pour nous, ce sont les seuls bridges capables de remplacer un tant soit peu un boîtier et son optique. (lire les tests du Sony RX10 et du Panasonic FZ1000)

– Transtandard classique (type 18-200 mm, 18-300 mm) : ce ne sont pas des téléobjectifs purs, mais des optiques à tout faire. Ces zooms sont très appréciés du grand public parce qu’ils partent d’une position grand angle ce qui les rend plus polyvalents que les téléobjectifs. Pas trop chers, pas trop lourds et zoomant super fort, ces zooms sacrifient cependant la qualité d’image et la luminosité, n’en attendez pas trop et préparez-vous à pousser les sensibilités de votre boîtier.

– Zoom téléobjectif d’entrée de gamme : souvent un 55-200 mm f/4-5.6 livré en kit avec un reflex ou un hybride – presque gratuits, souvent à moins de 200 euros seuls. Ce ne sont pas des optiques de compétition mais elles sont légères. La qualité optique n’est pas supérieure à celles des transtandards (voire moins bonne pour les moins chères), mais leur maniabilité est un atout.

– Zooms téléobjectifs milieu de gamme : généralement des 70-300 mm qui ouvrent à f/4.5-5.6. Ces optiques coûtent entre 250 et 550 euros selon le fabricant, la génération et la qualité des lentilles. C’est à partir de ce budget qu’on commence à pouvoir se faire plaisir, notamment parce que les dispositifs de stabilisation fonctionnent mieux et que les lentilles sont plus grandes.

– Zooms téléobjectifs haut de gamme : cette catégorie rime avec 70-200 mm f/4 voire f/2.8 – pas de panique, on vous réexplique ce que signifie ce charabia en fin d’article ! Plus gros et plus lourds que l’optique d’entrée de gamme, ces zooms de référence sont utilisés par les pros, reporters et autres passionnés. Et pour cause : ils sont beaucoup plus lumineux et offrent une qualité d’image professionnelle dans un format suffisamment compact (de 900 g à 1,5 kg).

– Zoom super-téléobjectifs : là c’est du gros et du lourd, les poids se mesurent en kilogrammes ! Ces optiques permettent de voir loin, très loin, jusqu’à 600 mm si l’on se cantonne dans la tranche « abordable » du genre c’est à dire moins de… 2000 euros ! Les zooms super-téléobjectifs sont particulièrement adaptés pour les sports/actions où vous êtes bloqués loin de l’action, typiquement les sports mécaniques, le surf, etc. de même que pour les photos de nature. Dans les premiers prix, le vieux Sigma 150-500 mm f/5-6.3 se dégotte à moins de 800 euros neuf et constitue une bonne entrée en matière. Tamron connaît un franc succès avec son nouveau 150-600 mm f/5-6.3 DI VC USD à moins de… 1500 euros. On vous avait prévenu.

Quel boîtier choisir ?

Si les boîtiers à capteur plein format sont la norme chez les photoreporters qui couvrent la Coupe du Monde de football, c’est qu’ils ne payent généralement pas leur équipement. Dans votre cas, le capteur plein format peut s’avérer être un handicap si votre budget est très limité. Outre les boîtiers, très coûteux, les optiques adaptées à ces capteurs plein format sont elles aussi plus chères. Et plus lourdes. D’où le bon compromis des reflex/hybride experts à capteur APS-C ou Micro 4/3. Des capteurs certes un peu plus petits, mais qui offrent une meilleure puissance de zoom à focale égale (lire l’encadré). De plus, ces boîtiers experts offrent des rafales aussi bonnes que celle des boîtiers pros. Même si la mémoire interne ne digère généralement pas autant d’images que ceux-ci.

Dans la guerre hybride contre reflex, il faut noter que les reflex ont encore deux avantages dans la photo d’action : un parc optique plus riche en gros zooms et un format plus imposant, plus à même de recevoir de grosses optiques. Mais les hybrides, notamment au format Micro 4/3, commencent à être une alternative crédible.

Notre sélection de boîtiers :

– Micro 4/3 : OM-D E-M1 (10 i/s en AF simple, 6,5 i/s avec AF actif)
– APS-C : Sony Alpha A77 Mark II (12 i/s avec AF actif) ou Pentax K-3 (8 i/s avec AF actif)
– Plein format : EOS 5D Mark III (6 i/s avec AF actif)
– Plein format professionnel : Canon EOS 1D X (14 i/s avec AF actif)

 

La technique (1/3) : le charabia des optiques

La photo n’est pas compliquée à comprendre, mais les discours sont parfois obscurs à cause du jargon technique et surtout à cause de la culture qui l’entoure : l’informatique est une jeunotte à côté de d’une pratique née en 1827 dans la chambre de Nicéphone Niépce ! Avec une telle histoire, la culture et les jargons se sont transmis de générations en générations, laissant souvent les néophytes sur le carreau.

