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Wi-Fi en France : polémique sur la puissance

Deux semaines après la publication par l’ART de ses directives relatives aux réseaux Wi-Fi, les avis divergent quant à la portée de ” l’assouplisssement ” dont il est officiellement question. Au c?”ur des débats, la puissance maximale autorisée en émission.

Dans le monde associatif, et plus généralement parmi les adeptes du Wi-Fi libre, on reconnaît volontiers que le texte de l’ART (Autorité de régulation des télécommunications) a ouvert la voie de la libéralisation. “Nous allons vers un assouplissement pour s’aligner sur le reste du monde et notamment sur la norme européenne “, estime Marc Revial, de Wireless.Fr.Malgré cela, les modalités pratiques prévues par l’ART semblent insuffisantes à bon nombre de Wi-Fistes. Selon ces directives, et après acceptation des demandes d’expérimentation, la puissance d’émission sera limitée à 100 mW.Pour l’ART, cette limitation ne s’applique pas à la puissance nominale de l’antenne, mais à la Puissance isotrope rayonnée équivalente (Pire) de l’ensemble du dispositif d’émission, ce qui est beaucoup plus restrictif. Concrètement, une antenne de 100 mW, de puissance nominale, dépasserait largement le plafond fixé par l’ART.En pratique, cette mesure limite la portée des émetteurs Wi-Fi à moins de 100 mètres. “Cela interdit quasiment la création des MAN [réseaux métropolitains, NDLR] qui est le but de notre association. Cette limite est surtout favorable aux hotspots, donc aux opérateurs “, regrette Marc Revial.” Cela rend totalement impossible le déploiement d’un réseau communautaire libre “, estime Stanislas Perrin, un radioamateur qui anime une liste de diffusion sur le sujet.

Les Wi-Fistes ne perdent pas espoir

Toutefois, si dans les forums on parle ” d’hypocrisie “ ou de ” fausse libéralisation “, tous les Wi-Fistes ne se découragent pas. Provence Wireless, l’association à l’origine de l’une des premières expérimentations Wi-Fi en France, au printemps dernier, entend bien ” rebrancher son installation ” dès que sa demande d’expérimentation aura été acceptée. ” Notre puissance nominale sera en fait de 33 mW et avec les antennes que nous utiliserons, nous ne dépasserons pas les 100 mW en puissance totale “, précise Guy Karaghiosian.Du reste, les associations locales entendent bien tenter leur chance et, sans savoir encore si la limite de puissance sera une contrainte ou non, effectuer leur demande d’expérimentation. A Metz, un dossier a été envoyé à la mairie. A Toulouse, on prépare une lettre destinée aux fournisseurs d’accès Internet, et des ” actions de communication auprès des médias “. Des communiqués officiels, défendant le point de vue commun des associations sur le sujet, sont à l’étude.

L’armée menacée de brouillage ?

Reste à savoir ce qui justifie réellement la limitation de puissance fixée par l’ART. La possibilité de brouillage des radars militaires par du matériel Wi-Fi est souvent évoquée. Pourtant, les spécialistes sont dubitatifs sur la question.” Un émetteur Wi-Fi ne peut notablement pas brouiller un radar de tracking militaire, qui fonctionne à des puissances beaucoup plus élevées “, explique Pierre-Emmanuel Volckringer, spécialiste des radars, ajoutant toutefois ” qu’à proximité d’un récepteur, une émission radio, même de faible niveau, génère un champ électromagnétique pouvant limiter la portée du radar “.Plus virulent, Stanislas Perrin s’interroge sur le cas particulier Wi-Fi, qui semble susciter des craintes injustifiées en matière de brouillage : “Les radioamateurs sont autorisés à utiliser 150 watts [sortie émetteur, ce qui peut faire jusqu’à 15 kilowatts de Pire, avec une antenne], sur les mêmes fréquences. Et on veut nous faire croire que 100 milliwatts de Pire pourraient gêner les équipements sensibles de la défense ? On nous prend vraiment pour des idiots…”

L’Europe plus restrictive que les Etats-Unis

En tout état de cause, beaucoup souhaitent que cette limitation soit revue à la hausse. “Nous espérons dans un avenir proche un assouplissement vers la limite des 500 mW “, résume Marc Revial.A l’ART, on précise que la limite d’émission à 100 mW “a été fixée dans les décisions européennes “, tout en notant “qu’une évolution de ces normes doit faire l’objet de discussions dans le cadre de la CEPT [Conférence européenne des administrations des postes et des télécommunications] “.Aux Etats-Unis, la puissance maximale d’émission est fixée à 1000 mW. Dix fois plus qu’en France !

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Cyril Fievet