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Blogue toujours…

A écouter l’air du temps, on finirait par être persuadé que l’élection présidentielle se jouera sur Internet. Que les blogs seraient l’expression d’une nouvelle démocratie ;…

A écouter l’air du temps, on finirait par être persuadé que l’élection présidentielle se jouera sur Internet. Que les blogs seraient l’expression d’une nouvelle démocratie ; l’endroit où les candidats écoutent la France profonde
et où les citoyens débattent librement, sans le filtre des médias classiques. Lesquels, paniqués à l’idée de rater le train de la modernité, se font de plus en plus les relais de la
‘ blogosphère ‘A l’origine du phénomène, le traumatisme du référendum sur la constitution européenne. Alors que la plupart des médias penchaient pour le oui, c’est le non qui l’a emporté. Surprise ! Politiques et journalistes se sont alors
avisés ?” trop tard ?” que les débats avaient fait rage sur le Net, où l’unanimité était loin d’être de mise. Et qu’ils ne l’avaient pas vu. De là à dire que la victoire du non s’est faite grâce à Internet, il n’y avait qu’un pas, que
beaucoup n’ont pas hésité à franchir. Contre toute vraisemblance. La France compte en effet 42 millions d’inscrits sur les listes électorales et, en calculant à partir des études de l’institut Médiamétrie, 6,3 millions de blogueurs de plus de 18
ans. En comptant large, supposons que 10 % d’entre eux fréquentent un site parlant de politique : 600 000 personnes. Comme ils étaient 30 % de moins en 2005, cela fait 1 % des électeurs (420 000 personnes) susceptibles
d’avoir été influencés par ce moyen. Si l’on y ajoute les sites et les forums, c’est en gros un million de personnes qui ont pu suivre le débat référendaire sur le Net. Et tous n’ont évidemment pas voté non ! Or, il y a eu le 29 mai 2005
29 millions de votants, et le non l’a emporté avec 2,7 millions de voix d’écart…Internet, outil du débat ‘ populaire ‘ ? Un jour, peut-être. Mais on en est encore loin. Car, toujours selon Médiamétrie, la moitié seulement des blogueurs postent des commentaires.
Ce qui signifie qu’en France, guère plus de 300 000 personnes participent activement au débat politique en ligne. Sachant que des milliers de sites sont consacrés à la présidentielle, et que les journées n’ont que 24 heures, on se demande si le
surplus d’information et de démocratie annoncé ne se réduit pas à peu de chose, et pour peu de monde.En réalité, les remous de la blogosphère ne prennent de l’importance que lorsque les médias classiques les relaient. Ainsi, tout le monde a entendu parler de la fameuse vidéo de Ségolène Royal à propos du temps de travail des
enseignants. Eh bien, à ce jour, même après le battage médiatique, les diverses versions visibles sur YouTube et Dailymotion n’ont été regardées que 100 000 fois…

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Bernard Montelh