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Couleurs de l’enfance

Les rires, les regards et les couleurs de l’enfance composent le parcours émerveillé du photographe Philippe Tarbouriech en Asie. De rencontres spontanées en portraits pudiques et…

Les rires, les regards et les couleurs de l’enfance composent le parcours émerveillé du photographe Philippe Tarbouriech en Asie. De rencontres spontanées en portraits pudiques et sensibles. Suivez sa trace.Micro Photo Vidéo : vous êtes un photographe voyageur. Qu’aimez-vous capturer ici ou ailleurs ?Philippe Tarbouriech : les enfants et l’Asie sont des sujets qui me passionnent particulièrement. L’Asie est un endroit où je me sens bien. La gentillesse des habitants, la richesse de la culture, le mode de vie et le climat me plaisent. La palette riche des couleurs, des jaunes safran aux rouges profonds, en passant par les verts de la jungle, m’inspire. Voilà pourquoi j’aime y voyager et en rapporter de nombreux portraits d’enfants, entre autres. Je ne m’intéresse pas tant aux différences de cultures, de croyances et de modes de vie, qu’aux gens eux-mêmes et à ce qui les rattache les uns aux autres. Mes portraits tentent d’illustrer cette humanité partagée et de montrer que d’où que nous venions, nous avons les mêmes émotions, les mêmes expressions, les mêmes jeux.MPV : pourquoi les enfants sont-ils vos modèles de prédilection ?P.T. : les gens en général m’intéressent. Mais les enfants sont plus naturels et les premiers à venir à notre rencontre. Il est plus facile d’instaurer une complicité avec eux : en leur faisant de petits tours de magie, ou en leur demandant de m’aider à déplier et à tenir le réflecteur, ce qui les amuse beaucoup. Je les laisse prendre des photos, je fais des grimaces et ils m’en font aussi. Je prends le temps de faire connaissance avec les personnes que je souhaite photographier, qui m’entraînent aussi, et souvent, vers d’autres personnes et d’autres lieux. Mes portraits sont toujours le fruit d’une discussion et d’une mise en confiance. Je ne vole jamais une image. La photo est un prétexte fantastique pour créer des liens d’amitié.MPV : tous ces portraits sont réalisés au Canon D30 et Canon 1Ds. Depuis quand pratiquez-vous la photo numérique ?P.T. : depuis 1992. Je travaillais à l’époque comme ingénieur électronique dans la Silicon Valley. J’ai donc très vite eu en main différents appareils numériques et me suis frotté à la technologie photo depuis le silicium jusqu’au traitement numérique. J’ai écrit des plug-in pour Adobe Photoshop, que j’utilise depuis la version 1.0. Avant cela, je travaillais avec Studio32, un outil d’Electronic Arts qui fut le premier à retoucher les images en 32 bits. Photographier en numérique est donc tout à fait naturel et logique pour moi. La chimie et les chambres noires ne m’ont jamais attiré, même si je me suis initié à leur pratique.MPV : pourquoi restez-vous fidèle à la première marque de votre appareil photo ?P.T. : j’étais déjà équipé Canon en argentique, et j’ai continué en numérique pour profiter de mon parc optique, mais surtout parce que Canon propose, à mon avis, le meilleur choix de matériel. Canon a pour moi une stratégie d’innovation plus radicale que Nikon. Ils ont en particulier modifié la monture optique en passant au système EOS ce qui leur permet d’avoir des ouvertures plus grandes. Ils ont aussi introduit le CMOS plus tôt, ce qui présente des avantages multiples : un coût plus bas pour le fabricant comme pour le client ainsi qu’une autonomie plus grande. J’ai envisagé de passer à Nikon avec le reflex D100, mais la technologie Canon reste pour moi en avance de deux ans sur celle de Nikon. C’est dommage d’ailleurs, car ainsi, le choix au niveau professionnel n’en est plus vraiment un. Même mon compact est un Canon Ixus 700. Je l’utilise au quotidien, quand je n’ai pas de reflex avec moi, pour réaliser des petits films de ma fille.MPV : la