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Bonne conduite virtuelle

Dans leurs labos truffés d’informatique, les constructeurs automobiles utilisent des outils de simulation pour parfaire leurs véhicules. Visite chez Renault.

Bienvenue au LPCMV (laboratoire de perception et contrôle du mouvement en environnement virtuel), installé au c?”ur du Technocentre Renault à Guyancourt (78). Ce laboratoire, qui regroupe une dizaine d’ingénieurs, est le fruit d’une association entre le constructeur et des chercheurs du CNRS (Centre national de recherche scientifique). Pour celui-ci, le but est de mieux comprendre comment l’automobiliste interagit avec son environnement proche ?” l’habitacle du véhicule ?” et ce qu’il perçoit de l’entourage. Pour Renault, l’objectif est d’améliorer ses outils de simulation pour accélérer le processus de fabrication des véhicules en réduisant le temps consacré aux tests physiques. ‘ Il ne s’écoule que deux ans entre la création d’un projet et la mise en circulation du véhicule ‘, explique Andras Kemeny, directeur de recherche associé du LPCMV.Concrètement, les équipes travaillent à partir de trois simulateurs principaux : une salle de réalité virtuelle, un simulateur d’éclairage et un simulateur de conduite appelé Ultimate. A lui seul, ce dernier a englouti 2 des 5 millions d’euros d’investissement qu’a coûté le LPCMV. Et il est plutôt impressionnant.Monté sur vérins, ce simulateur peut reproduire à l’identique toutes les sensations procurées par la conduite d’un véhicule, grâce à un programme donnant les caractéristiques techniques de la voiture. Pas moins de trois systèmes différents recréent le mouvement de l’automobile : le fauteuil vibre pour reconstituer l’impression de vitesse, les vérins restituent les changements de la route, et les rails horizontaux et verticaux simulent les brusques accélérations, changements de file et virages.

Des capteurs dans l’habitacle

Installé à bord, face à l’écran de visualisation panoramique, le testeur affronte toutes les situations possibles en ville, à la campagne ou sur autoroute. Des capteurs installés dans l’habitacle retransmettent tous ses mouvements aux quatre ordinateurs situés dans la salle de contrôle. ‘ En temps normal, nous conduisons en nous servant à 90 % de notre vue et à 10 % des informations vestibulaires [du sens de l’équilibre] et du toucher, explique Andras Kemeny. Mais pour certaines tâches, ce pourcentage varie. ‘ Le passage par Ultimate valide la sécurité et l’ergonomie des tableaux de bord conçus avant leur intégration sur le prototype final. Et en apportant des informations sur la façon dont un conducteur agit sur son véhicule, il fournit également des idées pour des systèmes d’aide à la conduite tels que le GPS (Global Positioning System) et la manière la plus efficace de l’intégrer au reste de l’habitacle.

Projection sur les phares

Le simulateur d’éclairage aussi est important, car les phares des automobiles ne se contentent plus d’être de simples projecteurs mécaniques. Toujours plus puissants (halogènes, lampes à décharge), ils suivent les mouvements du volant.Dans une pièce obscure, différents blocs optiques ?” en provenance de la concurrence ou des fournisseurs ?” sont inlassablement montés sur une voiture, une Safrane dédiée aux tests des phares ou un modèle en cours de conception. Sur l’écran à 210 degrés, un trajet dans différentes conditions de luminosité défile, tandis qu’un chercheur se met au volant et mesure la portée et l’efficacité des phares. Il évalue également la facilité avec laquelle les commandes s’enchâssent dans le tableau de bord.Plus classique, la salle de réalité virtuelle propose une simulation en 3D du véhicule. Celui-ci peut apparaître de manière fixe pour que les designers en apprécient la forme, le choix des couleurs ou des textures. Ou bien être intégré, encore une fois, à une vidéo en situation.Que les ingénieurs soient au c?”ur de la salle, ou qu’ils portent l’un des deux casques de réalité virtuelle dont dispose le laboratoire, des capteurs (situés sur les murs de la salle et dans le casque) suivent à tout moment leurs faits et gestes. Ici, il s’agit de s’assurer que la disposition des différents éléments dans l’habitacle ou la carrosserie ne gêne pas la vision du conducteur. Qui aurait imaginé qu’une simple voiture soit conçue avec autant de soin… et dinformatique ?

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Stéphanie Chaptal