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Alerte aérienne virtuelle sur la France

Pour entraîner la Force de réaction rapide de l’Otan, un vaste jeu de rôle a été organisé par l’armée de l’Air française. Un des buts de l’exercice : tester les réseaux de communication militaires.

Le 14 octobre 2008, peu avant 16 h. Le général de brigade aérienne Patrick Charaix a une décision difficile à prendre. Dans la zone dite ‘ Tory Pocket ‘, une enclave sensible située à la frontière du Tytan et du Kamon, deux pays fictifs en conflit, un hélicoptère s’est écrasé. La zone est-elle assez sécurisée pour déclencher le sauvetage de l’équipage ? La scène, digne d’un jeu vidéo, se déroule sur la base militaire de Solenzara en Corse. Il s’agit d’un important exercice d’entraînement de dix jours, appelé ‘ Opération Noble Ardent 08 ‘. Il implique huit pays de l’Otan, 84 avions de chasse et 500 militaires.Pour les pilotes français, c’est l’occasion d’apprendre à tirer le meilleur parti d’un nouveau dispositif de communication : la Liaison 16, un système d’échange de données qui transite par satellite. Alors que les avions Mirage communiquent encore par radio avec le sol, le chasseur Rafale est équipé, lui, d’un modem de transmission de données par satellite. Grâce à la Liaison 16, le pilote peut recevoir sur son écran de contrôle une mise à jour de la carte des forces en présence. Des informations envoyées par les Awacs, les avions-radars qui survolent les zones de combats.Le pilote du Rafale a aussi la possibilité de partager, d’un clic, les données-radars avec les autres membres de sa patrouille ou avec le centre de commandement. L’inverse est valable. Un pilote peut avoir accès, en temps réel et avec une sécurité maximale, aux données-radars de ses coéquipiers. C’est comme s’il disposait d’une multitude de sources d’information. Un moyen de visualiser, par exemple, les avions ennemis présents derrière lui… Autre avantage : le pilote peut déconnecter par intermittence son propre radar et devient ainsi indétectable pour les pilotes ennemis, tout en recevant sur son écran les informations émises par les autres membres de sa brigade ou par les Awacs. Très difficiles à décrypter, les données de la Liaison 16 sont émises par paquets, à peu près comme des données Internet, par phases de moins d’une milliseconde.

350 ordinateurs répartis sur 17 sites

Dans la salle de conduite des opérations, le général Charaix suit la situation en direct sur grand écran. Cette simulation qui mêle le réel au virtuel mobilise près de 350 ordinateurs répartis sur 17 sites, dont une quarantaine de serveurs sur la base militaire de Solenzara. Ils sont reliés par le réseau interarmées Socrate, mêlant fibres optiques et ondes hertziennes. Sur son écran, le général Charaix visualise l’espace aérien. Il prend connaissance des mouvements des forces aériennes au-dessus de la Tory Pocket et, pour plus de clarté, choisit de ne faire apparaître que les avions de chasse. Pas d’appareils ennemis en vue pour l’instant.Les informations stratégiques proviennent des radars au sol et des radars embarqués présents dans la zone. Elles sont d’abord traitées par le Centre de détection de Drachenbronn, en Alsace, puis envoyées à Solenzara via une liaison sécurisée sur le réseau Socrate. Le système de satellites Syracuse fournit, lui, des images de la zone. Des stations mobiles implantées sur la base corse pour la durée de l’exercice assurent leur réception. Sur un deuxième écran apparaissent les unités terrestres et marines. C’est décidé ! Couverts par deux chasseurs F16 dans les airs et deux avions A10 chargés de neutraliser toute menace terrestre, deux hélicoptères français sont envoyés pour tenter de rapatrier les équipages perdus

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Judith Bregman