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Des puces RFID à la ferme

Fièvre aphteuse, vache folle… L’identification électronique permet d’améliorer la traçabilité d’un cheptel et d’automatiser les tâches d’élevage. Visite guidée dans une ferme expérimentale.

Au Domaine de La Sapinière, une exploitation gérée par l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) et située à une dizaine de kilomètres de Bourges (Cher), plus de 2 200 moutons et près de 500 chèvres font quotidiennement l’expérience de l’identification électronique par puce RFID (Radio Frequency Identification). L’objectif ? ‘ Pour être rentable aujourd’hui, un élevage d’ovins doit miser sur des effectifs nombreux ‘, explique Edmond Ricard, du département d’Amélioration génétique des animaux de l’Inra. ‘ L’informatisation permet de rendre la gestion de ces grands troupeaux plus facile ‘, poursuit-il. En identifiant chèvres et moutons dès la naissance avec une boucle électronique, les chercheurs de l’Inra peuvent automatiser de nombreux processus.

Un émetteur-récepteur associé à une mémoire

Tri des animaux, pesée, contrôle de la production de lait, dosage des rations alimentaires, suivi sanitaire et gestion des carnets de vaccination : avec la puce RFID, le recueil des données est aussi rendu plus fiable. Le principe ? Un émetteur-récepteur dit passif, associé à une mémoire de 256 bits, développé par les sociétés Allflex et Nedap pour être testé par l’Inra. Lorsque la puce traverse un champ magnétique, le contenu de sa mémoire devient visible pour les lecteurs RFID présents dans l’environnement. Depuis 2005, les 20 millions de bovins que compte l’Australie sont équipés de boucles RFID, tandis que le Canada est en cours d’équipement pour les ovins comme pour les bovins. La France est en retard puisque l’identification électronique des moutons à des fins de traçabilité était théoriquement obligatoire à partir du 1er janvier 2008.

01 – Un destin tout tracé

Entre 10 et 24 heures après sa naissance, l’agneau reçoit son premier piercing : une boucle électronique contenant une puce RFID. À l’intérieur, un numéro à 11 chiffres permet d’identifier à l’échelle de la planète à la fois l’animal et sa provenance, grâce à un code dévoilant aussi l’identité de l’éleveur. Désormais, la vie privée de l’ovin n’aura plus de secret pour personne…

02 – Un parcours à la carte

De 250 à 260 brebis par heure : c’est le débit de ce parc de tri RFID unique au monde. Au bout du couloir, un portique recueille les informations de la puce. L’identité de l’animal s’affiche alors sur le boîtier de communication. Les critères de tri ? Isoler les mâles, envoyer les femelles à la traite ou encore sélectionner tous les agneaux de plus de 35 kilos pour l’abattage…

03 – Des contrôles sanitaires sur PDA

Une fois le sas d’attente rempli, la progression des moutons dans le couloir est suivie grâce à des capteurs infrarouges. Avec son PDA équipé d’une antenne RFID, l’éleveur profite du passage des moutons pour vérifier que les vaccins sont à jour. Si des analyses de sang ont été programmées pour un animal, un message d’alerte s’affiche également…

04 – Une bergerie truffée d’espions

Associé à une antenne, voici le boîtier de lecture des puces RFID qui permet d’identifier les animaux. Développé par la société Agid sur la base d’un prototype Inra, ce type de lecteur peut détecter une puce RFID jusqu’à 40 cm de distance. Pour augmenter la portée du dispositif, il faudrait opter pour des puces RFID dites actives, munies de batteries, ce qui est possible sur des animaux de plus grande taille mais néanmoins problématique en raison de l’autonomie.

05 – Des rations à distance

Programmée pour huit jours et automatisée, l’alimentation des animaux obéit à des critères rationnalisés. Une fois l’animal identifié par le distributeur automatique de nourriture grâce à sa puce RFID, le compartiment contenant l’auge s’ouvre pour laisser entrer la bête. L’objectif : lui dispenser du granulé alimentaire à volonté, tout en pesant la ration avant et après le passage de chacun. Ces données seront ensuite communiquées au PC de commande.

06 – Un mouchard dans l’assiette

Grâce au logiciel Acema de la société Acemo, l’éleveur suit au jour le jour la consommation de chaque animal, le nombre de ‘ repas ‘ et le temps de présence dans le compartiment à auge. Croisées avec des informations sur le poids, ces données permettent de sélectionner pour la reproduction les mâles qui affichent la croissance la plus forte. Si un animal ne mange pas assez, signe de maladie ou de dominance d’un mâle, une alerte prévient le propriétaire.

07 – Contrôler la productivité

Dans cette salle de traite
rotative, les chèvres laitières
pénètrent une à une. Un capteur
installé à l’intérieur du récipient
collecteur de lait permet
d’enregistrer la quantité produite
par chaque animal. C’est grâce
à l’antenne jaune disposée sur
la paroi de chaque stalle que
les chèvres sont identifiées.
L’éleveur recueille les données
au moyen d’un assistant
numérique, qui les transmet
ensuite à une base de données.

08 – Des mamelles sur écoute

Il suffit à l’éleveur d’appuyer sur un bouton pour commander le prélèvement d’un échantillon de lait. Il ne lui reste plus alors qu’à valider le numéro d’identification de la chèvre concernée. Collecté manuellement, puis analysé, cet échantillon permettra de donner une mesure précise de la masse graisseuse dans le lait et d’assurer un suivi de sa qualité bactériologique. Ce contrôle est réalisé une fois par mois.

09 – Prêt pour l’abattage

Dès sa première pesée sur une machine brevetée par l’Inra (précise à 5 g près et qui tient compte des mouvements de l’animal), chaque agneau porte sa boucle électronique : poids, sexe, et couleur de son pelage sont automatiquement associés à son numéro d’identité. Par la suite, l’automate de pesée suit l’évolution de la masse de l’animal en entrant ces informations dans la base de données. En consultant cette dernière, le système informatique est alors capable de définir le moment où l’abattage est possible.

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Judith Bregman