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1805, Napoléon en haute définition

L’apogée napoléonienne vient d’être portée à l’écran pour le bicentenaire de la bataille d’Austerlitz. À la tête du tournage, Jan Belletti, un jeune réalisateur de 22 ans qui a mené cette bataille en haute définition.

Pour son premier long-métrage, Jan Belletti n’a pas fait dans la demi-mesure. À seulement 22 ans, ce jeune réalisateur a filmé les débuts de l’épopée napoléonienne en concluant par l’une des plus célèbres batailles de l’armée française : Austerlitz. En toile de fond, l’histoire d’un homme. Un ancien soldat des guerres révolutionnaires apprend que son jeune frère disparu s’est engagé dans l’armée impériale. Malgré ses sentiments pour une jolie fermière, il réintègre son régiment dans l’espoir de le retrouver.Passionné de cinéma depuis l’âge de 11 ans, Jan Belletti n’a jamais cessé de tourner : ‘ Entre 1993 et 2003, j’ai filmé deux cents courts-métrages pour me former ‘, explique-t-il. La théorie, il l’acquiert à l’École supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) où il ne reste que deux ans : ‘ J’ai rencontré à l’ESRA des gens qui avaient plein d’idées mais rarement des projets concrets. Au lieu de faire ma troisième année, j’ai préféré quitter l’école pour créer ma boîte de production, Every Pictures, et tourner mes propres films ‘, confie-t-il. L’idée de 1805 est venue naturellement. Son père faisant partie d’une association de reconstitution de batailles napoléoniennes, Jan Belletti décide de lier l’utile à l’agréable en proposant aux adhérents de l’association (Xe escadron de chasseurs à cheval de la garde et de la batterie des grognards de Haute-Alsace) de participer au tournage dans leurs costumes de scène. Vendu ! Quelques mois plus tard, tel un général sur un champ de bataille, Jan Belletti dirige son armée impériale venue des quatre coins de France et par fois d’Europe pour le tournage. Le budget n’étant pas à la hauteur d’un film historique, la production a dû se débrouiller pour rogner sur les coûts et les moyens techniques. ‘ Tous les comédiens et les techniciens du film sont des bénévoles. En contrepartie, je leur ai proposé un contrat leur donnant un pourcentage sur les recettes, ce qui révèle l’état précaire du marché ‘, glisse Jan Belletti. La prise de vue était assurée par une seule caméra : une Sony HDCam Ciné Alta filmant en 1080p (voir Techno p. 46). La production a opté pour la vidéo haute définition, plus souple au montage, moins coûteuse, et qui offre une image de qualité comparable à celle de la pellicule 35 mm. ‘ Nous avons reçu un coup de main de la société de location Bogard qui mise sur l’avenir de la HD et qui a cru à notre projet. Le fait d’avoir des acteurs bénévoles et passionnés a beaucoup aidé. Chacun ‘ jouait ‘ à la guerre depuis des années dans l’association et il a été facile pour eux de reproduire la guerre sous Napoléon. ‘ L’équipe a aussi obtenu le concours d’historiens pour soigner les détails, des costumes jusqu’au type d’arbre présent au XIXe siècle. Le son n’a pas été enregistré sur place, mais a été doublé et synchronisé en studio car le bruit des avions et des trains passant à proximité du lieu de tournage rendait l’enregistrement audio impossible, même si certains micros furent cachés sous les fusils. Mais le film fut avant tout une affaire de famille : ‘ Les acteurs principaux ne sont autres que ma s?”ur, qui chante dans le film, et mon père. La musique et les effets visuels ont été créés par des amis ‘, explique Jan Belletti. Une ferme, une grange et des champs à perte de vue ont servi de décors naturels au film. Après dix-sept jours de tournage intensif, le montage s’achève en 2004. L’étalonnage est ensuite effectué avec le logiciel After Effects où la plupart des lumières, des ombres et des contrastes furent retouchés. Après des mois de démarches auprès des distributeurs, le rêve de Jan Belletti s’est accompli le 30 novembre 2005 où 1805 est sorti au cinéma. Tourné en vidéo haute définition, le film ne sera diffusé que dans certaines salles de cinéma équipées en projection numérique. Le jeune réalisateur peut désormais ambitionner de nouvelles conquêtes cinématographiques.

Steadycam

Ce dispositif à contrepoids permet d’éliminer les secousses et d’obtenir un plan fluide.

Le camp français

Les éléments modernes du plan (maisons, routes, pilones électriques) ont été supprimés à l’ordinateur. Des tentes animées provenant d’autres rushes ont été rajoutées au premier plan. L’arrière-plan est une simple composition fixe. Le ciel, lui, a été remplacé pour mieux renforcer l’ambiance générale avec un filtre sépia.

Clonage de soldats

Les différents groupes de soldats ont été filmés séparément, puis recomposés dans un plan unique avec un étalonnage. Une façon astucieuse de compenser le manque de figurants.

L’agression

Des rayons lumineux ont été ajoutés au plan de départ pour renforcer l’atmosphère nocturne.

L’attaque intérieure

Un tir de pistolet est ajouté par ordinateur sur la droite du plan puisqu’il était impossible d’utiliser des effets pyrotechniques à l’intérieur du château.

La nuit américaine

Trucage classique, l’église a été filmée en plein jour. Pour obtenir un effet de nuit, la porte de l’église a été fermée et le ciel remplacé à l’ordinateur. Certaines briques d’aspect moderne ont également été remplacées. L’ajout d’une bougie a été nécessaire pour donner un peu de vie au plan.

La charge fantastique

Pour certaines scènes de combat à cheval, l’équipe a fait appel à des joueurs de horse ball qui sont habitués à se pencher au galop, au raz du sol.

Tournage en HD

Les moyens techniques n’étaient pas ceux d’une production classique de long-métrage. À commencer par la caméra, une Sony HDCam Cine Alta, filmant sur cassette en haute définition 1080p. Un choix justifié par le coût réduit et la souplesse du numérique au montage.

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Édouard Maire