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WebTV : pas de salut hors les chaînes nationales

Alors que Canaweb dépose son bilan, les chaînes classiques cherchent leur modèle en ligne.

Le 8 août, les actionnaires de Canalweb demandaient à Jacques Rosselin, le président-fondateur, de trouver un repreneur. Trois mois après, le 8 octobre à 11 heures, le tribunal de commerce de Paris statuera sur le sort de la plus emblématique des web TV.Trois scenarios sont possibles. Soit Jacques Rosselin trouve un repreneur et un financement, ce qui lui permet de tenir pendant la période d’observation (un mois a priori), soit l’administrateur ordonne un plan de redressement par cession, soit… la liquidation est prononcée.

L’assèchement des coûts

Pour l’heure, au siège de l’entreprise, on distribue le business plan ?” Le Nouvel Hebdo se l’est procuré ?” à tous les investisseurs susceptibles de redresser la barre. En l’espèce, amener du cash. Selon ce document, la web TV diffuse chaque mois en moyenne 310 000 vidéos ; elle revendique 62 000 ” télénautes ” uniques, restant en moyenne 20 minutes en ligne, et quelque 130 000 visiteurs uniques.Le plan d’assèchement des coûts a été drastique. Les dépenses ont été ramenées à moins de 300 000 euros (1,97 million de francs) par mois. Ainsi, en septembre, la start-up a dépensé 288 000 euros pour un volume d’affaires de 150 000 euros, dont 40 % proviennent de son activité de prestataire de services webcast et autant de subventions. En 2000, à la même période, Canalweb brûlait plus d’un million d’euros mensuels.Pour le repreneur potentiel, les prévisions financières sont esquissées à deux ans. Sur l’exercice 2001-2002 (clos en septembre 2002), les frais de fonctionnement approcheraient 3,5 millions d’euros pour des recettes supérieures à 1,8 million d’euros. Sur l’exercice suivant, le volume d’affaires s’établirait, selon la société, à 3,1 millions d’euros pour des coûts proches des 3,8 millions. Passé l’exercice comptable, le point d’équilibre est donc repoussé à l’horizon 2004 au mieux. Dès lors, qui serait prêt à suivre Jacques Rosselin ?

Prospection inefficace

Personne“, confiait le patron du département nouveaux médias d’un groupe de communication hexagonal début septembre. Tous ont été approchés. D’Europe Online à Eutelsat pour les opérateurs satellitaires, de Vivendi à Lagardère pour les groupes de communication, sans oublier les fournisseurs d’accès internet (FAI). D’autres avant Canalweb avaient sonné aux portes. Clic Vision et Nouvo, entre autres.En vain. “ L’erreur avec l’internet à haut débit serait de reproduire le modèle télévisuel classique “, rappelle Yves Parfait, le PDG de Wanadoo Interactive. La tentation fut grande pour bon nombre de groupes, y compris l’émanation de France Telecom, qui devait lancer au printemps un bouquet de web TV via sa filiale audiovisuelle. Il n’en a rien été.En revanche, le portail haut débit de Wanadoo s’enrichit à compter de début octobre de six rubriques : cinéma, sport, voyage, musique, humour et mode. L’audiovisuel s’intègre dans les services, même si les internautes ne disposent pas de canaux télévisuels à proprement parler.

Les chaînes croient au net

Toujours dans le secteur des télécoms, la division internet d’Avenir Telecom a licencié en juin les effectifs de TV-Up, un bouquet doté d’un budget de 10,7 millions d’euros. Reste les chaînes de télévision traditionnelles qui semblent croire encore à l’audiovisuel sur internet. Il est vrai qu’elles disposent d’armes que n’ont pas les pure players.Ainsi, M6web a dégagé 6 millions d’euros de recettes sur le premier semestre 2001, principalement publicitaires, en s’appuyant sur la base d’annonceurs de M6. ” La petite chaîne qui monte ” entend jouer des synergies antenne-internet pour gonfler son audience, qui frôle 5 millions de visiteurs uniques (50 millions de pages vues). Ainsi, avec Fun TV, M6web a développé le ” Lab Zone “, un espace muni de onze caméras permettant de suivre en permanence les coulisses de la chaîne musicale, et d’en assurer la promotion.TF1, avec une offre pléthorique de vidéos à la demande, adopte une démarche proche de celle de M6. Nul doute que Star Academy, son émission phare de la rentrée, sera relayée sur internet. Côté service public, hormis la retransmission du JT, le webcasting sert ” principalement à relayer des opérations événementielles “, admet-on en interne.Pourtant, France Télévision compte bientôt mettre en ligne son portail Région. Il hébergera les sujets des antennes régionales et permettra aux internautes de choisir le contenu de leurs régions d’appartenance. Une réponse du service public au bouquet TV Web Région de Canalweb, en somme…

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Amaury Mestre de Laroque