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Yahoo! sermonné par le congrès américain pour avoir aidé à l’arrestation d’un Chinois

La société avait permis l’identification d’un opposant chinois. Son PDG s’est expliqué devant la Chambre des représentants.

‘ Sur le plan technologique et financier, vous êtes des géants, mais moralement vous êtes des pygmées. ‘ La critique s’adresse à Jerry Yang, PDG de Yahoo!, et à l’avocat de la société,
Michael Callahan. Les deux hommes ont été auditionnés pendant trois heures mardi 6 novembre par la commission des Affaires étrangères de la Chambre américaine des représentants à propos de l’aide apportée par Yahoo! à Pékin dans
l’identification d’un opposant chinois, arrêté depuis et incarcéré.Jerry Yang et Michael Callahan ont été couverts de critiques par des membres de la commission, républicains et démocrates, sur le cas de Shi Tao, un journaliste accusé par les autorités chinoises d’avoir dévoilé des secrets d’Etat et
condamné le 10 avril dernier à dix ans de prison. Le crime de Shi est d’avoir communiqué à des groupes de défense des droits de l’homme un message électronique du gouvernement chinois qui sommait les journalistes d’éviter de couvrir le
quinzième anniversaire des événements de 1989 sur la place Tiananmen, a expliqué Tom Lantos, élu démocrate de Californie.Jerry Yang a présenté ses excuses à la commission et à la famille de Shi, dont certains proches assistaient à l’audition. Il a déclaré que Yahoo! faisait tout son possible pour contribuer à la libération du journaliste. Le patron du
géant de l’Internet a dit à la commission que Yahoo! ne savait pas que les informations personnelles requises par le gouvernement chinois concernaient un opposant politique lorsque les données ont été communiquées par ses bureaux.
‘ Je ne crois pas que quiconque ait pensé faire quelque chose de préjudiciable ‘, a ajouté Jerry Yang.

Un projet de loi interdisant certaines formes de coopération

Michael Callahan a affirmé que Yahoo! étudiait les possibilités de structuration de ses activités à l’étranger, pour éviter à l’avenir que des données ne tombent aux mains de régimes répressifs. Jerry Yang a ajouté qu’il croyait
toujours aux bienfaits d’une politique de bonnes relations avec la Chine et que malgré les restrictions, Internet permettait aux Chinois d’être plus informés.Il a refusé de soutenir le texte de loi à l’étude au sein de la Chambre des représentants qui voudrait interdire aux entreprises Internet américaines de coopérer avec les autorités de certains pays et de communiquer des données
personnelles à des gouvernements qui les utiliseraient pour s’attaquer aux opposants. Le texte prévoit la possibilité de poursuites fédérales en cas de divulgation inappropriée d’informations.Les deux représentants de Yahoo! ont refusé de s’engager à dédommager financièrement la famille de Shi malgré les demandes de membres du comité en ce sens. Michael Callahan a déclaré qu’il était compliqué de s’engager plus avant dans le
soutien apporté aux proches de l’opposant. Il a cité un exemple de dissident qui avait fait l’objet de représailles de la part du gouvernement chinois après avoir reçu l’expression d’un soutien des Etats-Unis.Les membres de la commission, visiblement mécontents des réponses apportées, ont demandé pourquoi personne au sein de Yahoo! n’avait été licencié après l’incident. Ils ont également accusé Michael Callahan d’avoir communiqué des
informations fallacieuses lors d’une audition en février de l’année dernière devant cette même commission. Il avait déclaré qu’il n’avait pas connaissance de la nature politique de l’enquête des autorités chinoises sur Shi. L’avocat a dit qu’il
avait découvert plus tard en 2006 que l’affaire concernait des ‘ secrets d’Etat ‘ mais qu’il n’avait toujours pas conscience à cette époque de l’aspect politique et qu’il n’en avait donc pas informé immédiatement la
commission.‘ Sachant ce que je sais aujourd’hui sur le quiproquo et les problèmes qui en ont découlé, je regrette profondément de ne pas avoir pensé à vous en informer ‘, a dit Michael Callahan dans
une déclaration rédigée à l’avance. Une réponse qui n’a pas réussi à éveiller une quelconque sympathie de la part des membres de la commission. ‘ Une personne raisonnable recevant un tel ordre devrait immédiatement comprendre
que le cas concerne un opposant politique ou religieux ‘,
s’est agacé Tom Lantos.

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La rédaction (avec Reuters)