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Les geeks entrent en politique

Nous avons découvert lors des dernières élections municipales la liste la plus jeune de France. Moyenne d’âge : 21 ans. En bons “digital natives”, ils ont réussi leur coup (dès le premier tour) grâce aux réseaux sociaux.

Réveillez-vous les parents et vieux briscards de la politique : vos enfants, qui surfent et tweetent toute la journée, ont désormais l’âge de voter… et même de se présenter ! En France les jeunes geek qui ont tenté le coup aux Municipales sortent à peine du lycée. Une liste 100% moins de 25 ans, dont le leader vient de souffler sa dix-neuvième bougie, c’est une première. Mais si on en parle aujourd’hui, c’est surtout parce qu’ils ont réuni plus de 14% des suffrages au premier tour et plus de 15% au second ! A-politique. Ces digital natives n’ont pas passé d’alliance. Décidés à aller jusqu’au bout.

Et ça ressemble à quoi un programme de Digital Natives ?

Le programme le plus jeune de France tient en 50 caractères (pratique pour Twitter !) : Jeunesse, Culture et Sport, Ecologie et Ville 2.0. Quatre priorités, pas de blabla -de toutes façons ils n’ont pas le temps… ils ont cours la journée. Et pas d’argent non plus. Du coup, ils jouent leur campagne sur les réseaux sociaux. Facebook, Twitter, Instagram, Youtube, c’est rapide, gratuit… et ça les place numéros un dans le domaine face aux autres candidats de leur commune. L’un de leurs adversaires n’a d’ailleurs pu retenir son désarroi en pleine campagne : « 15 visites hier sur mon site après un mailing à plus de 1000 personnes, c’est pas gagné », a-t-il lâché. Un message prémonitoire puisqu’il ramait derrière les moins de 25 ans pour le second tour. Et n’a pas fait mieux non plus au second.

Et leur ville de demain, ils la voient comment ?

Les jeunes candidats imaginaient mettre en place une plateforme qui créerait le lien entre les habitants et la mairie. Et entre les habitants eux-mêmes, avec des échanges de baby-sitting, du covoiturage… Du numérique partout et de la démocratie participative : live-stream des conseils municipaux, sondages en ligne… Bref, une bonne séance de rattrapage sur les outils avec lesquels la « génération Y » a grandi. Mais pas de révolution municipale non plus. Et ils assument. Tout ce qui les intéresse pour l’instant c’est de déplacer le curseur vers le numérique et la jeunesse. Selon eux, « il n’y a pas un désintérêt de la jeunesse pour la politique, mais de la politique pour la jeunesse ».

Cela dit, heureusement les engagements de la génération Internet vont parfois plus loin. Comme avec le Parti pirate, qui affiche un programme détaillé et dont le discours est solidement construit (depuis 2006 en France). Dans les grandes lignes, concernant le numérique : ils sont contre le fichage et contre la vidéosurveillance. En revanche, ils militent pour la légalisation du partage sur les réseaux ou encore un open data généralisé sur les données publiques. D’ailleurs, preuve encore que ces engagements sont très sérieux : le Parti pirate a obtenu son premier élu en France, dans la Drôme.

Doucement, mais sûrement, les geeks se mettent à la politique. Cela pourrait provoquer un changement profond dans notre rapport à ce petit monde, voire à la 5ème République… 

Cette chronique est issue de notre émission hebdo. Vous pouvez la retrouver en intégralité de 01Live Hebdo #10 

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Delphine Sabattier