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A Caen un mobile à tout faire ?

Caen teste un mobile capable de remplacer une carte de crédit, d’informer sur les horaires de bus ou d’afficher la bande-annonce d’un film. Tout un programme !

Dans le centre-ville de Caen, les téléphones mettent au défi les portefeuilles.Cent habitants ont accepté de se promener les poches vides pendant six mois, un simple mobile en main, une expérience lancée par Philips. Ne vous y précipitez pas : votre mobile n’est pas équipé pour bénéficier des services proposés. Les appareils prêtés par Samsung ont été modifiés pour recevoir une puce NFC (Near Field Communication), dérivée de la norme RFID. Un minuscule émetteur-récepteur radio intégré aux circuits électroniques du mobile, bien à l’abri sous sa coque, permet aux mobiles de communiquer avec les caisses enregistreuses du Monoprix et des Galeries Lafayette de la ville. Le paiement est simplissime : il suffit de passer l’appareil juste devant une petite borne NFC placée près de la caisse, puis de signer son ticket. Pas de carte magnétique à insérer, pas de code à composer, le confort est total.Deuxième application phare : l’entrée dans le parking sous terrain du centre-ville. Ici encore, il suffit de passer le mobile à 10 centimètres du lecteur et la barrière s’ouvre instantanément. Simple et efficace. Orange, partenaire de Philips, a imaginé dans la foulée d’autres services téléphoniques qui profitent de la technologie NFC.

Une multitude d’applications

Première application : un audioguide que l’on peut écouter près de cinq bâtiments historiques de la ville. Les bornes d’information touristiques y sont ‘ taguées ‘ avec de petites étiquettes RFID de couleur orange que les mobiles NFC peuvent lire. On doit d’abord activer son téléphone, en pressant la touche C pendant deux secondes. Puis on passe le mobile devant l’étiquette, qui communique un numéro de téléphone au mobile par ondes radio RFID. Le mobile demande alors l’autorisation d’appeler ce numéro. Si l’on presse la touche Oui, la communication s’établit. L’écouteur du mobile diffuse des commentaires historiques. A peine 20 secondes se sont écoulées entre le moment où nous avons pressé le bouton C, et celui où le téléphone a commencé la présentation sonore.Mieux encore. En façade du cinéma, l’affiche du film de Tim Burton, Les Noces funèbres, comporte une petite étiquette RFID. Si l’on passe le téléphone devant l’étiquette, le mobile demande l’autorisation de diffuser une bande-annonce vidéo. La diffusion est payante : le téléphone se connecte au portail d’Orange pour télécharger la vidéo (après plusieurs tentatives, car le réseau Edge passe mal). Pourquoi passer par le portail d’Orange ? L’étiquette ne peut-elle pas transmettre la vidéo au mobile directement ? ‘ Les débits de transmission [424 kbit/s, Ndlr] seraient suffisants, mais la mémoire des étiquettes RFID est trop petite : de 1 à 4 Ko en général ‘, rétorque Patrice Gibon, chef du projet chez Philips. Deuxième raison : les étiquettes NFC ne sont pas gratuites. Si Orange les a collées, il faut les rentabiliser. Le service est donc facturé au prix fort. Mais, avouons-le, même payant, il se révèle attractif.Il pourrait l’être plus encore bientôt. Philips évoque la possibilité d’aller plus loin, c’est-à-dire de réserver sa place dans la foulée, moyennant quelques centimes d’euros. Parfait pour éviter la queue à la caisse !Autre service expérimenté par Orange, payant là aussi : l’information en temps réel sur le trafic de bus de la ville. Ce service existait déjà avant l’expérimentation NFC.A l’époque, il fallait composer un numéro de téléphone, entrer un code correspondant à l’arrêt et un autre à la ligne. Le serveur renvoyait alors le temps d’attente précis. Grâce à l’étiquette NFC placée dans l’abribus, la man?”uvre est devenue un jeu d’enfant : il suffit de passer son mobile devant, puis de valider pour être informé instantanément du temps d’attente. De plus, on peut mémoriser les informations contenues dans l’étiquette et appeler le serveur quand on en a besoin afin, par exemple, de sortir de chez soi au moment du passage du bus.

Un développement incertain

L’expérimentation caennaise prend fin ce mois-ci alors que d’autres sont en cours ailleurs, comme à Nice où l’on peut démarrer sa voiture de location, réserver un hôtel et même ouvrir la porte de sa chambre avec son téléphone NFC. Vont-elles se concrétiser ? Rien n’est gagné : l’épreuve du marché est souvent cruelle.Premier obstacle : les puces NFC doivent, en tout premier lieu, conquérir le marché des mobiles. Signal positif : plusieurs téléphones compatibles NFC ont été mis sur le marché en mars. Et les grands fabricants de mobiles soutiennent tous la norme de Philips. Mais rien ne dit que dans deux ans, ou même cinq, on trouvera une puce NFC dans chaque téléphone mobile vendu. Tout dépend aussi de l’attrait du public pour la disponibilité, la qualité et le coût des services développés avec cette technologie. Deuxième obstacle : les commerçants, qui seront soumis à de coûteux investissements pour s’équiper en terminaux. Et là aussi, rien ne dit qu’ils soient prêts à les réaliser si précisément aucun client n’est équipé de téléphone NFC.Les spécialistes du marketing espèrent que les utilisateurs technophiles, premiers équipés, inciteront certains commerçants à investir, et entraîneront dans leur sillage le reste des consommateurs. L’avenir nous dira si le raisonnement était fondé.

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Nicolas Six