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Droits d’auteurs : et si on parlait d’argent ?

Le projet de loi sur les droits d’auteur a déjà fait couler tellement d’encre (voir p. 18) que je me demandais s’il était encore nécessaire d’ajouter…

Le projet de loi sur les droits d’auteur a déjà fait couler tellement d’encre (voir p. 18) que je me demandais s’il était encore nécessaire d’ajouter mon grain de sel. Et puis finalement, oui ! Je suis partisan, je l’ai déjà
dit, du principe de la licence globale, parce que je crois que c’est le seul moyen de ne pas jouer éternellement aux gendarmes et aux voleurs. Les ‘ voleurs ‘ ayant toujours, en matière de technologie,
une longueur d’avance ?” comme l’a justement rappelé un député UMP ?”, il faudrait, pour être efficace, instaurer une impressionnante police de l’Internet (l’expression n’est pas de moi, mais de François Bayrou)… que personne
n’est prêt à payer. On arrêtera les gros, mais les millions de ‘ petits pirates ‘ pourront continuer en paix. J’ai dit, et je le répète, que ce n’est pas bon pour l’image que les jeunes doivent se faire
de la loi. Pour autant, je n’ai pas de certitude. D’abord, je ne suis pas certain que la licence ‘ optionnelle ‘ soit une bonne solution, car elle suppose une police pour vérifier que ceux qui ne la
paient pas ne téléchargent pas. Et tout l’intérêt du système serait alors annihilé. Alors, une licence obligatoire ? Pourquoi pas. Bien sûr, ceux qui ne téléchargent pas de musique vont se sentir lésés. Tant pis ! Nous avons le haut débit
le moins cher d’Europe ; payer cinq ou six euros de plus ne serait pas rédhibitoire. D’autant que si les FAI veulent continuer leur course à la concurrence, rien ne les empêche d’en prendre une partie à leur charge… On avait fait les
mêmes objections pour la taxe ‘ copie privée ‘ sur les CD et DVD vierges et sur les baladeurs. Qui s’y oppose encore ?Deuxième point, le plus important : l’argent ! Les adversaires de la licence globale partent systématiquement du principe que celle-ci ferait s’effondrer les ventes de CD, et que le compte n’y serait pas. Or, aucune étude ne
vient étayer ces propos. Certaines prétendent même le contraire. Il faut, certes, les prendre avec prudence et ne pas s’en tenir là. Mais on sait assez sûrement que les plus grands adeptes du pair-à-pair sont aussi les plus grands acheteurs de CD.
Et aussi qu’une chanson téléchargée gratuitement n’aurait pas forcément été achetée. Comme l’a rappelé le président de la République, il faut trouver une solution équilibrée entre l’intérêt des internautes et celui des artistes. Alors,
donnons-nous-en les moyens, chiffres à l’appui ; la France ne manque pas d’économistes capables de mener une étude sérieuse sur ce que la licence globale ferait perdre aux artistes, et ce qu’elle leur rapporterait. Ensuite, on pourra enfin
discuter sérieusement.

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Bernard Montelh