En moins d’une semaine, la société WorldCom est passée du statut d’entreprise modèle des télécoms à celui de canard boiteux du capitalisme américain.La semaine dernière, l’opérateur de télécoms américain a reconnu avoir maquillé ses comptes afin de masquer des dépenses de presque 4 milliards de dollars ! Depuis, chaque conférence de presse tenue par John Sidgmore est un acte de contrition, et les mises en demeure de créanciers ou d’actionnaires s’accumulent sur son bureau de PDG de WorldCom.WorldCom a reconnu hier être en défaut de paiement sur une partie de sa dette. Ses créanciers ont annulé un programme de titrisation des créances du groupe pour un montant de 1,5 milliard de dollars.Conséquence : WorldCom ne peut plus utiliser deux lignes de crédits de respectivement 1,6 et 2 milliards de dollars, précédemment consenties par des banques. Au total, la dette de WorldCom dépasse les 30 milliards de dollars !Assurant qu’il a suffisamment de trésorerie pour couvrir ses besoins immédiats, le Pdg de WorldCom espère obtenir de nouveaux fonds afin de restructurer son entreprise et reprendre le paiement de sa dette. WorldCom serait à la recherche de 5 milliards de dollars, qui lui permettraient de remplacer ses lignes de crédits annulées et de bénéficier d’environ 1 milliard de dollars supplémentaires, selon Reuters.
Faillite et liquidation ou vente d’actifs ?
Le destin de WorldCom est désormais aux mains de ses créanciers. En effet, après le défaut de paiement, les banques peuvent exiger de WorldCom un paiement immédiat de sa dette, forçant l’entreprise à la faillite et à la liquidation.Autre solution, les créanciers de WorldCom peuvent contraindre l’entreprise à revendre certains actifs. Une première proposition, émanant de la société de télécommunications IDT, a atterri sur le bureau de John Sidgmore. IDT offre 5 milliards de dollars pour racheter MFS Network et Brooks Fiber (filiales de téléphonie locale pour entreprises) ainsi que MCI (services de télécommunications longue distance).Du côté juridique, WorldCom doit faire face aux investigations de la SEC (Security and Exchange Commission), le gendarme américain des opérations de Bourse, et aux plaintes déposées par des actionnaires mécontents.Commentant le mémo envoyé par WorldCom pour expliquer ses irrégularités comptables, le président de la SEC a décrit le document comme “médiocre et incomplet “. Cela “dénote un manque d’engagement à tout révéler aux investisseurs et un manque de coopération avec la SEC “, a ajouté Harvey Pitt.Pire, la SEC a annoncé qu’elle auditerait également les comptes des années 1999 et 2000, au cours desquelles des opérations suspectes ont eu lieu. Jusqu’à présent, seuls les comptes de l’année 2001 et du premier trimestre 2002 étaient reconnus comme faux par WorldCom.Une plainte d’actionnaires ?” class action ?” a été enregistrée dans l’état du Mississippi contre WorldCom. Ils estiment avoir payé trop cher les actions de l’opérateur de télécommunications parce que les informations financières fournies par la société étaient fausse.De même, un fonds de pension de l’état de New York, qui a perdu 300 millions de dollars à la suite du scandale comptable, poursuit des dirigeants de WorldCom ainsi que le cabinet d’audit Andersen, chargé de contrôler les comptes de l’opérateur.Enfin, le marché boursier Nasdaq devrait radier l’opérateur de sa cote vendredi prochain. Le PDG de WorldCom a sollicité une audience auprès des autorités boursières pour éviter à sa société de disparaître du paysage financier américain…
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