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Et vous, comment filmez-vous ?

Et si le plus répandu des caméscopes à carte était un compact photo ou un téléphone ? Affirmation un brin provocatrice certes, pour tant les performances vidéo des compacts photo atteignent désormais des niveaux qui satisfont une nouvelle catégorie d’utilisateurs.

On filme avec une caméra, on photographie avec un appareil photo et on téléphone avec un… téléphone. Ces lapalissades ont reflété la réalité pendant des dizaines d’années. Il faut dire que, pendant ces années-là, il ne pouvait en être autrement. Chacun des outils technologiques de notre environnement était dédié à une tâche et à une seule, une spécificité elle-même encadrée par des technologies tellement différentes, que l’idée de passerelles était inenvisageable. Certes, des passerelles, il y en avait une entre le cinéma et la photo, mais elle relevait d’un détournement astucieux et non de la volonté de multiplier les possibilités d’utilisation (à l’origine, le film 24 x 36 était tout bêtement un morceau de film utilisé par le cinéma et que l’inventeur du Leica, Oskar Barnack, a détourné pour l’utiliser dans un appareil photo). La vague numérique a bouleversé les choses, sur deux plans. Le premier est le mode de fonctionnement même des appareils ; le second est lié à la généralisation du haut débit.S’il n’y avait rien de commun entre une caméra Super 8 et un combiné téléphonique, il y a énormément en commun entre une caméra vidéo actuelle et la partie vidéo d’un téléphone portable multimédia. Les principes technologiques sont les mêmes : un capteur électronique placé derrière un objectif produit un signal qui est amplifié puis enregistré sur un support informatique. Seule la qualité des composants diffère. L’objectif d’un téléphone est de moins bonne qualité que celui d’une caméra – son capteur étant plus petit, et la palette des supports d’enregistrement limitée à des versions réduites des cartes mémoire. La caméra, en revanche, dispose d’un choix bien plus étendu. Mais, pour le reste, tous deux fonctionnement de façon strictement identique.

Le haut débit a changé la donne

La différence de qualité et de performance des composants aurait constitué une barrière sans doute infranchissable, sans l’arrivée du haut débit. Traditionnellement, le film est destiné à être regardé à distance, projeté sur une surface relativement importante. Le Super 8 était projeté sur un écran, et la vidéo regardée à distance sur un téléviseur. Cette façon de visionner ce que l’on filme a été bouleversée par l’arrivée du haut débit. Celui-ci a rendu viable une pratique qui n’est pas nouvelle, celle qui consiste à utiliser le Web pour la diffusion d’images et surtout de vidéos. Pas nouvelle, parce que de la vidéo sur le Web, cela doit faire une bonne quinzaine d’années que cela existe, mais, à l’époque des modems, il fallait une patience infinie (et une infinie résistance à l’évanouissement devant des factures téléphoniques spectaculaires) pour les voir. Aujourd’hui, l’ADSL a rendu cette pratique réaliste. Résultat, le Web est devenu l’un des moyens de diffuser des images vidéo et plus encore de les regarder.Cette nouvelle pratique a plusieurs conséquences de taille. Tout d’abord, elle a abaissé énormément l’exigence qualitative. Si vous avez l’habitude de regarder vos productions sur un téléviseur, il est peu probable que votre téléphone vous paraisse longtemps constituer une caméra crédible. Si, en revanche, vos films doivent être regardés sur le Web sous la forme d’une petite fenêtre de 10 x 15 cm, votre compact photo vous donnera entière satisfaction et, dans certains cas, votre téléphone pourra même constituer une option valable.Ensuite, le haut débit a fait éclore de nouveaux usages. Alors que traditionnellement l’action de filmer avait pour vocation d’enregistrer un événement pour la postérité, désormais on filme parce que c’est intéressant, drôle, amusant et simple, sans avoir à se soucier de la pérennité du film réalisé et s’il vaut la peine d’être conservé. En cela, le Web correspond bien à cette notion de rapidité et de partage immédiat.Enfin, pour faire passer directement la vidéo de l’appareil au serveur Web, l’étape du dérushage de la cassette, longue et un brin fastidieuse, vole en éclats, grâce à la connexion USB qui permet de faire glisser sur le PC le fichier vidéo, lequel est ensuite directement expédié sur le serveur.

Les appareils mixtes photo-vidéo

Un compact photo pouvant être vu comme un caméscope capable de filmer mais aussi d’enregistrer les images une par une, quelques fabricants, Sanyo en tête, ont eu l’idée de proposer des compacts photo au design proche de celui d’un caméscope, en mettant en avant la fonction vidéo par rapport à la photo. Attention, cependant, si certains modèles avancent l’étiquette ‘ HD ‘, la qualité de la vidéo qu’ils produisent est assez éloignée de celle d’un véritable caméscope HD !En fait, les constructeurs de compacts photo (comme de téléphones) jouent sur le fait que les vidéos ne seront que très rarement regardées sur un téléviseur. Et c’est heureux, car leurs images de 640 x 480 pixels sont plus petites que celles produites par une caméra DV. Si, sur un écran d’ordinateur, les images fournies par les compacts peuvent, par bonne lumière, tenir la dragée haute à celles d’un caméscope DV d’entrée ou de milieu de gamme, il en va tout autrement lorsqu’elles sont diffusées sur un téléviseur. En outre, les formats d’encodage utilisés (le Mpeg dans diverses variantes) sont plus compressés que ne l’est le format DV.Quels que soient les reproches que l’on peut leur faire sur un plan qualitatif, ces nouveaux appareils à filmer (téléphones comme compacts photo) présentent pour une génération d’utilisateurs un avantage majeur : celui de l’accès immédiat aux images. La longue étape du dérushage, si elle se justifie lorsque l’on désire monter ses films, fait pâle figure à côté de la simplicité d’une connexion USB. En quelques minutes, voire quelques secondes, les images passent de l’appareil au PC, puis du PC sur le Web.

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Luc Saint-Élie