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Welcome dans la vie.com, Mr Good !

 En Angleterre, on garde l’étiquette, mais on change le flacon ; en France, vous gardez le flacon et vous changez l’étiquette. 

Cette citation est tiré de l’Histoire de l’Angleterre
, d’André Maurois qui avait demandé à un Anglais connaissant bien la France, comment il caractérisait les différences entre l’esprit anglais et l’esprit français. L’observation date de plus de cinquante ans, mais elle reste plus que jamais d’actualité. Dernière preuve en date, le récent ” changement d’identité ” de France Télécom, qui devient ” france telecom ” (sans majuscule et sans accent) et adopte le slogan : “Bienvenue dans la vie.com”.Mais pour autant, suffit-il de changer la graphie d’un nom, de trouver un slogan, un logo, pour prouver que l’on a réellement changé ? Certes, France Télécom n’est plus le même qu’il y a dix ans, mais s’il a évolué, c’est bien sous la pression de l’ouverture des marchés, et souvent tardivement et à contrec?”ur. C’est ainsi qu’il a longtemps boudé… Internet. Du coup, on a l’impression que, comme les nouveaux convertis, il veut en faire plus que les autres pour faire oublier sa tiédeur initiale. On change donc l’étiquette.Mais on se demande bien à qui cette ” nouvelle identité ” s’adresse. Aux Français ? Aucun n’ignore France Télécom. Et apparemment, ils reconnaissent les compétences de l’opérateur dans le monde Internet, puisque Michel Bon, le président, a, lors de la présentation des résultats annuels, affirmé que France Télécom caracole en tête de classement, avec Wanadoo (plus de 100 % de croissance) et ses portails généralistes ou spécialisés. Quant à ceux qui n’ont pas encore adopté le Net, et en sont encore à l’ère du Minitel, seront-ils séduits par cette américanomanie ?Car, à n’en pas douter, ce massacre gratuit de notre langue n’a d’autre but que de séduire les Anglo-Saxons. Mais alors, il aurait fallu aller plus loin : que peut bien leur inspirer ” Bienvenue dans la vie.com ” ? Un slogan en français ! Quelle horreur ! Autant être logique et choisir une phrase dans la langue d’Hemingway.Cette entreprise reste toutefois dirigée par un Français. Difficile, en effet, de faire autrement. Son président aurait cependant pû faire un effort et, pour donner lillusion, changer son nom ?” Michel Bon ?” en Michael Good.Chronique parue le 30 mars

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Jean-Pierre Soulès, grand reporter