Décodons ainsi les inscriptions du zoom 18-55 mm f/3.5-5.6 livré de base avec de nombreux boîtiers. Les chiffres en millimètres correspondent à la focale de votre optique, c’est-à-dire le champ de vision. Mais attention, la langue n’est pas celle de votre boîtier, mais celle des reflex argentiques. Du coup, si votre appareil est un petit reflex familial, son capteur est plus petit et la focale est modifiée. Selon la marque, ce facteur est de x1,5 ou x1,6. Du coup, ici le 18-55 mm devient un 28-83 mm en EQUIVALENT 24×36, c’est-à-dire que sur votre petit reflex, il a le même champ de vision qu’un zoom 28-83 mm sur un reflex argentique ou plein format, les capteurs plein format ayant la même taille que les négatifs 35 mm traditionnels.
L’autre mention est f/3.5-5.6 et il s’agit de l’ouverture maximale du diaphragme de votre optique – le premier chiffre correspond à l’ouverture maximale en grand angle, l’autre à l’ouverture maximale en bout de zoom. Notée selon une échelle logarithmique inverse, l’échelle des ouvertures n’est pas intuitive au premier abord, mais il vous suffit de comprendre que plus le chiffre est petit, plus le diaphragme ouvre grand et donc plus votre optique capte de lumière. Plus le chiffre est grand, moins le diaphragme s’ouvre et moins il capte de lumière. Il est coûteux et complexe de réaliser des optiques qui ouvrent grand, elles sont donc plus chères. Et aussi plus lourdes et plus encombrantes.

Petit chiffre (f/1,4 ; f/2 ; f/2.8) = lumineux
Grand chiffre (f/5,6 ; f/8 ; f/11) = peu lumineux

La technique (2/3) : la stabilisation

Derrière les mentions « IS », « VR », « VC », « OS », « OIS » ou « OSS » se cache un même dispositif : la stabilisation. Dans ces optiques, une lentille est mobile et compense les vibrations. Cela permet d’avoir des images nettes lorsque le photographe bouge, mais aussi dans les basses vitesses ou quand le sujet bouge : la présence d’un système de stabilisation est aujourd’hui primordiale en photo d’action. Nous vous recommandons chaudement de vérifier la présence de la stabilisation dans vos optiques avant d’acheter quoi que ce soit SAUF si vous utilisez des appareils Pentax, Olympus ou Panasonic* qui utilisent un autre dispositif appelé stabilisation du capteur.
(*Panasonic n’intègre cette technologie que depuis un an ou deux, vérifiez bien la présence de la stabilisation du capteur en lisant la fiche technique.)

La technique (3/3) : rafale, autofocus et collimateurs

Un mode rafale est présent sur tous les boîtiers, généralement signifié par un logo représentant plusieurs rectangles empilés. Dans l’entrée de gamme, la rafale plafonne à 3 images par seconde, aussi préférez des modèles plus experts, qui vont jusqu’à 12 i/s. Non seulement les boîtiers experts sont plus véloces, mais ils sont de plus dotés de plus de mémoire interne appelée mémoire tampon, chargée d’encaisser les images avant l’écriture sur la carte mémoire. Quand votre rafale est ralentie et qu’une petite lumière clignote, c’est que cette mémoire très rapide mais limitée se vide sur votre carte mémoire qui est certes de plus grande capacité, mais bien plus lente. Les boîtiers les plus experts sont généralement équipés de systèmes de mise au point (l’AF appelé aussi autofocus) plus performants. Qu’ils s’appellent « prédictifs », « 3D » ou autre, ces dispositifs savent accrocher un sujet et, dans une certaine mesure, suivre ses mouvements pour garantir la netteté dans l’action. Pensez bien à activer cet AF plutôt que l’AF simple, appelé AF ponctuel, qui n’est pas adapté aux sujets en mouvement.

Dernier détail : les collimateurs. Ces petits carrés qui apparaissent dans le viseur ou à l’écran sont les zones où la mise au point doit se faire. Vous pouvez au choix choisir un carré ou une zone si vous savez, par exemple, d’où va venir le sujet. Ou alors vous laissez l’appareil gérer les collimateurs, en faisant confiance à sa détection des sujets.

Les bons réglages

Il y a grosso-modo deux types de photos d’action : les figés et les filés.
L’essentiel de la production de photos d’action sont des figés, c’est à dire des photos prises à l’ouverture maximale de l’optique et à grande vitesse. Ces clichés sont nets et capturent un moment précis : il faut donc être bien calé et déclencher en étant immobile.

Les filés sont pris à des vitesses plus lentes avec le diaphragme de l’optique fermée. Ces images offrent généralement des arrière-plans volontairement flous et mouvementés. Moins « propres » techniquement, ces photos font cependant passer plus d’émotion et rendent bien l’effet de vitesse. Le filé est un effet photographique, il faut l’utiliser avec parcimonie.

Réglage type pour un figé : mode T (temps) calé entre le 1/500e et le 1/2000e, ISO en mode Auto, l’appareil gère l’ouverture, le photographe stabilise son boîtier et reste le plus immobile possible. Normalement beaucoup de photos sont nettes.

Réglage type pour un filé : mode T (temps) calé entre le 1/80e et le 1/125e, ISO en mode Auto, l’appareil gère l’ouverture et le photographe effectue un mouvement de suivi de l’action dans un geste souple et continu. Le taux de déchet est assez important (c’est normal).

Ces deux réglages ne sont pas des valeurs absolues, mais de bons points de départ pour caler vos prises de vue. Une fois les premiers résultats évalués à l’écran, il vous faudra adapter les réglages à la lumière ambiante, en augmentant ou réduisant le temps de pose.

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Adrian Branco