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Wii U : à quoi joue Nintendo avec sa nouvelle console de salon ?

Le constructeur japonais a annoncé la semaine dernière la sortie de sa nouvelle console le 30 novembre prochain en Europe, en deux modèles différents. L’occasion de faire un point.

Loin du minimalisme de la Wii à sa sortie – un pack, un prix –, la Wii U montre surtout le subtil virage du constructeur. Décryptage en cinq questions… et leurs réponses.

Pourquoi deux modèles ?

En proposant un pack « Basic » à 299 euros et un autre « Deluxe » à 349 euros environ, Nintendo n’est pas réellement en train de donner le choix aux joueurs. Contrairement à la Wii à sa sortie, qui était proposée dans un pack « tout compris », il ne sera pas possible de jouer à la Wii U à moins de 300 euros. Et pour cause : le pack « Basic », outre qu’il intègre 8 Go au lieu de 32 Go, est surtout dépourvu de… jeux ! Pour le coup, il fait surtout office de prix d’appel. Il est là pour montrer que la remplaçante de la Wii est proposée à un prix relativement accessible. Certes, mais toute nue…


Deux configurations pour une console de salon, une première chez Nintendo.

Pourquoi les accessoires coûtent-ils si chers ?

Plus de 50 euros pour une manette classique, environ 150 euros pour un second GamePad (la manette-tablette)… Au moment de passer à la caisse, la Wii U risque de faire mal au porte-monnaie des joueurs amasseurs de manettes. Malheureusement, ce n’est pas une nouveauté : déjà sur Wii, Nintendo proposait le couple Wiimote et extension à près de cinquante euros.

L’expérience de la 3DS XL, lancée cet été, a montré au constructeur que les clients n’étaient pas réticents à dépenser quelques euros de plus pour s’équiper. Sur Amazon, le chargeur de la XL, uniquement vendu à part, fait partie des meilleures ventes du secteur jeu vidéo du site ! Plus que la console elle-même, sur laquelle Nintendo devrait faire très peu, voire aucune marge, les accessoires seront l’une des mannes de la société.


Berceau pour supporter le GamePad, manette supplémentaire, Nintendo multiplie les accessoires.

Un deuxième Wii U GamePad, pourquoi faire ?

Pour jouer à deux, pourrait-on croire. Nintendo a mis le temps pour officialiser la possibilité de jouer à la Wii U en utilisant deux tablettes. D’abord pour des raisons techniques : la manœuvre impose la gestion d’un flux vidéo supplémentaire à la machine, ce qui n’a rien d’évident. Mais surtout pour des raisons économiques : en dehors de la console elle-même, la « mablette » est l’accessoire le plus coûteux à produire pour Nintendo, et son prix de vente le reflète. Mais en raison même de son prix, il faut s’attendre à ce que la majorité des joueurs en fassent l’économie, et donc, que peu de jeux prennent le risque de gérer deux mablettes à la fois. Ce qui, cercle vicieux, rendrait son achat encore moins indispensable…


La Wii U pourra finalement utiliser deux manettes à écran tactile simultanément…

Un pack avec Zombi U, vraiment ?

En Europe, le jeu d’horreur d’Ubisoft aura l’honneur d’un pack dédié – le premier du genre pour un éditeur tiers. Le choix de ce titre ne doit rien au hasard. Et d’un, il est exclusif à la console, et peut donc faire figure d’ambassadeur, au contraire de Fifa 13 ou de Mass Effect 3. Et de deux, il ne fait pas concurrence à un jeu Nintendo, contrairement à Rayman Legends, jeu de plates-formes qui empiète délibérément sur les plates-bandes de New Super Mario Bros U. Enfin, il s’adresse naturellement à un public plus adulte et plus masculin, que Nintendo a en partie perdu sur Wii et souhaite reconquérir. Objectif : rallier un maximum de gamers entre fin 2012 et fin 2013, afin d’entamer Noël 2013 avec un confortable matelas d’avance sur les prochaines consoles Microsoft et Sony. D’ailleurs, le pack Zombi U intègre un pad « Pro » (équivalent aux manettes standard)… alors que Zombi U se joue à la tablette !


Zombi U, d’Ubisoft.

Wii en 2006, Wii U en 2012, même combat ?

Pas tout à fait. Si les deux consoles portent (en partie) le même nom, leur positionnement est en réalité assez différent. Tout d’abord, la Wii était une console low-cost. Ce n’est pas le cas de la Wii U, qui est la plus chère de l’histoire de Nintendo – moins en raison de sa puissance que de sa tablette. Par ailleurs, le marché a beaucoup changé. En 2006, Nintendo passait encore pour l’initiateur de la démocratisation du jeu vidéo. Aujourd’hui, le marché est éclaté en une myriade de plates-formes et de manières de consommer, et dans ce contexte, Nintendo se recentre sur les 10-30 ans, en s’appuyant sur son catalogue et son univers unique.

D’ailleurs, comme un pied de nez aux analystes qui juraient que Nintendo n’avait d’autre solution que de développer des Mario et des Zelda sur iPhone, les deux jeux phares de la console, Nintendo Land et New Super Mario Bros U, sont un hommage à l’univers du constructeur.

Enfin, la firme de Kyoto a perdu en route beaucoup de joueurs assidus, et cherchera à les reconquérir avec des jeux éditeurs-tiers clairement orientés gamers. Bayonetta 2, dont Nintendo a acheté les droits et l’exclusivité définitive, en est un signe fort. Il est vrai qu’à 349 euros la console, mieux vaut ne pas se mettre à dos les passionnés.


Logo de Bayonetta 2, en exclusivité sur Wii U.

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Jean-Marc Aubry