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Yi M1, l’appareil photo hybride chinois qui s’attaque au monopole japonais

Fruit de la filiale « caméra » de Xiaomi, le YI M1 est le premier appareil photo hybride développé par une entreprise de l’Empire du milieu. Une arrivée qui détonne dans un milieu totalement dominé par le Japon.

La photokina 2016 a donné lieu à un déluge d’annonces de la part de tous les constructeurs d’appareil photo du monde… donc japonais. Ou presque : le chinois Yi Technologies (aussi appelé Xiao Yi,  « petite fourmi ») a annoncé son Yi M1, un boîtier hybride à optiques interchangeables au standard Micro 4/3, le même utilisé par Panasonic et Olympus (et Kodak pour son unique boîtier, le Pixpro S1). Equipé d’un capteur Sony de 20 Mpix, cette caméra détonne moins pour sa fiche technique que pour sa nation d’origine, la Chine.

À lire : Photokina 2016 : le meilleur des annonces du plus grand salon photo au monde

A l’exception notable de Leica, vénérable marque allemande, il n’existe aucune autre marque majeure de la photo hors de l’archipel nippon – Samsung a jeté l’éponge et le suédois Hasselblad sous-traite la production de ses boîtiers aux japonais. On trouve bien des concepteurs d’optiques en Corée et même en Europe, mais si vous vous rendez dans un magasin d’électronique ou un spécialiste de photographie, 99,9% des boîtiers sont développés au Japon, même si une grande partie de la production est désormais répartie entre la Chine, la Thaïlande ou les Philippines.  

Yi M1, boîtier épuré à l’ADN de smartphone

Le M1 n’est pas un monstre de technologie et ne repousse pas les limites connues – pas de rafale de folie, pas d’autofocus de combat. Il n’empêche que la fiche technique est loin d’être obsolète : équipé d’un processeur Sony IMX269 de 20 Mpix, le M1 tourne en vidéo 4K/30p ce que nombre de boîtiers japonais ne font toujours pas et il s’appuie sur le savoir-faire dans les smartphones de la maison-mère (lire plus bas) puisqu’il est compatible Wi-Fi / Bluetooth et dispose d’une interface entièrement tactile à l’image ce que Leica a déjà proposé avec son Leica T. Le parallèle avec la marque allemande n’est pas vain car le design épuré de ce boîtier de 280 g (boîtier nu plus batterie) n’est pas sans rappeler certains boîtiers germaniques. Et ce n’est pas le rouge du logo de Yi qui va dissiper cette impression de déjà-vu…

Yi, filiale de Xiaomi

Le M1 est le fruit de Yi Technologies, une filiale du constructeur de smartphones chinois Xiaomi. L’entreprise qui pèse lourd en Chine a lancé il y a deux ans sa caméra d’action et développe ses activités dans les caméras de surveillance et les drones. Xiaomi a insufflé à son M1 une partie de son savoir-faire dans le domaine des smartphone en développant une interface 100% tactile (hors molette de sélection de mode) et une application smartphone de guide de prise de vue.

L’arrivée de Xiaomi sur le marché de la photo, segment en perte de vitesse et ultra compétitif, est une surprise car aux difficultés commerciales s’ajoutent des défis techniques… et juridiques. D’une part le nombre de savoir-faire que représente la photographie numérique est énorme – développement d’optiques, traitement de l’image, conception ou maîtrise des capteurs, processeurs – mais, en plus, nombre de brevets, notamment liés à l’autofocus, sont verrouillés par les géants japonais. Un verrouillage que l’on ressent à la lecture des fiches techniques.

Stabilisation absente ?

Yi Technology a développé (ou fait développé, on ne sait jamais dans le monde de la photo) deux optiques pour le lancement : un zoom généraliste 12-40 mm f/3.5-5.6 (équivalent 24-80 mm) et un 42.5 mm f/1.8. Un équivalent 85 mm (téléobjectif à portrait) qui dispose d’un mode macro. Deux optiques au lancement c’est peu, mais le boîtier est au standard Micro 4/3 et peut donc profiter de plus de 50 optiques compatibles (Olympus, Panasonic, Sigma, Kodak JK Imaging, Voigtländer, etc.).

Quand on a peu de références, autant s’appuyer sur les parcs optiques déjà disponibles. Ici, le lineup complet des optiques Olympus Micro 4/3 et 4/3 (compatibles avec un adaptateur).

Le hic c’est que ni le boîtier ni aucune des deux optiques se semble stabilisé, un très gros défaut qui avait coûté cher au Leica T lorsque nous l’avions testé. Les technologies de stabilisation du capteur de même que celles de stabilisation des lentilles sont soumises à de nombreux brevets et Sigma, pourtant japonais, a dû par le passé payer une amende à Nikon pour violation de brevet. L’absence, sur les fiches techniques, d’un dispositif de stabilisation du Yi M1 est un cruel manque qui ne pourra être résolu que par de nouveaux brevets (pas facile), par la négociation avec les japonais (onéreux et pas forcément facile) ou par la violation de brevets.

Pas encore officialisé en Europe, le Yi M1 sera lancé en Chine et aux USA le 12 octobre 2016. Au pays de l’oncle Sam, le M1 est à 499 dollars avec le zoom 12-40 mm f/3.5-5.6, à 599 € avec le 42.5 mm f/1.8 et à 699 dollars avec ces deux optiques. Selon plusieurs informations concordantes, les prix seraient bien inférieurs en Chine, ce qui fait saliver de nombreux amateurs de boîtiers Micro 4.3.

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