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Weblogs : les nouveaux sites d’information ?

Le phénomène fait fureur chez les Anglo-saxons. Les weblogs, cette nouvelle génération de sites personnels, occasionnent parfois des fuites d’information qui dérangent les entreprises. Le phénomène débarque en France.

Plutôt minimalistes, à la limite du quick and dirty, les weblogs représentent la nouvelle tendance des sites personnels. Ceux-ci, contrairement aux sites classiques, ne traitent pas de sujets thématiques ou passionnels, ni même de la famille ou encore des loisirs. Ils sont une sorte de journal intime en ligne, où chacun (appelez-le blogger) livre ses réflexions.Si la plupart porte sur des sujets anodins, certains traitent de sujets techniques ou économiques, comme par exemple >StandBlog< sur lequel l'auteur, Tristan Nitot, aborde les standards du W3C, sa grande passion. La rumeur veut même que les salariés de Macromedia publient des weblogs, ce que réfute Sean A. Corfield, blogger du site corfield.org et Director of Architecture chez Macromedia.Il explique que sa démarche est personnelle. “J’ai créé mon weblog parce que Jeremy Allaire a suggéré à tous les membres inscrits dans la mailing list de CFGURU de répandre leur savoir via de tels sites.” Qu’on se le dise, les weblogs contiennent des informations techniques ou économiques utiles aux professionnels.Outre-Atlantique, certains cas de figure font d’ailleurs trembler les entreprises, tant les répercussions pourraient avoir des conséquences en Bourse. Comme lorsqu’un salarié démotivé livre ses frustrations à travailler dans une entreprise nommément citée, en détaillant des informations confidentielles, par exemple.

Des informations non contrôlées

Il ne faut tout de même pas perdre de vue que ces informations sont publiées sans aucune caution. Le ton reste assez cru, les remarques parfois pertinentes, mais rien n’en garantit la véracité. “Il faut être prudent, confirme Tristan Nitot. Il n’y a pas d’information vérifiée, de garantie de fiabilité, de personne morale pouvant être attaquée pour diffamation… Ce n’est pas du tout de la presse !”En outre, les contributions confinent au monologue ; les bloggers indiquent rarement une adresse e-mail pour les contacter. Quand l’incognito est de mise, l’internaute qui souhaite dialoguer avec un tel auteur doit créer son propre weblog et écrire au sujet de ce que l’on a pu lire sur les autres weblogs… Compliqué. Un forum conviendrait mieux aux échanges, mais ce n’est pas dans l’esprit de ces publications personnelles.“Certains weblogs permettent de réagir, précise Tristan Nitot, et ils deviennent des miniforums consacrés à un sujet. Leur existence reste limitée dans le temps, le miniforum disparaît une fois que le sujet est épuisé. Le problème d’un weblog est que ça prend énormément de temps dans l’écriture, notamment, sans compter l’inspiration. Mais gérer un forum se révèle encore plus lourd : il faut le modérer, supprimer des messages et répondre aux objections. Sur >standblog<, il n'existe pas d'interactivité, c'est un choix imposé."Dans ces conditions, le succès révélant la pertinence d’un weblog ne se justifie qu’à un seul paramètre, sa fréquentation. Un argument que relativise Nicolas Santos, webmaster de Memoclic. com : “Je suis toujours suspicieux car les statistiques peuvent facilement être gonflées artificiellement à l’aide d’outils téléchargeables librement sur le Net.”

Publier simplement du contenu

L’esprit du weblog ne tient finalement qu’à une chose : publier facilement du contenu. Sa création reste vraiment à la portée du plus grand nombre. Les outils se résument à une boîte de dialogue dans laquelle le blogger écrit son texte, accompagnée d’un bouton sur lequel il faut cliquer pour que la publication soit prise en charge automatiquement. On distingue facilement un weblog d’un site classique par l’austérité des pages HTML, d’où sont exclues les enluminures numériques.Ces outils de publication, dont la plupart prennent également en charge l’hébergement des contenus, sont aux antipodes des solutions de type Vignette ou Documentum. Sur le créneau, la référence historique reste Blogger ( blogger.com). L’engouement pour ces sites personnels a naturellement provoqué l’apparition de nombreux autres produits, dont la grande majorité est en anglais.Outre le problème de la langue, ces sites proposent de l’hébergement gratuit, ce qui se traduit par des lenteurs exaspérantes et de la publicité à tout va. Des versions professionnelles payantes sont en cours de déploiement, à l’image de Blogspot.

L’absence d’annuaire handicape la recherche

Une fois que l’on sait à quoi s’attendre, il reste à trouver l’information. Devant l’absence d’annuaires référençant les weblogs (annuaires sérieux s’entend), les moteurs de recherche se révèlent les plus pratiques pour repérer les sites ad hoc. Certes, il faut tâtonner en saisissant des mots clés relatifs à ses centres d’intérêt, accompagnés du mot “weblog” ou “blog”, mais le résultat en vaut parfois la chandelle.“Si l’écriture est longue, la lecture l’est encore plus, admet Tristan Nitot. Il n’y a pas de point d’entrée particulier. Personnellement, j’utilise le navigateur Mozilla dans lequel je “bookmarque” mes favoris. J’ouvre vingt fenêtres simultanément et j’en fais le tour en vingt minutes. Le problème survient lorsque je trouve une information ; là, il me faut une heure !”Il convient surtout de ne pas limiter sa recherche aux seuls weblogs français, la “blogosphère francophone“, comme l’appellent les bloggers. Si cette nouvelle génération de sites connaît un fort succès dans les pays anglo-saxons, la France semble avoir un train de retard en nombre de weblogs mis en ligne. Gageons que ce ne soit qu’une question de temps… et de plaisir d’écrire.

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Lionel Sarrès