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WorldCom révise la fraude à la hausse

En faillite, le géant américain des télécoms vient d’alourdir la note de ses irrégularités comptables. Les manipulations douteuses des finances de WorldCom dépassent désormais les 7 milliards de dollars.

C’est en pleine nuit que John Sidgmore, le CEO de WorldCom, a envoyé un e-mail à tous ses employés révélant la découverte d’une nouvelle fraude comptable. Peut-être, en envoyant ce message à une heure aussi indue, espérait-il les convaincre de sa propre surprise…Le message du CEO dévoile en effet la mise à jour de 3,3 milliards de dollars irrégulièrement reportés dans les bénéfices opérationnels pour les exercices de 1999 à 2001, ainsi qu’au premier trimestre 2002. Et John Sigdmore de commenter dans sa missive nocturne aux employés :
Je suis très déçu par cette découverte et certain que vous devez l’être également.”Cette somme, découverte à la lueur d’un audit interne encadré par le cabinet KPMG, vient s’ajouter aux 3,85 milliards de dollars fictifs comptabilisés dans les investissements à long terme en 2001 et 2002. Sur le montant de la fraude reconnue ?” 7,1 milliards de dollars, jusqu’à présent ?”, la Securities and Exchange Commission (SEC) s’intéresse particulièrement à la perte de 1,22 milliard dissimulée par l’opérateur depuis le début de l’année 2001.

D’autres découvertes sont possibles

John Sidgmore, le remplaçant de Bernie Ebbers, forcé à la démission fin avril pour une sombre affaire de prêt, a décidé de jouer la carte de la transparence. Aujourd’hui, il révèle les 3,3 milliards de fraude et anticipe d’éventuelles difficultés à venir.
Il est fort possible que nous trouvions d’autres entrées [comptables] contestables
“, prévient-il.La position de WorldCom, placé sous la protection de la loi sur les faillites depuis le 21 juillet, autorise John Sidgmore à effectuer ce grand ménage.
Nous nous sommes engagés à découvrir toutes les irrégularités et ce, rapidement “, écrit-il dans son e-mail.Pour autant, le CEO souhaite préserver la crédibilité d’un groupe qui véhicule la moitié du trafic Internet mondial dans ses infrastructures réseaux.
Nous sommes simplement en train de corriger les mauvaises déclarations du passé
, rassure-t-il.

Cela n’a aucun impact sur notre trésorerie.Et pour cause, puisque, étant en faillite, WorldCom n’est plus engagé par ce genre de manipulation. L’opérateur en profite, d’aillleurs, pour effectuer un ajustement de ses actifs. Il a ainsi divisé pas deux le montant des actifs portés à son bilan, soit 50,6 milliards de dollars de dépréciation. WorldCom, qui pesait précédemment quelque 107 milliards de dollars, rejoint AOL Time Warner (54 milliards de dollars de survaleurs) en tête des firmes les plus dépréciées.

Mais à qui profite le ” crime “?

Après le grand coup de balai, il faudra bien trouver des coupables. Depuis une semaine, l’ex-directeur financier, Scott Sullivan, et l’ancien contrôleur des finances, David Myers, dorment en prison. Et d’autres poursuites pénales ne sont pas à écarter. Elles pourraient mettre en cause l’ancien dirigeant de WorldCom, Bernie Ebbers.Des consultants de l’ex-cabinet d’audit Andersen, au service de l’opérateur jusqu’en mai 2002, pourraient également être inquiétés, comme d’autres professionnels de la finance ou conseillers juridiques au courant des pratiques frauduleuses de l’opérateur.WorldCom semble payer la facture du système de ” lissage ” des comptes, couramment utilisé durant les années 90. Le géant américain des télécoms est désormais mis au défi de se relever.Tout se jouera sur la capacité de John Sidgmore à ne pas perdre sa crédibilité dans le grand ménage des comptes qu’il avait lui-même approuvés en tant que vice-président et fondateur de WorldCom.

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Geoffrey Bansard