photographie numérique peut apporter quelques contraintes en voyage. Quelles sont-elles pour vous ?P.T. : c’est évidemment l’autonomie en électricité, en mémoire, le poids et la relative sensibilité à la poussière. C’est pourquoi j’emporte toujours avec moi : trois batteries et un minidisque dur de 80 GB pour vider mes deux cartes mémoire (le pd70x qui fonctionne sur piles AA). J’essaie de voyager le plus léger possible : pas d’ordinateur portable ni de seconde optique. Je me contente souvent de mon objectif 24-70 mm F: 2,8 qui a des joints anti-ruissellement et anti-poussière. J’emporte aussi mon petit appareil de poche Ixus 700 et des accessoires lumière : un polariseur, un réflecteur de 1 m avec une housse et un flash. Et aussi, indispensable, une poire spéciale pour nettoyer régulièrement le capteur !MPV : quelles nouvelles sensations vous offre aujourd’hui le numérique ?P.T. : longtemps adepte de la diapositive, je n’utilise que du matériel numérique depuis cinq ans. Au-delà de la qualité et de la facilité, c’est surtout la dimension sociale qui me fascine et qui m’a ouvert de nouveaux horizons. Le photographe numérique ne capture pas une image mystérieuse dans sa boîte noire et qu’il emporte avec lui. Il peut tout de suite partager, montrer, amuser, rassurer, étonner, flatter et ainsi construire, grâce au retour numérique, une relation qui n’existait pas auparavant et se réduisait à une chasse furtive, et à distance, au téléobjectif. Ainsi, la dynamique s’inverse : on ne voyage plus pour faire des photos, on fait de la photo pour rencontrer les autres. Ce plaisir que je recherche, mes images tentent de le montrer, dans les yeux des personnes, dans les couleurs, dans les détails.MPV : outre le plaisir de partager, avez-vous appris et évolué techniquement grâce à la photo numérique ?P.T. : avec son aspect instantané, le numérique libère et accélère l’apprentissage technique. Le feedback permet de mieux contrôler et affiner le résultat, surtout en matière de lumière. De plus, en conservant les données de prises de vue avec le fichier image, je sais maintenant à quelle ouverture obtenir la profondeur de champ souhaitée pour telle distance de mise au point. Ou encore, quelle est la vitesse nécessaire pour figer tel ou tel mouvement à une focale donnée. La retouche numérique, elle, est à la photo couleur, ce que la chambre noire était au noir et blanc. Je sais désormais, dès la prise de vue, comment traiter et saisir la lumière pour l’optimiser ensuite dans Photoshop.MPV : justement, qu’apportez-vous à vos images en retouche ?P.T. : c’est mon secret… Avant tout traitement dans Photoshop, j’utilise le logiciel DxO Optics Pro qui corrige les défauts optiques de tout couple ‘ appareil/objectif ‘ comme le flou, la distorsion, l’aberration chromatique ou le vignettage. Une solution vraiment efficace qui soulage mes inquiétudes quant au défaut majeur de distorsion de mon association Canon 1Ds et objectif 24-70/ F: 2,8. Ensuite, j’ajoute souvent du contraste et de la saturation. J’assombris les côtés et certaines zones qui m’intéressent un peu moins.MPV : vous n’êtes pas encore totalement professionnel, alors à qui destinez-vous vos images ?P.T. : principalement aux internautes spectateurs de mon site, et d’un autre site communautaire où je présente beaucoup d’images (www.flickr.com). Ce site est vraiment bien fait et l’échange avec d’autres photographes est souvent passionnant. Il a donné une nouvelle visibilité à mon travail et m’a offert différents petits projets d’édition et de collaboration. J’expose aussi de temps en temps de grands tirages (40 x 60 cm) réalisés sur du papier mat d’archivage avec une imprimante Epson 2100. J’étais présent aux Rencontres photographiques du Genevois, à Saint-Julien (74), début octobre, et j’exposerai à la maison Fusier de Ferney-Voltaire (01) pendant le mois de novembre.

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Marilia Destot