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Zone Téléchargement, ce petit business familial de 1,5 million d’euros par an

Voitures de luxe, résidences secondaires, comptes offshore… Le site de piratage faisait vivre grassement tout un clan de personnes qui, maintenant, risquent de se retrouver en prison.

Si vous faites partie des internautes qui attendent le retour de Zone Téléchargement (ZT), vos espoirs seront probablement vains. Certes, le site de téléchargement pirate est de nouveau en ligne, mais il ne fonctionne pas. Le site DL-Protect (DLP) – qui hébergeait l’annuaire des liens de ZT et le protégeait contre le déréférencement de masse  – est toujours inactif. Il est impossible de télécharger quoi que ce soit. Dans l’état actuel, le site est donc une coquille vide. Et il n’est pas certain que les administrateurs parviennent à reconstruire le système d’antan, car les forces de l’ordre ont frappé fort.

Selon la Sacem, dont la plainte est à l’origine de cette opération, les serveurs de ZT et DLP ont été saisis en Allemagne et en Islande par l’intermédiaire de commissions rogatoires internationales. Sept personnes ont par ailleurs été interpellées en France et à Andorre. Deux d’entre eux étaient des administrateurs de ces deux sites. Les autres était leurs « femmes et parents ». Ils n’avaient aucun rôle opérationnel mais bénéficiaient directement des retombées financières. Selon LCI, cinq personnes sont toujours en garde à vue et devraient être présentées à la justice demain, 30 novembre, vers 15h.

Revenus publicitaires

Il faut dire que ce clan familial vivait grassement sur la bête. Selon la société des ayants droit, ce business illégal rapportait 1,5 million d’euros par an, grâce aux pubs affichés sur les deux sites. En effet, ZT et DLP étaient respectivement les 11e et 19e sites les plus consultés en France, selon les statistiques d’Alexa. « Les deux sites généraient 254 millions de pages vues tous les mois par 7,1 millions de visiteurs », précise la Sacem. On voit donc que le système de protection des liens n’avait pas seulement un rôle technique, mais permettait aussi d’augmenter les revenus publicitaires. Plutôt malin.

Les forces de l’ordre ont saisis des comptes offshore à Malte, Chypre et Bélize, des voitures de luxe et des résidences secondaires. Preuves d’un train de vie plutôt confortable. Mais pour les interpellés, la belle vie est probablement terminée. Ils risquent jusqu’à trois ans de prison et 300.000 euros d’amende pour contrefaçon. Si les charges de contrefaçon en bande organisée sont retenues, ces peines peuvent monter à 7 ans de prison et 750.000 euros d’amende.  

La Sacem nous confirme qu’elle ne compte pas poursuivre les millions d’utilisateurs de ces deux sites, même si – en théorie – elle le pourrait. En effet, le téléchargement d’œuvres protégées serait considéré comme du « recel ». « Notre principal objectif est d’arrêter ce commerce », explique l’association, avant de préciser que « d’autres plaintes sont en cours ». Les gendarmes ont encore du pain sur la planche.

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Gilbert KALLENBORN