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Xbouillon

Les résultats des ventes de la Xbox prouvent, s’il en était encore besoin, que le succès n’est pas (toujours) proportionnel au battage médiatique.

Tout avait été soigneusement orchestré. Une rumeur d’abord : Microsoft aurait un projet secret de console de jeux. Puis un mystérieux nom de code, Xbox, qui entretenait un fantasme que ne suffisaient pas à ternir des démentis un peu mous. Jusqu’à ce que Bill Gates, en personne, confirme. Alors les informations filtrèrent au compte-gouttes pour entretenir le suspense. Le logo, le design, les caractéristiques techniques, les jeux, les éditeurs : petit à petit les pièces du puzzle s’assemblaient.Dans le même temps, Microsoft jouait à la guerre avec Sony et sa PlayStation 2. Une bonne petite rivalité, rien de mieux pour attiser l’impatience. La date approchait, des spots de publicité agressifs tentaient de capter les derniers indécis, car c’était sûr : on allait s’arracher la Xbox.Tout avait été soigneusement orchestré, mais tout ne s’est pas déroulé comme prévu. L’engouement attendu n’aura finalement tenu que quelques semaines… et aux Etats-Unis seulement. En Europe et au Japon, les consommateurs ont boudé, les uns refroidis par le prix de l’engin, les autres par sa taille, et tous par son catalogue de jeux un peu chiche.Microsoft dévoile peu de chiffres, mais on évoque un total de ventes inférieur de 40 % aux prévisions, tandis que la rapide et brutale baisse de prix, décidée pour l’Europe, accrédite l’idée d’un démarrage plus que laborieux. On ne parle pas encore d’échec ?” il ne s’agit pas d’une noyade et rien n’est encore irrémédiable ?”, mais à coup sûr la Xbox boit la tasse.Tout avait été soigneusement orchestré, et même un peu trop. Comme ces films dont on voit cinquante fois des bandes annonces avant leur sortie, on s’est lassé de la Xbox avant sa mise en vente. A vouloir faire toujours un peu plus gonfler le soufflé, on fini par le déballonner. A trop jouer la mode, le marketing jeune, Microsoft a oublié que les joueurs pouvaient aussi réfléchir et surtout compter.Qu’est-ce qui justifiait un tel prix ? A quoi allait servir le disque dur ? Quel jeu du catalogue Xbox pouvait à lui seul justifier l’achat de l’engin ? Pourquoi payer plus cher pour un lecteur de DVD qui n’est plus un différentiateur (la PlayStation 2 en possède aussi un et surtout entre la conception de la Xbox et son lancement, la perception de cet attribut par le consommateur s’est considérablement modifiée) ? Autant de questions auxquelles Microsoft n’a pas répondu. Trop grosse, trop chère, trop sophistiquée, l’offre Xbox était surdimensionnée.Demain, sort en Europe la GameCube, de Nintendo : sans disque dur, ni lecteur de DVD, petite et colorée, économique relativement à ses rivales, lancée sans grand battage médiatique. L’accueil qui lui sera réservé pourrait bien souligner les vraies attentes du public.Microsoft les avait pourtant presque comprises : ” Play more “, dit son slogan. Jouer plus, oui, mais pas à nimporte quel prix !* Rédacteur à 01 InformatiqueProchaine chronique jeudi 16 mai

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Jean-Baptiste Dupin*