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3. Le règne des robots

Suffisamment perfectionnés pour saisir des matériaux fragiles et prendre des décisions en imitant des organismes vivants, les robots seront des dizaines de millions en 2010. Et certains, minuscules, ne seront même pas
visibles.

Des doigts et même un estomac !

Certains ont deux jambes, deux bras et une tête, d’autres des dizaines de pattes, des pinces et deux antennes. Certains sont uniquement domestiques : ils amusent les enfants comme le chien Aïbo de Sony, font la bonne à tout
faire comme Wakamaru ou l’hôtesse d’accueil comme Asimo. D’autres sont conçus pour travailler comme HRP-3P, qui remplace l’homme en milieu hostile, ou Roomba, l’aspirateur, et son petit frère Scooba, le nettoyeur de sols. Ce sont les robots, ils
sont 1,5 million sur Terre aujourd’hui et ils seront 6 millions l’année prochaine.Toutefois, les scientifiques ont encore bien du pain sur la planche. Ainsi, le seul fait de faire saisir un objet par une main robotique est complexe. La force doit être correctement répartie entre chacun des doigts pour ne pas
déformer l’objet et la prise doit être sûre afin d’éviter les phénomènes d’éjection. La 100G Hand de l’université d’Hiroshima est capable de prendre un objet de plusieurs manières : par le dessus, par le dessous, en le faisant pivoter et même
de le rattraper lorsqu’elle le fait tomber. Le Laboratoire de mécanique des solides de l’université de Poitiers a, lui, conçu une main à quatre doigts dotée de 16 articulations commandées séparément. Résultat : elle sait tenir une cigarette ou
présenter ses doigts pour recevoir un coup de règle ! La main de l’université du Michigan a, quant à elle, été conçue pour effectuer des touchers mammaires à la recherche d’un cancer. Et les scientifiques cherchant à imiter des organes vivants
ne s’arrêtent pas à la main : ceux de l’université de Bristol ont conçu un estomac pour leur robot. Celui-ci se nourrit de mouches qui sont ‘ digérées ‘ par des bactéries qui métabolisent les
sucres contenus dans les insectes et rejettent… des électrons fournissant de l’énergie au robot !

Après les jambes, la tête

Il ne suffit pas de doter les robots d’organes ultraperfectionnés, encore faut-il qu’ils puissent agir ‘ intelligemment ‘. Et pour cela, l’une des pistes les plus sérieuses réside
dans le biomimétisme : en clair, la copie du vivant. Dans une fourmilière, par exemple, aucun insecte ne dispose de toutes les informations sur sa colonie. Pourtant les fourmis arrivent à agir efficacement et de concert. Le Centre de recherches
sur la cognition animale de Toulouse a conçu des robots qu’il a introduits dans une fourmilière afin de leur apprendre à ‘ penser ‘ comme des fourmis. Pour explorer Mars par les airs, c’est le robot
Entomopter, conçu à l’institut de recherche technologique de Géorgie, qui va être utilisé. Son déplacement est calqué sur celui de la libellule.L’alternative au biomimétisme, c’est l’intelligence artificielle, permettant au robot d’apprendre ce qu’il perçoit. Pour programmer ses robots ouvriers, la société norvégienne PPM les a équipés de deux caméras. Les robots
‘ regardent ‘ tout d’abord un humain réaliser une opération et un programme se charge ensuite de convertir les informations recueillies en instructions interprétables. Intéressant pour éviter
l’opération longue et coûteuse de programmation étape par étape du robot. En Californie, les chercheurs de l’institut de neuroscience de La Jolla sont allés plus loin. Ils ont équipé leur robot Darwin 4 d’un
‘ cerveau ‘ électronique, un logiciel contenant des fonctions similaires à celle d’un cerveau de mammifère (cortex moteur pour les déplacements, cortex pariétal pour apprécier la position d’objets dans
l’espace). Capacité de ce cerveau : 20 000 ‘ neurones ‘, ce qui lui permet, après une heure trente d’apprentissage, de différencier deux types de blocs métalliques distincts. Le meilleur des
mondes entre biomimétisme et intelligence artificielle.

Poussière tu deviendras

Comme l’électronique, les robots vont bénéficier des progrès de la miniaturisation. Les chercheurs de l’université du New Hampshire ont ainsi réussi à concevoir un robot de 300 micromètres (soit 0,3 mm) de longueur pour
quelques micromètres d’épaisseur. Equipé d’un gouvernail en silicone, il peut se déplacer dans l’air à une vitesse de 200 micromètres par seconde, soit près de 15 millimètres par minute ! Et, dans ce cas, les robots ressemblent aux poussières
intelligentes, ou smart dust, des minuscules machines équipées d’un capteur et capables de communiquer entre elles en réseau. Dispersées sur une forêt, elles déclenchent l’alarme en cas d’incendie. Lâchées sur un champ de
bataille, elles détectent les mouvements de troupes.

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Alain Steinmann