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ZTE vs USA : la très mauvaise passe du constructeur chinois peut-elle toucher Huawei ?

Après avoir été interdit de puces Qualcomm, ZTE pourrait ne plus avoir accès aux services de Google. Face à cette levée de boucliers américaine contre le constructeur chinois, Huawei pourrait-il être le prochain sur la liste ?  

ZTE n’est clairement plus en odeur de sainteté aux Etats-Unis. Ce lundi 16 avril, le constructeur chinois se voyait interdit d’acheter tout composant à un fournisseur américain. Cela éliminait d’emblée Qualcomm qui lui fournit les SoC de certains de ses smartphones. Mais cela pourrait avoir des conséquences encore plus critiques  pour la marque.

La décision du département du Commerce des Etats-Unis inclut en effet non seulement le matériel, mais aussi les logiciels, explique Reuters. Cela pourrait-il alors empêcher ZTE d’utiliser Android sur ses smartphones ? La société s’y préparerait, mais les choses ne sont pas si simples.

Le Play Store, service le plus précieux de Google

Android est en effet un système d’exploitation open source que les constructeurs sont libres de reprendre à leur compte, de modifier et d’enrichir ; comme en témoigne les nombreuses surcouches existantes. Sauf que Google pourrait ne plus fournir au constructeur l’accès à ses Services, dont évidemment le Play Store. Sans boutique d’applications, autant dire que ZTE aurait encore plus de mal à poursuivre son aventure sur le marché des smartphones.

ZTE pourrait se tourner vers un autre fournisseur de puces. Même si ses SoC sont moins performants que ceux de Qualcomm, MediaTek serait une alternative possible ; au moins sur les modèles d’entrée et de milieu de gamme. En revanche hors du Play Store, point de salut en matière d’applications. Même Microsoft s’y est cassé les dents avec Windows Phone.

Huawei n’est pas le bienvenu aux USA

La décision de cette interdiction de sept ans a été prise après que ZTE a vendu des équipements télécoms à l’Iran et la Corée du Nord. En 2017, ZTE avait plaidé coupable et accepté de payer 1,2 milliard de dollars d’amende. Sauf que ZTE n’a pas respecté les mesures disciplinaires à l’encontre des cadres impliqués. Ces derniers auraient même eu droit à des primes.

Les deux cas sont difficilement comparables, mais l’autre géant chinois Huawei n’est pas non plus en position de force aux Etats-Unis. Les opérateurs lui ont tourné le dos lors du derniers CES de Las Vegas. Manque de chance, c’est à ce moment-là que Richard Yu, son PDG, voulait annoncer l’arrivée de la marque aux Etats-Unis. Sans deal avec les opérateurs, la mission s’annonce impossible : 90 % des mobiles vendus aux Etats-Unis le sont grâce à eux.

Huawei a aussi besoin de Google

Aucune sanction juridique n’a pour l’instant été prise contre Huawei, mais la pression politique du Congrès américain et de Donald Trump semble évidente. Le premier avait fait un lobbying appuyé auprès de l’opérateur AT&T pour faire annuler son partenariat avec Huawei. Le second avait répété durant sa campagne qu’il estimait que la Chine volait la propriété intellectuelle des entreprises américaines. Deux prises de position qui devraient mener à la limitation voire à la réduction du déficit commercial de 350 milliards de dollars envers la Chine.

Si les smartphones Huawei ne sont pas les bienvenus aux Etats-Unis, ils ne sont toutefois pas autant en sursis que ceux de ZTE. Huawei conçoit ses propres puces et peut donc se passer de Qualcomm. Cela deviendrait en revanche très compliqué si le département du Commerce, le Congrès ou Donald Trump changeait d’avis concernant Android ou le Play Store.

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Jean-Sébastien Zanchi