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Xbox, le pari risqué de Microsoft

Le challenger Microsoft entend se faire une place dans l’univers des consoles de jeu aux dépens de Nintendo et de Sony. Un pari financier risqué selon les analystes pour un enjeu astronomique qui se compte en dizaines de milliards de dollars.

Dans l’univers des Pokemon, Sacha, l’apprenti dresseur, affronte les maîtres pour devenir le meilleur. Le jeu-concept se décline désormais dans la réalité. Microsoft, numéro un mondial du secteur des logiciels, descend dans l’arène des consoles de jeu pour se mesurer aux deux maîtres japonais, jusqu’alors incontestés, Nintendo et Sony. L’enjeu est de taille : la suprématie sur un marché estimé aujourd’hui entre 16 et 20 milliards de dollars, et qui devrait doubler en deux ou trois ans.La nuit de mercredi à jeudi dernier, Bill Gates et Toys’R’Us avaient donné rendez-vous aux amateurs de jeux vidéo dans Times Square, à New York, pour le lancement officiel de la Xbox. Deux autres événements médiatiques étaient organisés à Redmond (fief de Microsoft) et à San Francisco. Si l’adversaire Sony est déjà bien en place avec sa console PlayStation 2, il faudra attendre dimanche prochain pour découvrir la GameCube de Nintendo.

Ventes à perte sur les consoles

” Entre le 15 novembre et le 31 décembre, soit un mois et demi incluant la période des fêtes de Noël, nous escomptons vendre entre 1 et 1,5 million de consoles aux Etats-Unis “, déclare Pierre Bichelot, directeur marketing Xbox de Microsoft France. Et, de fait, le géant du logiciel n’a pas le choix. Le pari est d’autant plus risqué que Microsoft arrive en position de challenger, sans aucun historique dans cet univers, à l’exception de quelques jeux pour PC.S’ils tablent sur des ventes exceptionnelles, jusqu’à épuisement des stocks, aussi bien pour la GameCube que la Xbox, les analystes s’interrogent sur le risque financier pris par Microsoft. Selon une étude de la banque d’investissements Morgan Stanley, Microsoft pourrait perdre jusqu’à un milliard de dollars d’ici à 2004.Il ne faut d’ailleurs pas être devin pour s’apercevoir que 299 dollars (prix de la Xbox outre-Atlantique) est inférieur au cumul des pièces détachées qui composent la console. Sans contester aucunement cette analyse, Pierre Bichelot rétorque que ” le modèle économique de ce secteur veut que les coûts de fabrication et de recherche et développement de la console ne soient pas couvert par les ventes, du moins dans un premier temps. Sur le long terme et avec des marges plus élevées sur les jeux que sur le matériel, tous les constructeurs s’y retrouvent largement “.Cette explication est cohérente, car les analystes oublient un détail dans leurs calculs : la Xbox est une plate-forme définitivement figée. Le coût des composants diminue généralement au fil du temps de par les volumes produits et commandés et l’arrivée de nouvelles technologies. Dès lors, son coût de fabrication ne peut que se réduire. La Xbox utilisera pendant toute sa durée de commercialisation les mêmes composants (micro-processeur à 733 MHz, circuit graphique nVidia à 233 MHz, etc.). Cette caractéristique est impérative pour que les développeurs exploitent au mieux ses possibilités.Quel que soit le coût du matériel, les véritables acteurs du succès (ou de l’échec) de la ” boîte à DirectX ” seront les jeux vidéo. Hier, lors du lancement américain, le catalogue disponible se limitait à dix-neuf titres. Il devra s’enrichir rapidement pour faire face à la concurrence des plus de 250 jeux compatibles avec la PlayStation 2. Outre un studio de développement interne, Microsoft devrait disposer de l’appui de tous les grands éditeurs, dont l’intérêt est d’être multiplate-forme.

Disponibilité et guerre des prix

Si rares sont ceux qui ont pu comparer les performances de la Xbox et de la GameCube, nombreux sont ceux qui débattent du prix de vente et des quantités disponibles. Nintendo prévoit de mettre en circulation 700 000 exemplaires de sa console pour son lancement. Microsoft avait, tout d’abord, annoncé 600 000 pour revenir sur 300 000 pièces. Un revirement qui pourrait s’expliquer par les difficultés de Flextronics, à qui Microsoft a confié la fabrication des consoles.Pierre Bichelot dément catégoriquement : ” Effectivement, l’assemblage de la Xbox a été confié au groupe Flextronics, leader mondial de la sous-traitance. Notre partenaire a investi massivement dans ce projet qui se révèle, pour lui, dans la durée et le volume, un contrat majeur. Aujourd’hui, son usine au Mexique produit 100 000 Xbox par semaine pour alimenter le marché américain. Très rapidement, une seconde unité d’assemblage, située en Hongrie, livrera 100 000 autres pièces de manière hebdomadaire.”Le calendrier de production sera donc tenu, clame-t-on chez Microsoft. ” En Europe, nous comptons livrer et vendre 1,5 million de Xbox entre le 14 mars 2002, date du lancement sur le Vieux Continent, et le 30 juin “, précise Pierre Bichelot. ” Dans le passé, il fallait aux constructeurs de consoles entre douze et dix-huit mois pour qu’un produit sorti au japon soit disponible aux Etats-Unis et en Europe. Nous allons réduire cette durée à quatre mois seulement “, conclut Pierre BichelotQuant à la guerre des prix, le débat doit être éclairé par plusieurs précisions. Aux Etats-Unis, la GameCube, de Nintendo, est commercialisée au prix moyen de 199 dollars ; la Xbox coûte environ 299 dollars (335 euros). Dans les deux cas, il s’agit d’un prix établi par le revendeur, sans les taxes qui, rappelons-le, sont différentes d’un Etat à un autre. En Europe, la Xbox sera vendue 479 euros ttc (426 dollars).Hormis les taxes des Etats américains, la différence de prix s’explique également par les coûts inhérents à la localisation (quinze langues en Europe) et les différences dans le circuit de distribution (plus dune centaines de grossistes contre seulement cinq ou six outre-Atlantique). Enfin, la marge de la distribution en Europe est supérieure de 10 % à celle constatée aux Etats-Unis.

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Augustin Garcia